Pervers narcissique : 8 raisons pour lesquelles tu restes sous emprise

Publié le 11/02/2023 par Solène V ,
Une relation avec un pervers narcissique est, par définition, toxique. Mais alors, pour quelles raisons restons-nous sous emprise, au lieu de s'en défaire ? Explications.
Pervers narcissique
Précedent
Suivant

Qu’est-ce qu’un(e) pervers(-se) narcissique ? Il s’agit d’un homme ou d’une femme qui établit une relation toxique, destructrice et d’emprise avec sa victime. C’est pourquoi il est important de toujours rester sur ses gardes, étant donné que ce type de relation est entièrement basée sur la manipulation. Les mécanismes sont bien souvent les mêmes : humiliation de la victime, violence physique et/ou verbale, dévalorisation, lien de subordination… des comportements qui empêchent la victime de partir et de fuir cette relation malsaine. Mais alors, pourquoi reste-t-on sous emprise, malgré la souffrance qu’elle génère ? C’est ce qu’a tenté d’expliquer Anne Clotilde Ziégler, psychothérapeute, dans son ouvrage Pourquoi suis-je resté.e. Elle livre quelques raisons pour lesquelles nous restons sous emprise, ainsi que des clés pour s’en sortir. Faisons le point.

La culpabilité

La première raison pour laquelle tu restes avec un(e) pervers(-se) narcissique est la culpabilité. En effet, la manipulation permet à ton prédateur de te faire croire que c’est toi qui as un problème. C’est ce qu’on appelle le gaslighting, à savoir une forme d’abus mental pour acquérir davantage de pouvoir dans la relation. Dans son livre, Anne Clotilde Ziégler explique : « La relation d’emprise avec un pervers narcissique comporte invariablement ces manipulations qui visent à faire douter la proie de sa santé mentale, un effort pour la rendre folle ». Cette culpabilité exacerbée et infondée ressentie par la victime va alors donner lieu à une certaine déstabilisation dans son esprit. Elle se dira alors : « c’est moi qui a un problème, je dois y remédier ». C’est pour cette raison qu’elle reste enfermée dans cette relation toxique et ne parvient pas à se défaire de cette emprise.

L’incompréhension de l’entourage

« L’entourage du couple, et plus spécifiquement de la proie, peut se révéler précieux lors de la sortie d’emprise de celle-ci, mais il peut aussi contribuer à l’y maintenir », explique la psychothérapeute. Pourquoi ? Bien souvent un(e) pervers(-se) narcissique aura tendance à isoler sa victime de ses proches. Qui peuvent d’ailleurs, ne pas poser de questions, par convenance ou politesse. Ainsi, si son entourage ne comprend pas ou ne s’intéresse pas à cette relation toxique, la victime peut voir cette attitude comme une acceptation de son prédateur de la part de ses amis et sa famille. Ainsi, l’entourage a définitivement un rôle à jouer pour sortir de cette emprise. Malheureusement, la victime laisse bien souvent son bourrer l’isoler, inconsciemment ou non.

L’estime de soi détruite

On ne le répètera jamais assez : pour aimer sainement les autres, il faut avant tout s’aimer soi-même. Or, dans une relation toxique, le/la pervers narcissique aura tendance à détruire l’image et l’estime de soi qu’a la victime d’elle-même. Le but ? Assouvir, encore une fois, son pouvoir et sa domination. Comme le précise Anne Clotilde Ziégler : « Parmi les facteurs qui expliquent pourquoi la proie reste dans l’emprise, il y a le constant effondrement de l’image de soi ». Ainsi, la victime aura tendance à penser qu’elle ne pourra pas trouver mieux, qu’elle est trop nulle pour avoir une relation saine, qu’elle mérite tout ce qui lui arrive. D’ailleurs, « dans l’emprise, la dévalorisation de la proie est constante. […] Ainsi l’estime de soi de la proie ploiera sous l’influence des dénigrements permanents », explique l’experte.

