Quand ma mère se projette trop dans mes études

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Publié le 30/01/2015 par TRD_import_Anne-SolangeTardy ,

Il arrive parfois que notre petite maman, en nous voyant prendre le chemin des études, se prenne à rêver à tout ce qu’elle n’a pas fait, comme la fête, par exemple, elle qui a passé des nuits entières à bosser comme une folle, des études d’arts au lieu du droit, une cinquième année d’études pour finir un cursus inachevé, ou encore passer une année à l’étranger…

Le malheur, c’est qu’elle a l’impression que si on réalisait ses rêves pour elle, ce serait un peu comme une session de rattrapage.

Myriam, chercheuse à la place de sa mère

Ainsi, Myriam a mis du temps avant de comprendre qu’elle était en train de vivre les rêves de sa maman, et non les siens : “Maman rêvait d’être chercheuse et, toute mon enfance, elle m’a dépeint ce métier comme le plus beau, le plus noble et le plus passionnant qui soit. C’est tout naturellement que je me suis donc inscrite en biologie, sitôt le bac en poche. À la fin de l’année, j’étais désespérée : je m’ennuyais à mourir, les matières ne m’intéressaient pas et je commençais à me rendre compte que je ne travaillais même pas pour obtenir un métier qui me plairait, mais qui me permettrait de bien gagner ma vie. Complètement déboussolée, j’ai passé tout l’été à me poser mille questions, j’ai discuté avec des conseillers d’orientation, passé des tests… J’ai même consulté un psychologue. Il m’a fallu plusieurs mois pour tout remettre à plat, mais j’ai fini par le trouver, mon truc à moi : le commerce ! Depuis, tout est rentré dans l’ordre et maman est ravie de me voir si épanouie.”

Une mère traumatisée par les longues études

Autre exemple, la maman de Lÿa a été traumatisée par de longues études : “Ma mère a fait de très longues et brillantes études de lettres classiques. Mais après avoir achevé son doctorat, elle a eu de grandes difficultés à trouver un emploi et en a toujours gardé un très mauvais souvenir. Alors lorsque je lui ai annoncé à mon tour que je comptais entreprendre de longues études – je prépare des études d’océanographie – elle était plus que réticente. Elle n’arrive pas à comprendre que ce n’est pas du tout la même chose, que mes études seront beaucoup moins théoriques que les siennes et que mon avenir professionnel s’annonce en réalité plutôt bien.”

Pas toujours simple de gérer les angoisses des parents, mais Lÿa termine sur une note joyeuse en précisant : “Je suis donc la seule étudiante française à être encouragée par sa mère à sortir, s’amuser et enchaîner les soirées BDE. Classe, non ?”

“Ma mère a peur de mon futur job”

Amélie rencontre une problématique encore différente : “Ma mère a peur de mon futur job. Il y a quelques mois, mon rêve s’est enfin réalisé : j’ai réussi le concours pour devenir officier de la police nationale. Pour ma mère, c’est comme si j’avais signé mon arrêt de mort. À chaque fois que je sors de la maison, elle m’embrasse comme si on ne devait plus jamais se revoir, elle pleure dès que je raconte la moindre anecdote un peu sensible… un enfer. J’aimerais tellement qu’elle puisse voir mon futur métier à travers mes yeux…”

À moins de faire eux-mêmes partie d’une profession à risques, peu de parents voient d’un bon œil que leur enfant embrasse une carrière policière ou militaire…

Peut-être faudrait-il montrer à ces mamans angoissées la réalité de ce métier, trouver des chiffres qui puissent lui prouver que la dangerosité, si elle est réelle, reste relative, voire, pourquoi pas, lui demander de vous accompagner une journée en situation, histoire qu’elle puisse le constater de ses propres yeux… Souvent, on a surtout peur de ce qu’on ne connaît pas, c’est peut-être un moyen de remettre les choses à leur place ?