SOS ! Je suis convoqué à un entretien d’embauche à la dernière minute

No thumbnail
Publié le 10/07/2015 par TRD_import_AudeLorriaux ,
Vous aviez envoye 70 CV, passe une trentaine de coups de fil et commenciez tout juste a desesperer quand soudain, une des entreprises que vous aviez sollicitees vous appelle. Belle surprise, mais votre interlocuteur veut vous voir dans trois heures. Vous n'etes pas chez vous, ni en tenue, ni prepare psychologiquement, mais impossible de laisser passer cette opportunite. Trendy vous aide a faire face avec les conseils de quatre recruteurs.

Sachez d’ores et déjà une chose très importante : un entretien de dernière minute peut être un véritable atout. D’une part, on sera certainement plus indulgent avec vous sur certains points et d’autre part, vous serez sans doute plus « naturel », ce qui plaît énormément aux recruteurs. Ne soyez donc pas trop stressé de ne pas connaître le nombre d’employés de l’entreprise ou certains détails.

Misez sur la spontanéité !

« Le candidat qui a tout préparé, cela se sent et ce n’est pas positif, estime Cécile de Guillebon, directrice de l’immobilier et services généraux chez Renault. C’est au contraire une véritable occasion de montrer que vous savez vous adapter, que vous êtes flexible, souple… et spontané ! Quand j’étais étudiante en Allemagne j’ai passé une vingtaine d’entretiens, et celui pour lequel j’ai été prise était celui que j’avais le moins préparé. »

« Cela permet de se concentrer sur l’essentiel, car on n’a pas le temps de se mettre la pression. Du coup le stress est réduit. C’est une vraie occasion pour ne pas se noyer ni s’affoler », complète Karine Rougé, directrice générale adjointe de la filiale Smart building de Suez environnement, qui estime « désastreux » les entretiens où le candidat « se fabrique un personnage ».

Directrice de la formation et du développement chez Deloitte, Carole Chabalier se rappelle ainsi une anecdote à propos d’un candidat « trop préparé, trop parfait » : « C’était en quelque sorte négatif, car je n’arrivais pas à savoir qui se cachait derrière cette personne. » Prise de doute, elle a quand même appelé un peu plus tard ce jeune homme en lui donnant « une minute pour la convaincre », prenant ainsi complètement au dépourvu l’impétrant. « C’était magique, sa personnalité est alors apparue », se souvient-elle.

Listez vos compétences et travaillez votre intro (de 10 à 30 minutes)

Ceci dit, avoir un peu préparé mentalement son entretien – ne serait-ce que sur le chemin si c’est vraiment « tout de suite » – est tout de même important. Le plus urgent est de faire la liste de ses « compétences distinctives », autrement dit, selon Cécile de Guillebon, « des petites choses qui vont faire qu’on va se rappeler de vous ». Comme cette année d’étude à l’étranger qui vous a ouvert l’esprit, cette activité de bénévole dans laquelle vous vous êtes investi pendant des années, ce livre ou cet album ou toute autre œuvre réalisée, même non produite, mais qui vous tient à cœur et révèle une autre partie de votre personnalité, ou encore cet oncle commissaire-priseur à Drouot et qui vous a donné le goût de l’art, comme le mentionne la cadre de chez Renault.

Il faut, pour chacune des compétences que vous mettrez en avant, faire l’effort de formuler et développer en quoi elle vous distingue. Et ne pas se contenter, par exemple, comme l’explique Nadine Foulon Belkacemi, directrice Orange Nord de France, de dire que vous avez « monté une entreprise », mais décrire cette expérience et ce qu’elle vous a apporté.

Après avoir repassé en mémoire vos points forts, pensez à les hiérarchiser pour être capable de vous présenter en dévoilant toujours le plus important en premier. Que l’on ait ou pas un entretien de prévu, il faut pouvoir, lorsque l’on entre dans la vie active, avoir toujours un petit « pitch sur soi-même » déjà prêt, conseille Carole Chabalier.

Ce petit discours doit être « digéré et ancré dans » la personne qui va à l’entretien. Un candidat devrait même pouvoir se présenter « dans toute situation, par exemple lorsqu’il croise un dirigeant dans un ascenseur », détaille la responsable de chez Deloitte, qui conseille de « s’entraîner à dire l’essentiel en 20 secondes, 1 minute ou 3 minutes » en « parlant avec ses tripes ». Même conseil de Karine Rougé, qui estime que ces quelques phrases permettent ensuite de « se mettre en confiance ».

