Tomber amoureux(se) de son prof : pourquoi vous n’êtes pas le (la) seul(e)

No thumbnail
Publié le 06/02/2013 par TRD_import_MariaPoblete ,
Si le Président de la République lui-même a pu tomber amoureux de sa prof, ça peut arriver à n'importe qui d'entre nous. Mais ça peut aussi s'expliquer très logiquement.

En psychanalyse, on appelle ce mécanisme « d’amour » : le transfert. C’est le moment où le patient tombe amoureux de son analyste. Cette force d’amour n’est pas adressée à lui (à ses beaux yeux, à son sourire, à sa personne), mais à une figure, réelle ou non. C’est comme une force, une projection et… un phénomène embarrassant !

 » Cela arrive dans toutes les professions où l’autre est à une place de savoir, une place enviable, et qui est susceptible de donner ce qu’on n’a pas , explique Mireille Cifali. Ce transfert d’amour rend cette personne désirable, non pas pour elle-même, mais pour ce qu’elle apporte et ce à quoi elle renvoie. »

Un vrai moteur… de l’apprentissage !

En clair, on tombe amoureux de son prof alors qu’on ne le connaît pas ! « Un enseignant est la cible privilégiée du transfert : répétition, déplacement des affects, confusion, poursuit notre spécialiste. C’est à lui d’accueillir cela comme il se doit, avec distance ! Certains prennent cela comme des flatteries. » Or cet amour est en réalité un moteur… de l’apprentissage ! On aime ceux qui nous apportent leur savoir, leur passion. On peut faire corps avec la philo, le français ou les sciences. On peut aimer littéralement une matière, une œuvre !

Vincent, qui enseigne la philo depuis plus de 20 ans, ne dit pas le contraire : « Le transfert, oui, je le sens. C’est présent. Certains élèves sont très intéressés par notre personne ! On ne fait pourtant rien de spécial envers eux. En revanche, j’avoue l’utiliser. C’est un moyen pour faire travailler la classe. Ça crée une émulation, une dynamique. Ces élèves-là posent des questions à la limite du cours, ils élargissent aux rapports humains. Ça me donne l’occasion de montrer que beaucoup de questions peuvent être abordées sous un angle philosophique. »

Une expérience qui influence vos choix

Pour certains élèves, cet échange peut générer une vocation. Paola, 30 ans, montre une photo qui date de la fin des années 1990. Elle est en seconde. Deux adolescentes enlacent un homme, très chaleureusement. « C’est le dernier jour de classe, on est heureux et tristes de se quitter. C’était notre trio amoureux. Enfin, c’est comme ça qu’on l’appelait avec ma copine. Le prof était charmant, érudit, rigolo et super beau. Avec lui, la SVT, c’était de l’art et des fous rires.

C’est mon amie qui m’a empêchée de lui avouer que j’étais dingue de lui. Elle disait qu’on aurait des problèmes parce qu’on était mineures. Moi, j’étais assez délurée, j’avais déjà couché. Mais je ne regrette pas de n’avoir rien tenté. On se serait pris, au pire, un mauvais savon, au mieux, la honte. À cet âge-là, on ne se rend pas compte. On se raconte des histoires ! On aimerait se projeter vite dans une vie de femme. Aujourd’hui, 15 ans plus tard, je ne risque pas de l’oublier : je suis devenue ingénieure agronome ! »