Violences faites aux femmes : victimes ou confident(e)s, comment réagir ?

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Publié le 25/11/2016 par TRD_import_DelphineDauvergne ,
Les violences faites aux jeunes femmes sont variées et pas forcément identifiées comme telles dans un premier temps. Jalousie excessive, relation non consentie, examen médical agressif… Concernée ou confident(e), voici quelques conseils pour vous aider.

« De la jalousie au contrôle des relations, jusqu’à une position sexuelle non consentie », énumère Sonia Pino, psychoclinicienne et cofondatrice de l’association Elle’s imagine’nt, les violences faites aux femmes sont multiples. Celle-ci intervient dans des collèges et lycées pour faire prendre conscience aux jeunes que certains actes, comme fouiller dans le téléphone portable de sa petite copine, sont déjà une forme de brutalité.

Pour Lou, 24 ans, les comportements maltraitants de son petit ami ont commencé de manière verbale. « Il est passé des dénigrements aux humiliations, du genre « Si tu n’avais pas de pieds tu ne porterais pas de chaussures alors pourquoi tu portes un soutif ? » ». De « l’humour » pour lui, mais ressenti comme du « harcèlement » pour elle.

Mettre un mot sur une violence

« Dès que vous avez le sentiment que quelque chose n’est pas normal, il faut en parler à une amie. On a plus de mal à raconter les choses négatives à son entourage, parfois par honte, mais le dire à haute voix, c’est aussi pouvoir en prendre conscience « , explique Sonia Pino.

Lou a consulté un psy, qui l’a aidée à comprendre que le problème ne venait pas d’elle. Suite à son expérience, la jeune femme conseille de « bien choisir les personnes à qui on se confie , notamment parmi ses proches, car certains ne comprennent pas. Il faut que la personne respecte notre ressenti « .

Rupture, porter plainte… à chacune ses choix

Si votre amie reste avec un petit copain violent,  » il faut respecter la temporalité de la personne , elle n’est pas prête tout de suite à une rupture ou à porter plainte, cela peut prendre des mois », souligne Sonia Pino. Pas facile notamment d’accepter l’échec d’une relation amoureuse.

« Les jeunes femmes sont souvent pleines d’espoir avec leurs premiers amoureux. On peut commencer par leur dire notre inquiétude pour elle, pour lui, pour leur couple. Sans forcément parler de rupture », suggère la psychoclinicienne. Une manière de commencer à réfléchir sur ce qui ne va pas.

Porter plainte est souvent difficile. « La plupart des agresseurs sont des proches à la personnalité forte. Les jeunes femmes ont peur qu’on ne les croit pas, par manque de confiance ou de preuves », constate Emmanuelle Piet, présidente du collectif féministe contre le viol, qui gère la ligne d’écoute Viols-Femmes-Informations (0800 05 95 95). À chacune de faire comment elle le sent.

Se confier dans un cadre bienveillant

Ambre, 22 ans, étudiante à Paris 1, a reçu un soutien important de ses proches , qui ont tout de suite compris qu’elle avait subi un viol, malgré le contexte médical. Se rendant chez un radiologue pour des échographies, elle est confrontée à un examen violent. « J’ai mis du temps à réaliser que c’était un viol, ma meilleure amie m’a aidée, en me laissant assimiler peu à peu que cette technique invasive avait été faite sans mon consentement et que ce n’était pas à moi de me sentir humiliée », témoigne-t-elle.

« Je conseille plutôt d’ en parler sur des groupes de discussions féministes , car la maladresse des proches est parfois dévastatrice « , ajoute Ambre, qui a été aidée sur la page Facebook "L’empêcheuse de penser en rond". À garder en tête si c’est à vous qu’une amie se confie :  » Votre rôle principal est d’écouter et ne pas émettre de jugement « , martèle Sonia Pino.

Le fautif, c’est l’agresseur

 » Il ne faut jamais critiquer la manière dont s’est comportée la victime , c’est la première règle. Beaucoup de personnes ont des paroles malheureuses : pourquoi tu n’as pas résisté, crié, pourquoi tu te promenais habillée comme ça à cette heure-là… L’ensemble de la responsabilité de l’agression, c’est l’agresseur « , insiste Emmanuelle Piet. N’hésitez surtout pas à vous faire aider, le premier pas est souvent difficile à faire seule.