Préparez quelques questions (de 5 à 15 minutes)

Vous paniquez car vous avez l’impression de ne rien savoir sur l’entreprise ? Et bien, demandez au recruteur ce que vous ignorez ! Cela témoignera de votre curiosité et transformera ce que vous croyez être une « lacune » en atout. « Beaucoup de candidats oublient que l’entretien est un moment d’échanges, estime Karine Rougé. Dans la plupart des cas, ils s’enferment dans la récitation du site Web. Or savoir poser des questions sur la culture de l’entreprise, les attendus par rapport au poste, les zones de risque, etc. démontre de la maturité. C’est une force de savoir retourner la relation et de montrer qu’on est à l’écoute et cela permet de casser le côté formel de l’entretien. On se met sur un pied d’égalité dans le bon sens. »

Évidemment, si vous avez déjà une certaine connaissance de l’entreprise et que vous pouvez identifier rapidement ce que vous pourriez lui apporter, c’est un plus, selon Nadine Foulon Belkacemi : « Et même si on n’en a pas immédiatement besoin, c’est quand même positif. Cela prouve que le candidat s’est renseigné sur l’entreprise.  » S’il postule chez Orange, par exemple, il est bienvenu pour un ingénieur de dire qu’il souhaite « être actif dans la transformation de l’entreprise dans le digital. »

Vérifiez l’actualité de l’entreprise (de 10 à 20 minutes)

Évidemment, savoir déterminer ce que l’on va pouvoir apporter à une entreprise est plus facile si on la connaît un peu. C’est sûrement déjà le cas si vous avez postulé, mais si ce n’est pas le cas, c’est le moment de vous rattraper. Ou de rafraîchir vos connaissances : en 10 minutes, vous pouvez – avec votre smartphone si vous n’avez pas d’ordinateur à portée de main – aller sur le site Internet de l’entreprise et regardez la rubrique « À propos » ou « présentation de l’entreprise/ du groupe ». Essayez de chercher le nombre d’employés, le nom des trois principaux dirigeants et leur parcours. Regardez la rubrique actualité si elle existe ou à défaut les communiqués de presse dans l’onglet « presse » ou « médias ».

Avec 10 ou 20 minutes de plus, vous pouvez taper le nom de l’entreprise dans un moteur de recherche d’actualités pour voir si elle n’a pas fait l’objet le matin même d’une grosse OPA ou qu’un changement de direction n’est pas intervenu, ou toute autre nouvelle importante.

Si vous n’avez ni smartphone ni connexion à proximité, ou que vous avez un peu plus de temps pour approfondir, sollicitez vos contacts et amis ! Appelez tous ceux qui sont déjà passés par cette entreprise si vous en connaissez ou ceux susceptibles de vous mettre en relation avec quelqu’un dans l’entreprise. Si vous avez Internet, postez un message sur les réseaux sociaux. « Et si vraiment vous n’avez pas d’amis disponibles, pas de cybercafé à proximité, pas de smartphone, il est toujours possible de passer à l’accueil de l’entreprise et demander une brochure », conseille Carole Chabalier.

Une connaissance zéro de la boîte pour laquelle vous postulez vous pénaliserait peut-être, ne zappez donc pas ces quelques minutes si vous en avez le temps ! « J’ai vu des étudiants qui ne savaient quasiment pas pour quelle entreprise ils postulaient. Donc si on a deux heures, il faut bien les utiliser à fond », conseille Cécile de Guillebon.

« Soignez » votre look (de 5 à 60 minutes)

Si vous êtes chez vous, enfiler un costume, un tailleur ou tout autre vêtement le plus correct possible ne vous prendra pas longtemps. Les choses se corsent si vous débarquez d’un avion après vos vacances ou recevez une invitation à venir « tout de suite ». Mais là encore, ne vous découragez pas si vous êtes en chemise hawaïenne ou en espadrilles, votre inventivité peut retourner la situation à votre avantage !

Une situation loufoque, qui s’est pourtant présentée une fois à Nadine Foulon Belkacemi, qui a tout de même embauché le frais vacancier. La recruteuse avait en effet essayé de joindre plusieurs fois un candidat, sans succès. Logique, il était en vacances à l’étranger. Mais sa réaction fut parfaite au sortir de l’avion, puisqu’il appela directement la directrice de la compagnie de télécoms immédiatement après avoir rallumé son téléphone, au sortir de l’avion. Cette dernière lui a alors demandé de venir « tout de suite », la période de recrutement étant presque close.

Dans un tel cas, prenez de la distance avec votre image et essayez de faire quelques efforts dans le temps imparti, pour montrer votre bonne volonté. « Il sentait bon malgré l’avion, il avait dû piquer du parfum en passant dans la boutique aéroport », en rit encore Nadine Foulon Belkacemi, qui a beaucoup apprécié ce candidat arrivé en short, mais qui a précisé dès le début qu’il avait « quand même acheté sur le chemin une paire de baskets pour éviter de se montrer en tongs ». « Il a joué la carte de la sincérité. Il m’a raconté ses vacances. On a établi un lien très différent. Ce qui m’a permis de voir qu’il était très naturel et ouvert », se souvient-elle. « C’est pire d’être tout mou et avachi en costard, que de se tenir droit et de paraître dynamique en jeans et baskets », confirme Karine Rougé. En résumé : vous n’avez rien à perdre, alors détendez-vous, et tentez le tout pour le tout !