Dans le portefeuille de Marie-Amélie, en fac de com’ à Paris

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Publié le 14/01/2015 par TRD_import_SoniaDéchamps ,
Marie-Amelie a 23 ans. Actuellement en master 1 de communication a la fac a Paris, la solution pour ne pas etre tous les mois dans le rouge s'est imposee a elle : rester chez papa-maman. Elle a ouvert son portefeuille a Trendy.

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Marie-Amélie n’en doute pas : “Si je n’avais pas mes parents pour m’aider, je serais sûrement dans la vie active.” // © Sonia Déchamps._

Marie-Amélie annonce d’emblée la couleur : « Je ne suis pas éligible à la bourse, ni à aucune aide. » Actuellement en stage, la jeune fille gagne 241 € par mois. Possible d’étudier à Paris avec moins de 250 € par mois ? Oui… en habitant chez ses parents, en banlieue parisienne. « Ma mère travaille dans une entreprise de cosmétique, au marketing, et mon père est salarié dans une entreprise de référencement. » Traduction : « Il fait en sorte que le site de ses clients apparaisse dans les premières pages de Google. » En plus de ses indemnités de stage, Marie-Amélie peut compter sur un petit coup de pouce de leur part, environ 200 € par mois. « Cela me permet de sortir et de me faire plaisir de temps en temps. »

Son moyen de se renflouer ? Les jobs d’été

Tous les étés depuis ses 18 ans, la jeune fille travaille dans des petites boutiques : « J’ai commencé à travailler dans une maroquinerie. Premier boulot en tant que vendeuse, et je vendais déjà des Lancel. Un vrai plaisir. Grâce à cette expérience, j’ai pu trouver un petit job dans une boutique vraiment mignonnette à Paris : ‘Le corner des créateurs’. Ils y vendent de tout : des accessoires, des vêtements, des babioles et, surtout, des bijoux tip-top et pas trop chers. »

Problème : ces trois mois de salaire ont tendance à partir bien vite. « Je suis un vrai panier percé. J’ai du mal à économiser tous ces sous. » Pour autant, hors de question de demander une rallonge aux parents. « J’attends que mon compte soit crédité avec mon salaire ou mon argent de poche. Quitte à être à découvert quelques jours. Ma mère essaye de se tenir au courant de l’état de mon compte en banque, mais je préfère ne pas lui demander plus. »

Au quotidien, des dépenses limitées

Habiter chez ses parents offre à l’étudiante l’avantage d’avoir des dépenses relativement limitées. Pas de loyer, pas de placards de la cuisine à remplir, pas de factures à régler… « Les dépenses, en général, c’est pour mon ‘petit plaisir’ et pour les cadeaux des uns et des autres. » Une exception récente notable.  » J’ai passé des concours de journalisme l’année dernière. L’investissement était important et j’ai mis un point d’honneur à participer aux frais. C’était assez compliqué. Tout est cher : l’inscription aux concours (entre 40 et 250 € chaque), les billets de trains aller-retour, les hôtels… J’étais un peu révoltée. Cela montre bien qu’aujourd’hui encore, les écoles sont plus accessibles aux plus aisés. » Et pourtant, Marie-Amélie remet ça cette année ! Et si elle est cette fois acceptée, elle pense déjà au prêt étudiant, même si sa mère est plutôt réfractaire. Quoi qu’il en soit, elle travaillera : « Si ça marche, j’essaierai de trouver un boulot dans un fast-food ou une petite boutique le week-end. »

Actuellement, le midi, c’est à l’économie. « C’est assez cocasse. Avec mes camarades de classe, également en stage, on déjeune à Saint-Lazare avant de se rendre au travail. On ramène notre petite gamelle. On la fait chauffer au Carrefour Market de la gare. Puis on s’installe sur les tables de Burger King. Un vrai luxe ! » Dans la gamelle ? « J’innove avec ce qui traîne. Des petits légumes revenus dans du beurre, des pâtes, des pommes de terre avec du gruyère. Et surtout, j’ai appris à faire des crèmes au chocolat moi-même. Miam ! »

Pas le temps ni l’argent pour préparer le permis

Prendre son indépendance, Marie-Amélie y aspire, mais elle reste terre-à-terre : « C’est vraiment délicat de travailler, faire un stage et suivre des cours en même temps. Il faut surtout que j’apprenne à économiser. J’ai parfois l’impression non pas de me priver, mais de ne pas avoir autant de choix que des personnes qui seraient plus riches que moi. Je me suis inscrite pour passer mon permis de conduire, mais j’ai abandonné faute de temps et d’argent : 50 € l’heure de conduite, c’est beaucoup, et je ne voulais pas demander cela à mes parents. Si j’avais plus d’argent, j’aimerais aussi faire du sport, du yoga, de la danse et le ‘must’ : de l’aquabike. »

Mais difficile de rogner sur ses soirées…

Panier percé, Marie-Amélie fait tout de même de plus en plus attention. « Avec le temps, j’apprends à ne plus me sentir obligée d’acheter des choses superficielles. J’ai pris du recul face à cette consommation. Avant, je pouvais dépenser beaucoup d’argent dans des vêtements, de manière compulsive. Et je ne les portais pas. Mon armoire est remplie de ces bêtises. » L’achat en un clic – rapidement fatal quand on a des revenus limités –, l’étudiante n’y cède pas. « Je n’achète jamais sur Internet. J’apprécie de faire les boutiques et l’achat marche par coup de cœur. Et puis, je préfère le contact avec les gens. Je n’achète pas non plus d’occasion. J’ai bien essayé les fripes, mais je ne trouve jamais rien. » Son gros péché ? « Dès que je reçois mon salaire, j’ai envie de me récompenser et je dépense alors une grosse somme pour UN truc. » Dernière folie en date : « Mes merveilleuses Stan Smith ! »

Plutôt raisonnable côté achats, Marie-Amélie est cependant prête à dépenser sans compter dès lors qu’il est question de passer un bon moment, « au risque de m’en mordre les doigts après. » Elle dépense ainsi « largement plus de 100 € » par mois en apéros, restaurants et autres soirées.

« Je me considère comme chanceuse et avantagée »

Abandonner les études pour entrer de plain-pied dans la vie active, Marie-Amélie y a pensé : « Bien évidemment, je suis tentée, surtout depuis que je travaille l’été comme vendeuse. Quand je vois le salaire et l’indépendance que cela offre, c’est très séduisant. Je suis consciente que si je n’avais pas mes parents pour m’aider, je serais sûrement dans la vie active. Je me considère comme chanceuse et avantagée. Même si ma famille et moi ne roulons pas sur l’or et que l’on doit faire quelques efforts parfois. »

Si le temps manque à Marie-Amélie pour travailler davantage à côté de ses études, elle réussit néanmoins toujours à en trouver un peu pour faire avancer la société. « Les différentes associations auxquelles je suis rattachée tentent de combattre l’image des jeunes qui est véhiculée dans les médias. Cette image d’êtres passifs et irresponsables relayée dans les émissions télévisées ou les articles aux raccourcis un peu faciles. » Et au delà du projet en lui-même, cet engagement lui apporte beaucoup : « J’apprends à m’exprimer, à défendre mes idées… C’est essentiel dans la vie. Et puis les rencontres que j’y fais me sont indispensables. »