Dans le portefeuille de Mélanie, en 6e année de doctorat à Paris

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Publié le 05/11/2014 par TRD_import_SoniaDéchamps ,
À 29 ans, Melanie est une etudiante au statut un peu particulier puisque le principal de ses revenus reguliers est constitue d'allocations chomage. Repas, sorties, portable, Internet… comment s'en sort-elle pour vivre ses etudes a Paris ? Le point sur toutes ses depenses et ses besoins.

890 € d’allocations chômage pour un loyer de plus de 600 € par mois, forcément, ça ne suffit pas… D’où d’autres plans débrouille pour Mélanie. // © SD

Mélanie est dans une situation assez atypique : elle est étudiante… et chômeuse. « Quand j’ai commencé mon doctorat, il y a cinq ans, j’ai signé un contrat doctoral. J’étais payée pour faire ma thèse et à côté de cela, j’étais monitrice en science politique : je donnais des cours à la fac. Pendant trois ans, j’ai donc touché 1.600 € par mois. Après, j’ai eu un contrat d’ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche) à la fac de l’UVSQ (université de Versaille-Saint-Quentin-en Yvelines-. C’est un emploi temporaire – renouvelable d’un an –, le temps que tu termines ta thèse. Il n’a pas été renouvelé. J’étais payée 1.200 €, mais je n’avais pas le droit de travailler à côté, même l’été , car j’étais payée par l’université. »

Après avoir ainsi enseigné pendant quatre ans, Mélanie a aujourd’hui droit à une allocation chômage : 890 € versés non pas par Pôle Emploi, mais par l’université (on vous passe les détails, c’est compliqué…).

Ateliers radio, correction de copies, baby-sitting…

890 € par mois, c’est bien.Pour vivre à Paris, c’est loin de suffire. Mélanie est donc auto-entrepreneuse : « Je fais des ateliers radio avec une association qui s’appelle L’œil à l’écoute. Il y a des mois où je travaille pas mal, d’autres pas du tout. Je suis payée 80 € pour un atelier de deux heures. Cela m’apporte de 0 à 600 € par mois.  » Actuellement, Mélanie s’occupe d’un cycle de 10 ateliers. Elle va gagner 800 € sur deux mois. Enfin, pas tout à fait… « L’Urssaf [organisme qui collecte les cotisations et les contributions sociales, NDLR] prend un peu plus de 20 % là-dessus. »

Pour se faire un peu d’argent en plus, il arrive aussi à Mélanie de corriger des copies. « En mai, j’ai corrigé des copies du concours d’entrée à l’IEP (institut d’études politiques) de Saint-Germain-en-Laye [78]. » 320 €, qu’elle vient seulement de toucher.

Et la doctorante en rigole : « C’est la partie triste : de temps en temps, je fais encore des petits baby-sittings ! À bientôt 30 ans… »

Vivre à Paris a son prix !

Depuis peu, Mélanie habite avec son copain. Elle a quitté – sans regrets – son studio de 21 m2 pour investir un deux-pièces de 47 m2 du côté de Bastille. « Mes parents vivent à la campagne, dans une grand maison. Du coup, ils trouvent ça drôle que je me réjouisse d’avoir 47 m2. » Pour ses finances, le changement n’est pas flagrant : 630 € seule, contre 1.215 € à deux ; 607,50 € de loyer auxquels elle doit ajouter 40 € d’électricité (80 € à deux).

Dans cet appartement, le couple n’a pas de télé, donc pas d’abonnement. Et Internet ne leur revient pour le moment pas bien cher : »C’était une offre Vente privée ! On a pris un forfait avec la nouvelle Freebox ‘designée’ par Starck », explique Mélanie. Un forfait qui leur revient à un peu moins de 5 € par personne par mois, pour un an. Plutôt pas mal.

En revanche, *avec un forfait à 36 € par mois au niveau du portable, Mélanie ne doute pas de se faire avoir…* « J’ai pris un forfait il y a quatre ans avec l’i-Phone, et c’est beaucoup moins cher aujourd’hui. En plus, j’ai tout gratuit illimité, alors que je m’en fiche. Je ne téléphone presque pas. Mais je suis très flemmarde avec les papiers. »

Côté transports, c’est sans engagement :  » Je fonctionne au ticket. J’essaie de limiter les trajets et… je marche beaucoup. » Et elle y trouve son compte :  » Cela me revient à moins de 60 € par mois, moins que le prix d’un abonnement. » Autres dépenses mensuelles : 11 € à la banque, pour un découvert autorisé de 700 euros. Et 21 € pour la mutuelle.

