Six mangas pour devenir accro à la littérature

Aventure : « Les Trois Mousquetaires »

« Les Trois Mousquetaires », par Russkey, d’après l’œuvre d’Alexandre Dumas, 9,75 €, aux éditions Nobi Nobi.

Le jeune d’Artagnan n’est encore qu’un cadet de Gascogne quand il décide de monter à Paris pour intégrer la fameuse troupe des mousquetaires du roi. Sur place, son caractère bien trempé le poussera très vite à défier en duel ceux qui deviendront par la suite ses plus fidèles amis : Athos, Porthos et Aramis, tous trois déjà membres de la fameuse compagnie. Unis, les quatre compères devront voyager jusqu’en Angleterre pour contrecarrer les plans du vil cardinal de Richelieu et sauver l’honneur de la reine.

L’Aventure historique avec un grand A, voilà ce que nous propose Alexandre Dumas. Et c’est avec un plaisir intact que le lecteur découvre cette adaptation en manga signée par le duo d’illustrateurs Russkey. Et il faut bien l’avouer, le genre se prête à merveille aux combats de cape et d’épée, plus intenses que jamais. Fer de lance d’une nouvelle collection « les Classiques en manga » chez Nobi Nobi, cette adaptation des « Trois Mousquetaires » réussit son pari : rendre abordable, aux lecteurs de tout âge, une œuvre dense et puissante et donner envie de se plonger dans le texte original.

Société : « Les Misérables »

« Les Misérables », par Variety Artworks, d’après l’œuvre de Victor Hugo, aux éditions Soleil Manga, 6,99 €.

Adapter le roman-fleuve de l’un des plus grands écrivains français en moins de deux cents pages : voilà le projet fou que s’était fixé le studio Variety Artworks, spécialisé dans la transposition de grandes œuvres littéraires en manga. Et aussi surprenant que cela puisse paraître, le pari est rempli haut la main ! Jean Valjean le bagnard repenti, les méchants Thénardier, la pauvre petite Cosette, l’émouvant Gavroche chantant sur les barricades et l’horrible Javert, ils sont tous là.

Quel délice de les retrouver dans des aventures dépeignant au mieux la réalité sociale de la France du XIXe siècle. Bien entendu, une telle adaptation a nécessité quelques sacrifices : certaines parties du roman sont entièrement éludées et la fin, légèrement réécrite. Qu’à cela ne tienne, en reposant l’ouvrage, vous ne crierez ni au parjure ni à l’infamie. Vous aurez, au contraire, une furieuse envie de profiter du talent narratif et poétique du grand Victor Hugo et de vous jetez sur ses romans. Après tout, c’est bel est bien là le but de cette collection : donner une envie de redécouvrir les plus grands classiques.

Amour de la lecture : « Le Maître des livres »

« Le Maître des livres », tome 1, par Umiharu Shinohara, en 3 tomes aux éditions Komikku, 8,50 € l’unité.

Une folle envie de lire de vrais livres, voilà ce que procure le manga d’Umiharu Shinohara. Et pour ce faire, pas besoin d’adapter telle ou telle histoire. Non, c’est en parlant des plus grands romans avec justesse et sensibilité que ce « Maître des livres » parvient arrive à nous emporter dans l’île aux trésors de Stevenson ou dans le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède.

Vous ne vous trompez pas, il est ici bien question de littérature pour enfants. Et pour cause, l’histoire dépeint le quotidien de Mikoshiba, bibliothécaire travaillant pour le compte de l’établissement « La Rose trémière », de ses collègues et des habitués. Conseillant aussi bien les plus jeunes que leurs parents, et même quelques adultes venant découvrir les ouvrages à côté desquels ils sont passés, c’est avant tout au lecteur, forcément grand enfant, que le héros s’adresse. Les relations entre personnages, très travaillées, sont toutes autant d’arguments pour redécouvrir des grands classiques et pour en apprendre un peu plus sur les métiers du livre.

Histoire romanesque : « Guerre et Paix »

« Guerre et Paix » par Variety Art Works, d’après l’œuvre de Léon Tolstoï, aux éditions Soleil Manga, 6,99 €.

Si vous n’avez jamais pensé lire « Guerre et Paix », il est temps de découvrir l’immense œuvre de Léon Tolstoï. Avec comme toile de fond, les guerres napoléoniennes, cette fresque historique (1805-1820), vous emmène dans les intrigues de la noblesse russe, au milieu de la prise de Moscou par les armées de Napoléon et du terrible incendie qui ravagea la ville.

Parmi la foule de personnages qui peuplent le roman, les auteurs du studio Variety Art Works se sont concentrés sur une poignée d’entre eux dont le prince André, Pierre, pétri d’idées révolutionnaires, et la troublante Natacha, dont les destins s’entrecroisent. S’attaquer à un monument de la littérature, surtout quand il fait 1.580 pages est un sacré défi ! Bien sûr, l’histoire a été sensiblement édulcorée. Mais si vous ne le connaissez pas encore, vous serez pris par l’intensité de l’intrigue. Et peut-être aurez-vous envie de vous immerger dans le roman ?

Drame : « Madame Bovary »

« Madame Bovary », adaptée de l’œuvre de Gustave Flaubert, par Yumiko Igarashi, aux éditions Isan manga, 27 €. Comprend aussi le texte intégral.

Emma est une jeune femme de la bonne société éduquée au couvent, et pétrie de littérature romantique. Elle qui rêve de voyages et de bals, commence à s’ennuyer ferme dans sa ville de province. Et son mari, Charles Bovary, simple officier de santé, est bien loin de l’homme romantique auquel elle rêvait. Que l’auteur du célèbre manga « Candy » adapté en dessin animé dans les années 70 s’attaque au monument de Flaubert, cela peut surprendre ! Mais au final, Yumiko Igarashi a bien réussi ce Shojo (mangas pour filles) grâce à sa grande maîtrise de l’intrigue et des émotions.

Fresque : « À la recherche du temps perdu »

« À la recherche du temps perdu », adaptée de l’œuvre de Marcel Proust, par Variety Art Works, aux éditions Soleil Manga, 9,90 €.

Le narrateur est le fils unique d’une famille bourgeoise et rêve de devenir écrivain. Et quand il trempe une madeleine dans la tasse de thé que lui propose sa mère, cela réveille en lui des souvenirs enfouis : Combray, le village normand de son enfance, mais surtout le plaisir qu’il ressentait lorsque sa mère venait l’embrasser dans son lit ; et l’angoisse, quand la venue à la maison de Swann, coqueluche de la haute société parisienne, l’empêchait de profiter du baiser du soir.

Même si vous n’avez encore jamais eu le courage de terminer « À la recherche du temps perdu », il n’est pas trop tard pour vous atteler à cette adaptation de la création de Marcel Proust (1871-1922). Ambitieux, ce manga consacre un chapitre par livre (« Du côté de chez Swann », « À l’ombre des jeunes filles en fleur »…). Ce qui permet d’avoir une vision globale de l’œuvre.