Quelle hygiène pour les pratiques orales ?

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Publié le 20/10/2017 par TRD_import_CarolineMichel ,
Cunnilingus, fellation, anulingus : quand la langue est au cœur de nos relations sexuelles, quelles mesures d’hygiène est-il important de respecter ? Réponses avec Patrick Papazian, médecin sexologue.

Qui pratique le sexe oral se demande forcément quels sont les bons réflexes d’hygiène à avoir. Une question qui revêt plusieurs aspects : la propreté, les odeurs mais aussi les maladies et infections, la bouche étant un vecteur de transmission. Pour être en mode ‘safety sex’, voici les conseils que vous attendez tous.

Peur des mauvaises odeurs ?

Au moment de l’acte, d’un coup, un sentiment de gêne vous envahit concernant l’hygiène ou l’odeur de votre sexe pour votre partenaire qui se lance dans une fellation, un cunnilingus ou un anulingus. Et bye bye le plaisir ! Ce complexe – fréquent – tourne parfois à l’obsession. Au point d’être trop vigoureux au moment du nettoyage des parties intimes ! Attention, le sexe se nettoie en douceur (pas de gant ni de fleur de douche) et une fois par jour. Quant à l’utilisation de savon, c’est à pH neutre, le plus naturel possible, et si vous le pouvez spécialement indiqué pour la toilette intime.

Notez que les filles ne doivent pas laver leur vagin, autonettoyant, au risque d’abîmer leur flore vaginale. Les garçons doivent, quant à eux, ne pas oublier de se décalotter pour nettoyer l’ensemble du sexe. Inutile d’en faire davantage, surtout pas de se parfumer. « Les odeurs naturelles jouent un rôle dans l’attirance sexuelle. Qui dit odeurs dit substances sécrétées – les fameuses phéromones – pour manifester un désir. Elles peuvent être, dans une certaine mesure, excitantes », rappelle Patrick Papazian, médecin sexologue.

Adopter une bonne hygiène

Prendre une douche après chaque passage aux toilettes ? Vous risquez d’agresser votre corps. Le conseil de base est de bien essuyer après chaque passage aux toilettes. Et concernant l’anulingus ? L’érotisme est mis à mal par la potentielle présence de matière. La zone se lave au salon, sans recourir à la poire à lavement. Et le corps humain est si bien fait que, en dehors des moments où l’on va aux toilettes, l’anus reste propre. Pour cela, il faut bien s’essuyer d’avant en arrière afin d’éviter que les selles entrent en contact avec vos parties intimes.

« Pour éviter les irritations voire les hémorroïdes, on ne frotte pas à outrance avec le papier », rappelle Patrick Papazian, qui ajoute qu’ « une bonne hygiène de l’anus passe également par une bonne hygiène de vie : buvez beaucoup d’eau, mangez des fibres et bougez, pour ne pas être constipé ». Un anus bien lavé se doit, de toute façon, de faire partie de vos principes de vie.

Éviter les petits bobos

Si votre partenaire a une irritation ou une mycose, il est préférable d’ éviter les rapports sexuels le temps du traitement. Des candidoses génitales peuvent survenir après une fellation ou un cunnilingus si vous ne vous êtes pas lavé les dents. « Il est nécessaire de bien se laver après la pratique sexuelle, car le sucre déposé peut favoriser le développement des champignons » prévient le médecin.

Si vous utilisez des gels et préservatifs parfumés – de la banane au chocolat en passant par le goût mojito – même réflexe, car ces substances sont allergènes et peuvent favoriser les inflammations et les surinfections mycosiques, chez le donneur comme le receveur.

Se protéger des IST

Si vous ne connaissez pas l’état de santé de votre partenaire, les rapports oraux sont à proscrire. Vous risqueriez d’attraper une IST. La bouche est une muqueuse et le risque d’infection est d’autant plus élevé que les sécrétions (cyprine, liquide pré-séminal et sperme) y sont importantes. Et pendant les règles ? « Il faut être conscient que le sang peut transmettre des IST comme l’hépatite C, l’hépatite B ou le VIH par exemple », notifie le spécialiste.

Quant à l’hygiène bucco-dentaire, elle est aussi importante. Le sexologue conseille « une bonne hygiène bucco-dentaire pour limiter la possibilité d’attraper ou transmettre des bactéries ou virus. Des gencives inflammées accueillent plus facilement toutes ces « saletés ». En ça, se laver les dents juste avant un rapport est dangereux car les gencives peuvent être fragilisées par le brossage, les micro-saignements favorisés et le risque de transmettre ou attraper une IST plus fréquent ».

*Quid des fumeurs ? *

**Selonune étude publiée dans le "Journal of the American Medical Association" en 2014, les risques sont plus importants pour les fumeurs (même les « petits » fumeurs) de contracter le papillomavirus HPV16, transmis par la fellation ou le cunnilingus, que l’on trouve dans 80 % des cancers de la gorge. « Les fumeurs ont une immunité locale fragilisée par cette ‘inflammation chronique’ entretenue par le tabagisme. Il est logique de penser que la transmission des IST peut être favorisée, notamment celle des papillomavirus. La seule chose possible : arrêter complétement de fumer… En effet, ne pas fumer juste avant ou après un rapport ne changera pas grand-chose. On ne dispose d’aucune donnée sur la cigarette électronique, même si on peut imaginer qu’elle présente un risque moins important à ce niveau », commente le médecin sexologue.