Vous ne suivez l’actu qu’en pointillé ? Rattrapez-vous en BD

« La Revue dessinée, n° 3 »

« La Revue dessinée n° 3 », disponible en librairie.

Vous ne connaissez pas encore « La Revue dessinée » ? Une erreur qu’il est grand temps de corriger, car ce trimestriel de BD reportage a de quoi vous informer tout en vous captivant – et inversement. Le numéro 3, qui vient de sortir, propose, entre autres reportages, de découvrir « l’école du Front national » : des stages de formation visant à « s’assurer que les candidats (pour la plupart inexpérimentés) ne déraperont pas en public, à l’image de leurs prédécesseurs, à qui l’ont conseillait dans un ‘Guide pratique de la section et du militant’ : ‘De façon certes caricaturale, au lieu de dire : ‘les bougnoules à la mer’, disons qu’il faut ‘organiser le retour chez eux des immigrés du tiers monde’. »

On apprend ainsi qu’en vue des élections municipales de 2014, Marine Le Pen, « qui a compris depuis longtemps l’intérêt de structurer son parti par la formation des militants », a mis en place  » un dispositif complet de formation : plus de 600 stages financés quasi intégralement par le parti ». Le tout, sous la houlette de Louis Aliot, vice-président du parti. « Dans les stages qu’ils suivent le week-end au siège du FN à Nanterre, un épais classeur est remis aux candidats Bleu Marine. En fin de stage, les adhérents sont tous notés. »

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Les dessins, bleus, de Julien Solé accompagnent les textes de l’historienne Valérie Igounet. Des illustrations qui rendent la lecture plus ludique, définitivement attractive. Mais le dessinateur ne s’est pas contenté de très bien illustrer le riche exposé de l’historienne, il a accompagné cette dernière, le 23 novembre 2013, à une session de formation. Sils n’ont pu assister à l’intégralité de celle-ci, il livre néanmoins son ressenti et ses observations. Ce qui a frappé le dessinateur ? La diversité des profils des candidats aux élections, qui ont de 18 à plus de 60 ans, la moitié d’entre eux se présentant pour la première fois aux municipales. Mais aussi le discours lisse, « clean ». « Je m’attendais à entendre encore plus de saloperies », confie-t-il.

Passionnant sur la partie historique, intrigant sur la partie reportage – voire légèrement frustrant du fait de la brièveté de l’immersion –, voilà une bien belle association historienne-dessinateur.

« Les meilleurs ennemis. Tome 2 », de Jean-Pierre Filiu et David B.

Parmi les sujets qui font la Une : le conflit syrien (sur lequel « La Revue dessinée » n° 3 revient d’ailleurs aussi, avec la rencontre entre Karim Lebhour, correspondant à l’ONU, et les dessinateurs James et Thierry Martin). Et comprendre ce qui se joue actuellement en Syrie passe par une meilleure connaissance du passé de la région. C’est précisément sur ce point qu’intervient le deuxième conseil de la semaine.

« Les meilleurs ennemis. Tome 2 », de Jean-Pierre Filiu et David B. (Futuropolis)

Jean-Pierre Filiu, ce nom vous dit peut-être quelque chose : on doit à cet historien professeur à Sciences po et grand spécialiste du monde arabe de nombreux ouvrages, en plus de profiter régulièrement de ses analyses et autres éclairages par le biais des médias. Or il se trouve que cet universitaire est également… passionné de bande dessinée. Avec – le grand ! – David B., il s’est ainsi lancé dans une aventure ambitieuse et passionnante : retracer les relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient et ce, depuis leur création. Rien que ça !

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Si la première partie mettait en perspective un siècle et demi (1783 – 1953) de ces relations pour le moins agitées, ce deuxième volume met en scène des événements majeurs d’un passé récent ; ce « passé qui ne passe pas », comme n’a de cesse de nous le rappeler l’actualité. Périlleux exercice. Le résultat ? Un album dense et riche, jamais indigeste. Loin d’être tombé dans le piège de la recherche de l’exhaustivité, Jean-Pierre Filiu réussit à rendre claire et accessible une histoire complexe pourtant par bien des aspects. David B. fait quant à lui la démonstration de son inventivité unique. Illustrant un récit certes passionnant, mais – nécessairement – assez linéaire, il réussit à faire siens les différents épisodes et à injecter au récit une forte dose de folie et de symbolisme, d’imaginaire. Fort. Très fort.

« Normal », de Joann Sfar

Retour en France avec Joann Sfar et notre Président… normal ? Croquer François Hollande : le dessinateur s’est pris au jeu, visiblement inspiré par ses déboires amoureux. Jour après jour, on l’a ainsi vu – et attendu – poster ses croquis sur Instagram ; sans agressivité ni parti pris. Les voici réunis dans un petit livre, drôle et léger.

« Normal », de Joann Sfar (Dargaud).