Comment ils ont réussi à soigner leur écriture

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Publié le 13/09/2013 par TRD_import_MariaPoblete ,

Prendre son courage à deux mains, c’est ce qu’a décidé de faire Louise, 21 ans, quand elle a admis qu’avoir une écriture « de cochon » lui jouait des tours. « J’ai fait l’autruche pendant 15 ans, explique cette étudiante aujourd’hui en deuxième année de licence de psychologie à l’université Paris 5. C’est après mon échec au bac que j’ai compris que je devais m’accrocher, quitte à y passer un peu de temps. Tout en étant suivie par une psy et une orthophoniste, je prenais conscience de mon anxiété due sûrement à la sale ambiance qui régnait à la maison et à une mauvaise image de moi, mêlées à de vrais problèmes de dyslexie et de dysgraphie. J’ai progressé depuis, je reconnais être plus lente que les autres, j’ai d’ailleurs obtenu un tiers-temps [un tiers de temps en plus pour réaliser les épreuves, NDLR] pour la seconde tentative au baccalauréat (réussi !). Si j’avais un conseil à donner, ce serait de ne pas laisser tomber, de se battre ! »

Noircir des pages, une vraie torture pour votre poignet ? Des techniques existent pour vous détendre. // © Fotolia.

Comme Antoine, admettez votre différence

Outre élaborer sa petite liste de combats intérieurs, on peut aussi, comme Antoine, 15 ans, élève en seconde au lycée Georges-Brassens à Courcouronnes (91), décider d’accepter sa différence.  » Mon écriture était difficilement lisible, j’écrivais trop gros, trop large et de plus en plus mal. Mon problème ? Je suis toujours pressé, aux devoirs sur table, j’ai trop de choses à dire, comme si ma main ne suivait pas mon cerveau », tente d’expliquer Antoine. Après quelques séances de rééducation chez une graphothérapeute, les progrès ont commencé à être visibles. « Je ne baisse pas les bras, j’accepte le décalage, dit-il. Et puis, comme les efforts, ce n’est pas ce que je préfère, je dois faire avec cette lenteur de l’écriture. »

Pour Laurence Petitjean, graphologue et graphothérapeute qui l’a suivi, Antoine est, comme beaucoup de ses jeunes patients, un enfant intellectuellement précoce. « La précocité les amène à réfléchir plus vite qu’à retranscrire, et ce décalage crée une frustration. »

Comme Laurianne ou Gustave, méfiez-vous du stress

Évidemment, être conscient de ce décalage détend. Et permet d’éviter le stress, mauvais allié de l’écriture. Laurianne, 19 ans, élève en licence 1 d’histoire à la Sorbonne (Paris 1), est une excellente élève, appréciée par sa famille et les enseignants, mais il lui arrive souvent de perdre ses moyens et d’écrire trop rapidement. « J’ai explosé en hypokhâgne, dit-elle. Avec le recul, je vois bien que la pression de tout le monde était trop lourde. Je n’ai jamais réussi à gérer l’écriture de dissertations de dix pages, alors que j’avais mal au poignet. C’est une vraie torture ! »

La pression scolaire n’a pas arrangé non plus l’anxiété de Gustave, 17 ans, en première ES au lycée Colbert à Paris. « Plus on me reprochait mon écriture, plus je me braquais. Et plus on me soutenait que j’étais en train de gâcher mon potentiel et que mes examinateurs ne liraient pas jusqu’au bout mes copies au bac, plus je me renfermais. Résultat : j’ai redoublé ma seconde et eu une bonne discussion avec mes parents ! »

Comme Julien, apprenez à respirer et à souffler

On ne devient pas un magnifique scripteur et un adolescent super-bien dans sa peau du jour au lendemain. Ça se travaille ! Avec l’aide d’un graphothérapeute au besoin : on peut consulter simplement pour acquérir, en quelques séances, des techniques pour se détendre.

« Il faut que tu respires », dit une chanson. C’est exactement ce qu’a compris Julien, 17 ans, en terminale S au lycée Christophe-Colomb de Sucy-en-Brie (94).  » J’écrivais vite parce que j’étais crispé, expose-t-il. Je partais toujours du principe que j’allais rater, notamment à cause de mon écriture illisible ; alors, évidemment, je ratais ! » Avec l’aide de Philippe Le Chevalier, graphothérapeute, il a suivi une rééducation fondée sur la relaxation. « En prenant conscience de mon corps, ma main, mes doigts, c’est comme si j’avais décidé de ne plus être seulement dans ma tête. Je suis plus calme et j’aborde l’écrit sereinement », dit Julien. Son conseil : « Se détendre en respirant profondément, surtout avant de démarrer un exercice écrit. » « La respiration est essentielle, confirme Philippe Le Chevalier, on prend une grande inspiration en gonflant le ventre et on souffle à fond en rentrant le ventre. » Fermez les yeux, sans bloquer votre souffle.

Comme Arthur, Étienne et Loïc, pensez à vos profs

En attendant d’améliorer votre écriture, vous pouvez biaiser à l’écrit… comme à l’oral. En entrant au lycée Henri-IV, à Paris, en seconde, Arthur, 16 ans, savait que ce serait plus difficile qu’au collège. La vitesse de la prise de notes a décuplé ses soucis de graphisme. « Les contrôles sont plus longs, mon écriture se détériorait au fil des copies, raconte-t-il. J’ai alors décidé de prendre un peu d’espace dans la page, entre les lignes. C’est moins joli, mais c’est efficace. « 

Étienne, 16 ans, en première S au lycée d’Arsonval de Saint-Maur-des-Fossés (94), a décidé de « tout miser sur la présentation. J’ai compris que je n’écrivais pas pour moi mais pour quelqu’un d’autre, les profs en l’occurrence. Se le dire, ça change les choses. Les enseignants ont une image en face d’eux, alors quand je rends une copie, désormais, je m’applique, j’organise les parties, je crée de vrais paragraphes, je vais à la ligne souvent ! »

Quant à Loïc, 16 ans, en seconde au lycée Bossuet-Notre-Dame à Paris, il joue son va-tout à l’oral pour pallier ses résultats décevants à l’écrit, en raison de son écriture.  » Je me démène en participant beaucoup. Je donne mon avis, je réponds aux questions, j’en pose. Bref, je montre au prof que j’apprends et que je comprends ! »

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