Un élève au lycée est harcelé : et si je l’aidais ?

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Publié le 17/04/2015 par TRD_import_VirginiePlaut ,
Faire l'autruche en esperant que le harcelement envers ce garçon ou cette fille que vous connaissez vaguement finira par s'arreter tout seul ? Non, ne revez pas, ça n'arrivera pas ! En revanche, que vous l'aidiez peut changer le cours des choses. On vous donne des pistes pour agir.

« Pendant des mois, je me suis contentée de fermer les yeux, de regarder ailleurs… j’en ai vraiment honte, reconnaît Chloé, élève en terminale ES. Ce groupe de filles impressionnait un peu tout le monde. Elles parlaient plus fort que les autres, avaient l’insulte facile, racontaient partout qu’elles n’hésitaient pas à se battre… On voulait tous éviter de se retrouver dans leur ligne de mire. Pendant un temps, elles avaient pris pour cible l’une des élèves de ma classe. Très bonne en cours, mais timide et solitaire, pas du tout habillée à la mode, pas très délurée. Bref, le souffre-douleur idéal. »

Faire front avec la victime

Alors, Chloé et ses camarades ont fait le dos rond. Et ne se sont jamais interposés, comme s’ils craignaient que la foudre des harceleuses ne leur tombe dessus. Jusqu’au jour où la jeune fille a décidé de réagir. Et plus de huit mois après, elle se souvient encore du déclic. « C’était en cours d’anglais, elle venait une nouvelle fois de se faire humilier devant tout le monde dans les couloirs. J’ai croisé son regard. Un regard tellement las… désespéré même. J’ai senti une telle détresse que ça m’a fait un électrochoc. Je me suis dit qu’elle n’était vraiment pas en mesure de supporter une nouvelle attaque de leur part. »

Alors Chloé a décidé de l’aider à faire front. Et a convaincu ses amis de faire de même. Plutôt que de laisser isolée la lycéenne victime, ils l’ont entourée, se sont mis à côté d’elle en cours ou au self, l’ont raccompagnée chez elle… et l’ont défendue contre les attaques de ses bourreaux. Et en quelques semaines seulement, le harcèlement a quasiment pris fin. « Si on avait su que ça pouvait être si facile ! »

« Si le harceleur agit en toute impunité, c’est parce que personne ne réagit »

Car souvent, il suffit d’une ou deux réactions pour que les harceleurs cessent. C’est sur ce point qu’insiste Marina, infirmière scolaire dans la région dijonnaise. « En réalité, le harceleur n’est pas un grand courageux. S’il fait le malin et agit en toute impunité, c’est parce que personne ne réagit. C’est de l’esbroufe. Il fait peur aux autres, leur fait croire qu’il pourrait très bien changer de victime et s’attaquer à eux. C’est comme ça qu’il obtient leur silence complice. Mais si jamais quelques ‘spectateurs’ se rebellent, s’ils n’ont plus leur public, les harceleurs arrêtent leur manège. »

Faire appel aux adultes

Cette aide des autres, Maeva l’a attendue pendant des mois.C’est lorsqu’elle est arrivée en 2nde que son cauchemar a commencé. Une histoire de garçons en est à l’origine. « L’une de mes harceleuses avait jeté son dévolu sur un mec de ma classe, qui lui n’était pas intéressé. Mon malheur, ça a été que je m’entendais bien avec lui, mais attention, sans aucun sous-entendu. Elle a été vexée et s’en est pris à moi. *Ça a été l’enfer.

*

L’humiliation, la peur permanente. Dans les couloirs, dans la cour du lycée… mais aussi en pleine ville. Je n’en pouvais plus.  » Personne n’a réagi. La jeune fille ne dormait plus, ne mangeait plus.  » À Noël, ma sœur qui était partie à l’étranger pour faire ses études m’a à peine reconnue, se souvient Maeva. À force d’insister, j’ai fini par me confier à elle. Elle m’a convaincu de parler à mes parents. « 

Faire appel aux adultes, c’est l’autre réflexe à avoir. « Souvent, l es victimes s’imaginent que les profs, surveillants ou autres adultes de l’établissement sont conscients de tout ça et ferment les yeux « , déplore l’infirmière scolaire. “Ce n’est pas le cas. Ce n’est pas toujours facile de faire la différence entre des lycéens qui se charrient – souvent cela nous paraît très violent mais ils nous assurent qu’ils plaisantent – et de réelles brimades. Et puis, souvent, les enseignants se disent que s’ils interviennent, cela sera contreproductif pour l’élève cible. C’est compliqué pour eux. Alors, lorsqu’il s’agit de harcèlement, il faut absolument venir en parler à un adulte du lycée : infirmière, CPE, surveillants, professeurs… Lorsqu’on est avertis, on est beaucoup plus vigilants. « 

Maeva et ses parents ont choisi la solution radicale : le changement d’établissement. “Lorsqu’on est allés voir l’administration du lycée pour leur demander de m’aider à changer en cours d’année, ils ont essayé de me convaincre de rester, ils m’ont dit qu’ils allaient m’aider à régler ça. Mais je n’avais plus la force de supporter une seule humiliation. J’ai pu changer de lycée, recommencer avec une page blanche… un vrai miracle ! J’allais en cours avec le sourire, j’ai eu mon bac sans problème, réussi mes études. Tout cela s’est passé il y a sept ans et je commence seulement à pouvoir passer devant mon ancien établissement sans avoir le cœur qui bat la chamade. Heureusement que ma sœur m’a forcée à parler, m’a soutenue. Dommage qu’aucun de mes camarades de classe ne l’ait fait. Ça aurait été bien moins dur. »

Check-list pour aider un camarade de classe harcelé

#1. Repérer les signes d’un harcèlement

Malheureusement, les victimes de harcèlement ont tendance à se cacher. Si l’un de vos camarades est devenu plus triste, ne mange plus, ne dort plus, ne travaille plus…, essayez de creuser !

#2. Entourer la victime

Le drame de la victime du harcèlement, c’est qu’elle est isolée. Entourez-la. Asseyez-vous à côté d’elle en classe, mangez ensemble à la cantine, rentrez ensemble du lycée… Moins elle sera seule, moins elle risquera d’être la cible de ses harceleurs.

#3. Ne pas entrer dans le jeu du harceleur

Le meilleur allié du harceleur, c’est le spectateur complice. Qu’il rit des brimades ou qu’il se contente de se taire, c’est ce public qui « encourage » le harcèlement. Alors, au minimum, ne riez pas et ne faites pas suivre les photos ou vidéos humiliantes.

#4. Réagir en groupe

Pas facile de réagir seul, surtout si les harceleurs sont plusieurs. Discutez avec vos amis, convainquez-les et faites front à plusieurs.

#5. Dénoncer le harcèlement

Les conséquences du harcèlement peuvent être très graves. Et la victime préfère souvent se taire. Faites appel à des adultes : les parents du harcelé si vous les connaissez, un prof, un CPE, un surveillant, une infirmière scolaire… Il ne faut pas laisser la situation empirer.