SOS, je suis tête en l’air : qu’est-ce que je peux faire ?

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Publié le 29/10/2014 par TRD_import_MariaPoblete , Mis à jour le 28/09/2023 par TRD_import_MariaPoblete
Vous perdez toujours vos cl es, votre portable, votre manteau… Quand vous n'oubliez pas votre livre d'histoire… pile la veille de l'interro. Ras-le-bol de vos etourderies qui parfois vous coutent cher ? Voici nos astuces pour arreter de semer vos affaires.

_Vous étiez pourtant persuadé(e) de l’avoir rangé dans votre sac, ce carnet de correspondance que vous devez faire signer. Raté ! il est encore une fois resté dans votre casier… // © PlainPicture.

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« Je perds toujours mon portable, mes clés, ma carte de cantine, mon vélo ! C’est comme ça depuis le collège et, maintenant, au lycée, je souffre de ce que je considère comme un handicap, raconte Victorine, 17 ans, en 1re L au lycée Claude-Monet à Mortagne-au-Perche [61]. Ces moments d’inattention me jouent des tours : la semaine dernière, j’ai oublié un livre dans mon casier, la veille d’un gros contrôle. J’habite à la campagne et j’ai supplié mon père de m’accompagner en catastrophe chez une copine faire des photocopies du chapitre ! »

« Ça passe si on améliore sa capacité d’attention ! »

À certains moments dans sa vie, on peut être plus ou moins tête en l’air, distrait, absent à certains événements et oublier ses affaires. Est-ce grave, docteur ? « Pas du tout ! répond Jacques Hugon, chef du service de la consultation mémoire de l’hôpital Fernand-Widal à Paris. Dans la plupart des cas, ces oublis sont compréhensibles et, souvent, le symptôme de périodes spéciales. À l’adolescence et à l’entrée à l’université, les jeunes sont préoccupés par leur nouvelle situation. Des changements importants s’opèrent en termes physiques et pratiques : on quitte le cocon familial, on apprend à s’organiser dans sa scolarité et sa vie quotidienne, cela crée de l’inquiétude. » Comme le dit avec philosophie notre docteur, inutile de s’inquiéter : « Ça arrive à tout le monde et, surtout, ça passe si on améliore sa capacité d’attention ! » Question de bon sens et de méthode.

To do #1 : sachez définir ce qui est essentiel

Le bon sens, Damien, 20 ans, étudiant en L2 (licence 2) de LLCE (langues, littératures et civilisations étrangères) anglais, espagnol à l’Institut catholique de Paris, a appris à l’intégrer.  » Depuis l’école primaire, je sème mes affaires, témoigne-t-il. Quand je suis arrivé à la fac, ce n’était plus possible, ça allait m’être fatal, j’ai pris la décision de me donner des priorités. Par exemple, le lundi matin, si je devais ne retenir qu’une chose, c’était de penser à mes affaires de sport parce que j’allais à l’escalade le soir : c’est l’information principale que je retenais depuis le dimanche soir. C’est en acceptant de ne plus vouloir me souvenir de tout que je retiens l’essentiel.  »

Ce que Damien applique, c’est ce que les spécialistes conseillent pour une bonne concentration. « Nous sommes tellement sollicités par l’environnement que, sans les mécanismes de l’oubli, notre cerveau risquerait de mourir d’overdose d’informations, explique Marie-Josèphe Chalvin, psychopédagogue et auteure d’ ‘Apprendre mieux pour les nuls’ (éditions First). Ces instants de distraction sont nécessaires, car ils permettent d’être absent du monde par moments pour pouvoir classer et encoder. Accepter certains zappings du cerveau, c’est lui permettre de mémoriser plus durablement et d’oublier moins d’informations pratiques. »

To do #2 : ayez recours aux listes, aux plannings…

Encore faut-il être capable de ne pas mettre tous les évènements dans le même sac et au même niveau. C’est l’objectif d’Édith, 17 ans, en terminale L au lycée Thiers de Marseille (13). Élève en option arts plastiques, Édith avoue avoir l’impression de s’être laissé emporter par une certaine idée de la vie d’artiste.  » C’est à la mode d’être tête en l’air, surtout dans ma section, il faut ‘créer’ sans se soucier des problèmes matériels. C’est bien pour ceux qui arrivent à gérer, mais, moi, je me suis fait avoir en essayant de coller à cette image. Résultat : j’ai souffert parce qu’il faut quand même apprendre de nombreuses notions et avoir une certaine discipline.  »

« Bien vu, note Marie-Josèphe Chalvin, l’école, c’est routinier, avec des techniques, de la méthode, ce n’est pas un lieu de rêve, même en section arts ! » Son conseil : établir des plannings, prioriser ses apprentissages, faire des listes de matériels et d’objets à ne pas oublier.