Sa ruine ? Les apéros

Mélanie dépense environ 150 € par mois en courses. « Je fais attention. Je regarde vraiment le prix. Pâtes, riz… je peux acheter en ‘sous-marque’ ; en revanche, quand j’achète, par exemple, du jambon, j’aime bien que ce soit du bon jambon. Dès que c’est censé me faire plaisir, je préfère payer un peu plus. Pour les produits ‘de base’, je m’en fiche. »

Où acheter ? Mélanie a comparé : « J’ai un Carrefour qui coûte une blinde, mais, deux minutes plus loin, j’ai un Casino bien moins cher. Après, je ne vais pas jusqu’à acheter la farine ici et les pâtes là, selon les prix. » Et puis…  » quand je vais chez mes parents, je reviens avec un sac énorme rempli de nourriture. Ils ont un énorme jardin, donc je rapporte des tonnes de légumes, plein de viande que je peux mettre au congélateur, etc. » À côté de cela, Mélanie a un budget « bouffe du midi » de 5-6 €. « Quand je travaille à la BNF (Bibliothèque nationale de France), je prends toujours la même formule, à 5,50 €. Sinon je mange chez moi, ou un sandwich. »

Chez elle, Mélanie a une cuisine : une vraie ! « Je peux faire à manger. C’est un luxe ! J’adore cuisiner, c’est un moment sympa et ensuite on partage. J’adore faire des lasagnes, en tout genre. » Ce goût, Mélanie le doit à sa mère, mais aussi à l’école :  » J’ai grandi en Suisse, et au collège, on avait des cours de cuisine. C’était super ! »

Par souci d’économies, Mélanie a banni les brunchs du dimanche : « C’est un truc qui coûte super-cher, alors que des œufs brouillés, de la baguette, des pains au chocolat… Tu peux faire ça chez toi. » En revanche, (très) difficile de bannir les apéros ! « Je suis à peu près dehors tous les soirs, et je dépense entre 6 et 15 € à chaque fois. » Rapide calcul : entre 150 et 400 € par mois. « Je regarde très souvent mon compte. Quand je commence à être un peu short, je fais plutôt des apéros chez moi. »

20 € par mois pour le ciné, au moins autant pour bouquiner

Pour 20 € par mois, Mélanie peut aller au cinéma quand elle le souhaite grâce à sa carte UGC-MK2. « Quand tu n’as vraiment plus d’argent, tu peux toujours aller au ciné ! C’est indispensable. » Mélanie aime aussi aller au théâtre, à tarif réduit. Eh oui, n’oubliez pas : elle est chômeuse. « Je dois dépenser entre 10 et 50 € par mois. »

Un amour qui lui revient cher ? Celui des livres. « J’adore, j’en ai des tonnes. J’essaie de les acheter d’occasion, chez Emmaüs ou chez Gibert. Avant les vacances, généralement, je craque. J’achète trois ou quatre romans juste avant de partie. » Mais pour limiter les frais, la doctorante achète toujours ses livres en poche, jamais de nouveautés ! « Sur l’année, je dirais que ça représente une vingtaine d’euros par mois. »

Des économies, Mélanie en fait au niveau des habits : « Je n’achète plus rien, à part de temps en temps quand je vais chez mes parents, je vais chez Emmaüs. Sinon, je profite de vide-dressings de mes potes. J’achète vraiment le moins cher possible, et très peu. »

Si seulement…

Forcément, Mélanie ne serait pas contre avoir un peu plus d’argent : « J’aimerais bien pouvoir voyager, partir en week-end. Pas loin, juste des petites vacances. Par ailleurs, je ne prends plus le train, je fais du covoiturage. C’est sympa, mais parfois j’aimerais prendre le train tranquille et bouquiner. » Et si elle se fiche de pouvoir acheter plus de fringues…  » Aller au resto, ça me manque. J’adore ça ! J’ai plein de potes qui proposent, et moi je dois dire non. » Autre regret : avoir dû arrêter le sport. « Je faisais de la boxe, mais à 500 € par an, cela faisait trop cher. Je déteste courir, et tout le reste est hors de prix. » Alors c’est promis : « Dès que je gagnerai de l’argent, je referai du sport. »

Durant toutes ces années de vie étudiante, le plus dur pour Mélanie aura été de ne jamais avoir de vraies vacances. « Là, j’arrive à un moment où à 30 ans à peine, je suis vraiment épuisée. Depuis que je suis étudiante, dès que j’ai eu un trou, j’essaie de bosser. Même l’été, pour mettre de l’argent de côté pour l’année. Cela fait des années que je n’ai pas déconnecté. »