L’interview indiscrète : les premières fois d’Olivier Dacourt

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Publié le 14/11/2016 par TRD_import_ErwinCanard ,
Ancien footballeur professionnel et international français, Olivier Dacourt, 42 ans, est désormais consultant pour le Canal Football Club (le dimanche à 19h10, sur Canal+). Ce passionné d’art moderne et contemporain – il possède notamment une maison d’édition de catalogues d’art – nous raconte ses premières fois.

La première fois que… j’ai stressé pour un examen

Je n’étais pas stressé, j’étais plutôt relâché. En revanche, si j’avais une mauvaise note, je n’avais pas le droit d’aller au foot, mes parents me l’interdisaient. C’était la carotte ! Et comme pour être accepté en sport-études il fallait avoir 14-15 de moyenne, la motivation venait d’elle-même !

La première fois que… j’ai eu « une taule » à un examen

C’était en français, pendant l’école élémentaire, je n’étais pas bon. Une dictée que je n’avais pas préparée et j’avais eu une sale note. Et alors, mes parents m’avaient fait apprendre… le Bescherelle ! C’était un cauchemar ! J’avais pris cher !

La première fois que… j’ai séché

C’était en sixième. Il y avait grève et la plupart des profs la faisaient, mais pas tous. Alors, nous, on l’a faite aussi ! On n’allait pas venir au collège pour une heure… Du coup, on est allé faire un foot !

La première fois que… j’ai pris un appart

C’était à Strasbourg, à 17 ans, et j’avais un super appart ! Un petit deux pièces, de 60 mètres carrés. Avant, j’avais une chambre au centre de formation. Mais là, c’était la liberté, l’indépendance , on fait enfin ce qu’on veut.

La première fois que… j’ai eu une paie

J’avais 16 ans , j’étais aspirant footballeur, et elle devait être de 650 francs environ (100 €). J’ai économisé trois mois de paie pour pouvoir m’acheter des chaussures ! Des Weston, bordeaux. Je les ai encore ! Je suis un sentimental et puis j’avais tellement sué pour les avoir parce que mes parents ne pouvaient pas me les acheter…

La première fois que… j’ai intégré le groupe des pros

Je suis parti en stage avec eux, en décembre 1991 – janvier 1992, à Mandelieu. Les mecs fumaient dans la chambre, j’étais surpris ! C’était une autre époque. Ces joueurs, je les voyais à la télé, et à 16 ans je me suis retrouvé seul avec des pères de familles , ce n’était pas évident. Je ne disais pas un mot, et il n’était pas question que je touche à la télécommande ! Je me disais : « C’est ça être pro, fumer et jouer au tarot dans la chambre ? » Mais, aujourd’hui, je sais jouer à tous les jeux de cartes !

La première fois que… j’ai eu le déclic pour mon métier

Je n’ai pas eu de déclic : j’ai voulu faire ça depuis toujours. J’en ai rêvé. Je faisais des dessins de foot sur mes cahiers de devoirs… Je voulais tout le temps jouer au foot, je ne sais pas comment l’expliquer…

La première fois que… j’ai passé un entretien d’embauche

Ce n’était pas vraiment un entretien d’embauche, mais je pense à la fois où l’entraîneur d’Everton, Walter Smith, a fait le voyage à Strasbourg pour me rencontrer. Il a fait ça pour me montrer qu’il voulait absolument que je signe à Everton. Il m’a convaincu, car deux semaines avant j’étais sur le point de rejoindre Bordeaux. Mais le projet m’a plu, et ils m’ont signé pour 40 millions de francs. À l’époque, c’était énorme !

J’ai donc vécu un an à l’étranger , et c’était une super belle expérience. J’ai d’ailleurs beaucoup voyagé et ça rend les gens riches. Pas financièrement, mais du point de vue de l’ouverture d’esprit. On s’ouvre, on est plus tolérant.

La première fois que… j’ai eu une galère pro

Je venais de rejoindre Lens, après un an à Everton. Ils m’avaient acheté cher et j’avais le statut de plus gros salaire du club. Pour notre premier match, on joue à Strasbourg, là où j’ai passé neuf ans, où tout le monde m’a vu grandir. Il est clair que je devais jouer ce match, devant tous mes amis. Mais l’entraîneur m’a mis remplaçant : il voulait me montrer que c’était lui le boss. Les supporters strasbourgeois me criaient : « Tu aurais dû rester chez nous, ici, tu jouerais ! » Alors, là, de mon côté, comme je suis un peu orgueilleux, le ressort était cassé avec le coach. À la fin du match, je suis allé voir le président et j’ai dit : « Je pars ! ». Finalement, je suis resté et, deux mois après, l’entraîneur démissionnait…

La première fois que… j’ai joué en professionnel

J’étais à Strasbourg, mon équipe, et l’ on se déplaçait à Auxerre, à l’Abbé-Deschamps. À l’époque, ils étaient intraitables à domicile. Ce qui est drôle, c’est qu’un jour, après la fin de ma carrière pro, j’étais sur l’Île de la Réunion et j’ai croisé Franck Rabarivony. C’était le défenseur qui était chargé de mon marquage à Auxerre. Et je lui ai dit, ce soir-là, à la Réunion : « Bois et mange ce que tu veux ce soir, je paie tout ! Car si je ne t’avais pas mis la misère pendant ce match à Auxerre, je n’aurais peut-être pas fait une telle carrière ! ».

La première fois que… j’ai porté le maillot de l’équipe de France

Contre l’Angleterre, à Boulogne-sur-Mer, en cadet. C’était le summum : tu fais partie des 18 meilleurs joueurs de ton âge du pays. Ma première sélection en équipe A, c’était en Corée. Je suis rentré en jeu, on a gagné 5-0. Depuis le temps que je l’attendais… Mais il faut dire qu’à l’époque, il y avait des patrons au milieu : Deschamps, Boghossian…