To do #3 : ayez des objectifs pour vous aider à rester concentré(e)

Encore faut-il comprendre a minima pourquoi il faut le faire ! Leçon de vie à emprunter à Antoine, 17 ans, élève en 1re STMG (ex-STG) au lycée Turgot de Paris. « Je n’avais jamais mes affaires de cours, je les laissais dans le bus ou chez mes copains, se souvient Antoine. Après le redoublement de ma seconde, j’ai mûri d’un coup et j’ai arrêté de faire n’importe quoi. C’est comme si en me motivant j’avais aussi retrouvé l’envie de ne pas tout oublier tout le temps ! »

Laure de Balincourt, coach pour adolescents et jeunes adultes, le confirme : « L’attention et la motivation sont intimement liées, lorsque nous sommes clairs sur nos objectifs, ce qui semble important est mieux mémorisé, intégré. »

To do #4 : alarmes, SMS… organisez-vous pour agir tout de suite

Et si la motivation tarde à arriver, vous pouvez aussi user de moyens modernes. Comme Pedro, 17 ans, en 1re STL spécialité biotechnologies au lycée Galilée de Gennevilliers (92). « Je commence à me connaître, depuis le temps que je me fréquente ! plaisante Pedro. J’ai dans mon sac à dos un carnet et un crayon, il ne suffit pas de se dire « tiens, il faut que je pense à telle chose », il faut l’écrire de suite ! C’est comme si je me prenais au mot. Si j’oublie mon carnet, j’utilise mon iPhone, je m’envoie des SMS ou des mails, je mets des alarmes. Ça demande de l’organisation, mais c’est efficace. »

« Cette méthode est infaillible parce que Pedro ne se contente pas de dire : ‘OK, je penserai à ça plus tard’, il le fait aussitôt, assure Alain Lieury, professeur et auteur du ‘Livre de la mémoire’ (éditions Dunod). Pour que ça fonctionne, il est indispensable de ne pas utiliser de conditionnels : ‘Il faudrait que je pense à ceci, je devrais faire cela…’ À trop les employer et à ne pas noter immédiatement vos priorités, votre ‘zombie’ intérieur vous guette et décèle votre indécision et votre absence d’énergie pour agir. »

To do #5 : reposez-vous (parfois) sur votre entourage

Soline, 14 ans, en 3e au collège Boris-Vian de Lille (59), ne quitte jamais sa bande de copains et copines. « On compte beaucoup les uns sur les autres. Comme je suis la tête de linotte de la bande, les autres m’aident à vérifier ce qu’il faut pour le lendemain ; on fait des listes pour les choses importantes. Quand il y a un contrôle, une copine m’envoie des messages sur Facebook pour que j’y pense. » Amandine, 17 ans, en terminale au lycée du Paraclet à Quimper (29), s’est longtemps appuyée sur sa mère : « Elle me laissait des messages le matin. Maintenant, j’essaye d’y penser par moi-même. »

Pour apprendre progressivement à être dans le temps présent et à vous concentrer sans avoir besoin des amis ou des parents, Laure de Balincourt, coach, conseille un exercice quotidien : « Pendant trois minutes, regardez attentivement un objet sur votre bureau : crayon, trousse, classeur, puis fermez les yeux et figurez-vous mentalement les détails de l’objet, son environnement : le crayon brille-t-il ? Est-il situé à côté d’un papier rose ou bleu ? » En effectuant cet entraînement, vous exercez votre capacité à focaliser votre attention. Un premier pas vers l’âge adulte ? Car v os parents ne seront pas toujours derrière vous pour vous rappeler que vous avez piscine ou que vous devez racheter une énième tenue de sport.

To do #6 : soyez (un peu) matérialiste

Oscar, 18 ans, en école d’ingénieurs à l’université Paris 7, a mis du temps avant de prendre conscience de ce qu’il appelait son « inconscience économique ». « Pendant mon enfance et mon adolescence, mes parents me répétaient que le matériel, les biens n’avaient aucune importance et que l’essentiel dans la vie c’était l’esprit, les idées, le savoir ; j’ai appliqué le concept au point de ne porter aucun intérêt aux choses ! J’oubliais toutes mes affaires, à l’école, chez les amis. Puis j’ai réalisé que les choses avaient une valeur, un prix, et que mes parents n’avaient pas les moyens de me racheter des baskets tous les mois ! Je suis donc devenu un peu matérialiste… mais pas que pour des raisons économiques ! »

L’avis de l’expert : « L’être humain n’est pas conçu pour rester concentré pendant des heures ! »

Coach pour adolescents et jeunes adultes, la psychologue Laure de Balincourt est auteure et fondatrice du « Parcours du loup blanc » (1).

“La distraction exclusive peut être le signe d’une démotivation. Un jeune motivé parvient à se concentrer. Regardez au football : quand on joue, on n’oublie pas de vouloir marquer un but ! Alors, oui, nous avons tous une capacité de concentration, à condition de le vouloir. Cela peut aussi se travailler, s’exercer et s’éprouver chaque jour. Je conseille de ne pas trop se surcharger d’objectifs. Il faut essayer d’être réaliste par rapport aux demandes et exigences du milieu scolaire. Et ne pas oublier que les pauses sont une nécessité. L’être humain n’est pas conçu pour rester concentré pendant des heures ! En l’espace d’une heure de cours, vous avez besoin de faire au moins une pause, toutes les trente minutes. Dites-vous : “Ça y est, je prends ma pause.” Vous fixez un point du mur, de votre bureau… en laissant vagabonder votre pensée, pendant quinze secondes. Puis vous réenclenchez sur une écoute attentive. Il n’y a rien d’irrémédiable, tout s’apprend.”

(1) Plus d’infos surwww.parcoursduloupblanc.com .