« Au secours, je redouble ! » : les bonnes raisons de dédramatiser

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Publié le 08/10/2013 par TRD_import_VirginiePlaut ,
Vous avez eu beau supplier, faire appel, promettre de vous mettre au travail l 'annee suivante… rien n'y a fait, vous voila contraint de redoubler. Mais pas de panique, ce n'est pas un drame ! Voici tout ce que vous devez savoir pour que cette annee soit la plus agreable et la plus profitable possible.

La nouvelle lui a gâché son été : Enora n’a pas pu suivre ses trois meilleures copines en première ES. Elle a pourtant bien tenté de faire appel de la décision du Conseil de classe, mais elle n’a pas obtenu gain de cause, et doit recommencer sa seconde. « C’est assez horrible à vivre, assure-t-elle. Je me retrouve avec des plus jeunes que moi. Je me sens stupide d’être la seule de ma classe de l’an dernier à ne pas être passée dans la classe supérieure. L’année va être très longue… »

Comme Enora, 40 %* des bacheliers ont redoublé au moins une fois au cours de leur scolarité. Si vous êtes dans ce cas, rien de dramatique donc ! Encore faut-il savoir tirer parti de cette deuxième chance et prendre cet état de fait parfois imposé comme une belle opportunité.

Pas toujours facile de laisser ses amis entrer en classe supérieure sans vous… // © Fotolia

« Des 15, des 16… et même un 19 en maths »

Nicolas est aujourd’hui en dernière année d’école d’ingénieur. Mais sa première 1ère S a été une catastrophe : « j’avais des 3 ou des 4 en maths, tout juste 5 en physique… Alors que je prenais des cours de soutien chaque samedi matin. Mais je partais de trop loin, j’étais déjà très juste en seconde. Finalement, je n’aurais pas dû passer en première. »

À la fin de l’année scolaire, le redoublement ne pouvant pas être imposé par le conseil de classe (il peut l’être en seconde mais pas en première), il aurait pu passer en terminale, mais il a fait le choix de refaire une année. « Ça n’a pas été très simple à prendre comme décision, reconnaît-il. Mes copains passaient tous en terminale – d’ailleurs les trois quarts ont raté leur bac, les autres l’ont eu tout juste – j’allais me retrouver tout seul. Mais ma jeune prof de soutien – qui était encore étudiante – a réussi à me faire comprendre que j’allais droit dans le mur, et qu’une année supplémentaire me serait indispensable pour vraiment acquérir les bases nécessaires à la terminale « .

Du coup, le jeune homme a réussi à prendre cette nouvelle première du bon côté. « J’ai commencé par des notes que je n’avais pas eues depuis des années : des 15, 16 et même un 19 en maths… Ça m’a motivé ! Résultat, je me suis mis à travailler, et je n’ai jamais arrêté. » Il passe en terminale plein de confiance, poursuit sur sa lancée, et obtient son bac S avec une mention bien.

Faire accepter le redoublement à l’élève

Pour Monique, professeur de mathématiques, Nicolas est l’exemple du redoublement parfaitement réussi. « Un redoublement est utile à condition qu’on le fasse accepter à l’élève, explique-t-elle. Par exemple, s’il n’a pas assez travaillé alors qu’il a des capacités, il faut qu’il le regrette. On lui offre une autre chance de s’intéresser au programme et de l’assimiler. Le grand risque lorsqu’on contraint un jeune à redoubler, c’est qu’il se braque et qu’il refasse une année dans les mêmes conditions. Là, il aura perdu clairement une année. »

Le corps enseignant et les parents doivent alors faire preuve de conviction et de psychologie.  » Il faut lui faire comprendre qu’un élève qui redouble n’est pas jugé sur sa personne mais sur ses performances scolaires , insiste Pascal Hachet, psychologue. Il faut lui expliquer qu’il vaut mieux accepter cette décision avec intelligence pour savoir en tirer avantage. Le redoublement n’est pas une fatalité, c’est une manière de reculer pour mieux sauter… sans retomber ».

Souvent très populaires dans leur nouvelle classe

Même si le redoublant a compris l’intérêt de se mettre au travail, un autre facteur reste important : la vie de classe. Comme Enora, Nicolas craignait beaucoup de vivre une année en solitaire, sans ses amis. Mais finalement, il s’en est très rapidement fait de nouveaux. « Souvent, les élèves redoublants attirent l’attention de tous les autres – dans le bon sens du terme, assure Pascal Hachet. Ils savent déjà beaucoup de choses et peuvent aiguiller les autres. Loin d’être exclus, ils se font vite de nouveaux amis « .

Monique assure n’avoir jamais vu – ou presque – de redoublant isolé. « Au début, certains sont un peu réticents à se lier avec des plus jeunes ou alors, parce qu’ils n’acceptent pas leur redoublement restent dans leur coin à ressasser. Mais ça ne dure jamais bien longtemps : très vite, ils font partie intégrante de la classe et deviennent même souvent des meneurs de classe ».

« En fait, je n’ai pas vu de différence entre mes potes de l’année d’avant et ceux de ma deuxième 1ère, assure Nicolas. En plus, comme je n’étais pas en difficulté, je pouvais m’amuser un peu en cours tout en continuant à suivre. Finalement, j’étais plus populaire la seconde année que la première !  »

  • chiffres de l’OCDE

5 conseils pour un redoublement optimal **

1. Mettez-y de la bonne volonté**

De toute façon, c’est comme ça, vous redoublez. Ce n’est pas en perturbant les cours ou en rendant copie blanche pour marquer votre désapprobation qu’on vous fera passer dans la classe supérieure… La seule personne que vous pénalisez vraiment, c’est vous ! Faites contre mauvaise fortune bon cœur, soyez aimable et studieux. Qu’au moins cette année « perdue » vous soit profitable.

2. N’attendez pas pour commencer à travailler

L’an dernier, vous avez plus ou moins tenu la moyenne jusqu’à Noël et ne vous êtes effondré qu’après ? Ce n’est pas une raison pour vous reposer sur vos – fragiles – lauriers. Si vous avez touché le fond après, c’est que peut être vous n’étiez pas assez solide avant. Alors reprenez tout depuis le début. Vous verrez qu’avec un premier trimestre à 16 ou 17, ce sera beaucoup plus simple ensuite. **

3. Profitez-en pour demander de l’aide sur des anciennes lacunes**

Vous avez raté votre seconde ? Peut être que vous aviez déjà quelques lacunes en 3e ou même en 4e. Faites le point sur les matières, les chapitres qui vous ont posé problème à l’époque et faites-vous aider. **

4. Saisissez l’occasion de découvrir de nouveaux horizons**

Jusque là, vous vous êtes toujours contentés des enseignements obligatoires. Et si vous profitiez de cette nouvelle année pour ajouter une ou deux cordes à votre arc ? Italien, informatique ou course d’orientation… Toujours un plus pour votre dossier et votre orientation future. **

5. Intégrez-vous au sein de votre nouvelle classe**

Vous pouvez effectivement passer toute l’année scolaire à faire bande à part et à snober vos nouveaux camarades de classe. Vous pouvez aussi prendre sur vous et tenter de faire connaissance avec ces « petits jeunes » d’un an de moins que vous. Quelque chose nous dit que la seconde solution vous rendra l’année plus agréable.