Mon frère/ma sœur réussit tout mieux que moi…

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Publié le 31/01/2014 par TRD_import_VirginiePlaut , Mis à jour le 28/09/2023 par TRD_import_VirginiePlaut
Premier(i ere) en classe, plus sportif(ive), plus artiste… vous n'en pouvez plus d'assister a la perpetuelle reussite de votre frere (ou votre soeur), et avez bien du mal a trouver votre place a cote de lui (ou d'elle). Voici nos conseils pour ne plus rester dans son ombre.

Difficile de croire aujourd’hui que Coraline, 23 ans, brillante étudiante en 2e année d’école de commerce, s’est un jour sentie le vilain petit canard… Et pourtant, pendant de nombreuses années, elle a eu l’impression d’être « l’idiote » de la famille. « J’ai une sœur aînée qui a 16 mois de plus que moi, explique la jeune femme. Elle est une sorte de génie. Pendant toute sa scolarité, ses notes ont oscillé entre 17 et 20/20. Elle a eu son bac avec mention très bien et les félicitations du jury. Je l’adore, nous nous sommes toujours bien entendues … mais quand même, je reconnais que ça a été très dur de passer derrière elle.  »

Se différencier à tout prix… quitte à se tromper

Résultat, Coraline , qui accumule elle-même de très bonnes notes se met en tête qu’elle ne sera jamais qu’une élève moyenne et développe au collège des signes d’anxiété : « Je me suis mise à avoir des migraines épouvantables. Rien ne pouvait les soulager. » Jusqu’à ce que les deux sœurs choisissent de poursuivre leurs études dans des lycées différents, en raison des options proposées. « Je me rappelle m’être sentie libérée en arrivant en seconde. Les professeurs que j’avais en face de moi n’avaient jamais entendu parler de ma sœur. » Malgré cela, elle continue de vouloir se différencier de son encombrante aînée : « Elle excellait en littéraire, je me suis donc lancée dans la voie scientifique, alors que je n’étais pas une fan des maths et que je détestais la physique… Je me suis largement plantée en première. J’ai été réorientée en ES [économique et social]… Et j’ai eu mon bac avec mention bien, ce qui a rendu mes parents et ma sœur très fiers.  »

Certains propos insignifiants peuvent blesser profondément

Cette rivalité entre frères et sœurs, Laurence, proviseure adjointe en Vendée, y porte une attention toute particulière. « On ne s’imagine pas toujours, lorsqu’on est professeur ou CPE [conseiller principal d’éducation], les conséquences que peuvent avoir certains propos, que l’on pense insignifiants, sur des jeunes » , assure t elle. « Je m’en suis rendu compte un jour où j’avais dans mon bureau un jeune en difficultés scolaire et comportementale. Alors que je le sermonnais, il m’a lancé : « De toute façon, je ne serai jamais comme mon frère. Lui, vous l’aimez, vous voudriez que plus d’élèves soient comme lui, je le sais, vous me l’avez dit un jour… Et bien moi, je ne suis pas lui. » Je n’avais aucun souvenir de lui avoir parlé de son frère… Désormais, je m’interdis de parler aux élèves de leurs frères et sœurs. Et je suis particulièrement attentive aux fratries que j’ai dans mon établissement. »

Distinguer les frères et les sœurs, ne pas les comparer

Pour Florence Peille, psychologue, auteur de « Frères et sœurs, chacun cherche sa place » (Hachette pratique, 2005), certaines circonstances peuvent rendre la rivalité encore plus douloureuse, comme « être du même sexe et à peu près du même âge ». Et parfois, l’entourage familial peut l’accentuer : « Malgré leur bonne volonté, les parents font souvent des comparaisons entre leurs enfants. Alors qu’ils devraient plutôt attirer l’attention sur les caractéristiques qui distinguent leurs enfants. » En clair, oui, Paul est excellent en français, mais Pierre assure en biologie.

À 28 ans, Ingrid souffre encore aujourd’hui de la comparaison avec sa jeune sœur Enora, de deux ans sa cadette.  » Toute ma vie j’ai entendu à quel point ma sœur était brillante à l’école, alors que moi, j’avais beau travailler comme une folle, j’obtenais difficilement la moyenne. C’était très humiliant d’entendre les professeurs me faire remarquer devant toute la classe que ma jeune sœur était l’élève idéale et que je devrais prendre exemple sur elle… * Jusque-là, je réussissais à prendre sur moi en me disant que, mon truc à moi, c’était le sport, le handball. Mais Enora a décidé de s’y mettre aussi, dans le même club… et elle a excellé ! Encore une fois, on chantait ses louanges devant moi… *Je suppose que c’est pour ça qu’aujourd’hui encore, on a du mal à se supporter. De toute façon, on se voit très rarement. »

Savoir trouver sa voie

Guillaume a lui aussi longtemps vécu la réussite, scolaire et sportive, de son frère cadet, Nicolas, comme un boulet. Jusqu’au jour où il a su trouver sa voie. « J’étais mal dans ma peau à cause de lui, je mangeais beaucoup trop pour compenser, j’avais des boutons, je m’habillais n’importe comment… Et puis, un jour, un de mes profs m’a encouragé à me mettre au dessin…. Je me suis dit : ‘Pourquoi pas, enfin un domaine où Nicolas n’est pas particulièrement doué.’ Et finalement, moi, je l’étais ! Résultat, j’ai pris confiance en moi, j’ai commencé à faire attention à la nourriture, à mon look… Aujourd’hui, je suis devenu architecte d’intérieur, je vis avec une jeune femme ravissante, je vais très bien. Et mon frère et moi, nous nous sommes rapprochés. »

Check list : Exister à côté d’un frère (ou d’une sœur) à qui tout réussit

• Parlez-en à vos parents

Parfois, les parents ne se rendent pas compte à quel point ils peuvent être maladroits et vous faire souffrir sans le vouloir. Faites leur part de vos sentiments.

• Trouvez votre spécialité

Certes, votre sœur (ou votre frère) est un petit génie à l’école, ou une future star du sport… Mais vous aussi avez vos qualités propres. Peut-être êtes vous doué pour le dessin, la sculpture, la musique ou encore pour écouter les autres. Explorez les différentes possibilités et trouvez enfin votre domaine.

• Éventuellement changez d’établissement scolaire ou de club de sport

Si vraiment la comparaison est trop lourde et vous fait souffrir, tentez de changer de lycée ou d’équipe de foot.

• Si besoin, faites-vous aider par un professionnel

Si la situation vous oppresse réellement, n’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à un psychologue. Parfois, l’aide d’un professionnel est nécessaire.