L’amour faussé

A la question « Pourquoi tu restes », de nombreuses victimes d’un(e) pervers(-se) narcissique répondent : « Parce que je l’aime ! ». Mais il s’agit en réalité d’une vision faussée de l’amour. On pourrait d’ailleurs croire que ces personnes aiment être détruites ou rabaissées. Ce n’est pas le cas. La manipulation de leur prédateur est telle, qu’elles sont persuadées d’être amoureuses. La psychothérapeute explique : « La proie, bousculée, en stress et détresse, confuse, épuisée, a intensément besoin de cet attachement que lui procurerait amour, sécurité et réconfort. Elle maintient l’illusion que son couple peut lui procurer cette paix dont elle a tant besoin ». Ainsi, il s’agit d’une forme d’attachement toxique et malsain, réconfortant pour la victime, mais loin d’être un véritable sentiment d’amour.

La peur de l’abandon

L’une des raisons pour lesquelles tu restes sous emprise peut également être la peur de l’abandon. A savoir la peur que cette personne ne te quitte. Anne Clotilde Ziégler explique dans son livre Pourquoi suis-je resté.e : « La vulnérabilité à l’abandon détermine une crainte permanente que l’autre – notamment le partenaire de couple – ne parte soudainement, laissant la personne dans une détresse et un désespoir intenses, quelle imagine comme insurmontables. Elle est alors hypervigilante au moindre signe indiquant que cela pourrait se produire, ménageant au prédateur un point d’appui sur lequel il pourra jouer pour asseoir son emprise ». En d’autres termes, cette peur de l’abandon peut jouer sur le fait que tu ne parviennes pas à fuir cette relation toxique.

La vulnérabilité

« Certaines personnes n’ont pas pu développer une autonomie suffisante pour faire face à leur vie. Elles se sent alors obligées de s’arrimer à quelqu’un, ce qui peut ouvrir la porte à des abus et qui, pour un prédateur, est une aubaine », détaille la psychothérapeute. La plupart des victimes de pervers(-se) narcissique ont des vulnérabilités enfouies au fond d’elles, dont il est souvent difficile de se défaire. Ce dont le prédateur profitera à la moindre occasion. Les victimes ont l’impression qu’elles ne pourront pas s’en sortir soi-même, qu’elles ne sont pas assez fortes pour cela et qu’elles ont besoin de cette relation malsaine pour s’en sortir. C’est une erreur, bien souvent commise en cas d’emprise.

L’envie d’aider autrui

Connais-tu le syndrome de l’infirmière ? Celles et ceux qui en sont atteints éprouvent le besoin constant et inconscient d’aider les autres, le plus souvent leur partenaire. Le but ? Le sauver de ses problèmes, de ses défauts et de ses vices. Avec un(e) pervers(-se) narcissique, les victimes ont tendance à adopter le même comportement. Bien souvent, elles restent sous emprise car elles sont persuadées qu’elles parviendront à le/la sauver ou à le/la faire changer. Ainsi, elles feront preuve d’une trop grande abnégation envers leur prédateur, au point de s’oublier elles-mêmes. C’est en tout cas ce qu’explique Anne Clotilde Ziégler : « La vulnérabilité à l’abnégation, c’est cette tendance à se sacrifier, portée par la culpabilité, qui nous amène à nous maltraiter nous-même ».

L’hypersensibilité

L’hypersensibilité est un état psychologique dans lequel un individu exprimerait une sensibilité plus forte que les autres. Elle toucherait environ 15 à 20% de la population. Et cette hypersensibilité peut être une des raisons pour lesquelles les victimes de pervers(-se) narcissique restent sous emprise. Pourquoi ? Car « l’hypersensibilité est une aubaine pour le prédateur », explique la psychothérapeute. « Il pourra puiser dans votre générosité, bénéficier de votre attention – divin nectar – et de votre délicatesse à ne pas écorner son narcissisme grandiose et fragile, obtenir de la compassion pour son personnage de victime, recevoir de l’aide sans avoir à la solliciter et vivre choyé dans un environnement délicat et confortable ». Autrement dit, le prédateur se servira de l’hypersensibilité de sa victime pour arriver à ses fins.