Le retrait n’est définitivement pas une méthode de contraception !

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Publié le 14/11/2017 par TRD_import_CarolineMichel ,
À celles et ceux qui se protègent d’une grossesse non désirée en pratiquant le retrait, quelques explications pour vous convaincre qu’il n'est en aucun cas un moyen de contraception !

À la suite des différents scandales concernant les pilules de 3e et 4e générations et le stérilet hormonal Mirena, de nombreuses femmes sont désireuses de revenir à des méthodes de contraception naturelles, qu’elles jugent plus saines. Certaines peuvent alors imaginer le retrait comme une technique de contraception à envisager.

Mais le retrait, dit aussi coït interrompu, ne protège absolument pas d’une grossesse non désirée (et encore moins des infections sexuellement transmissibles) , comme nous le rappelle Patrice Lopès, gynécologue et coordinateur de l’ouvrage « Questions Sexo » (Éditions Eyrolles).

Maîtriser son éjaculation : mission impossible ?

Pour comprendre pourquoi la méthode du retrait n’est pas efficace, il faut d’abord savoir en quoi elle consiste : lors du rapport sexuel l’homme se retire du vagin afin d’éjaculer à l’extérieur. Mais le retrait nécessite de la part de celui-ci une parfaite maîtrise de son éjaculation. Or cette dernière est un réflexe, autant dire que la commander n’est pas toujours simple.

« L’orgasme fait perdre l’état de conscience normal, il est donc fréquent que le contrôle ne se fasse pas, même si l’expérience contribue à améliorer cette technique », explique Patrice Lopès. Avec toute la volonté du monde, une connaissance de soi et une concentration absolue, se retirer ne se fait pas toujours dans les temps.

Le liquide pré-séminal contient des spermatozoïdes

Le liquide pré-séminal perle sur le gland lors de la phase d’excitation , et contient parfois des spermatozoïdes.

« Le nombre de spermatozoïdes est faible mais peut être suffisant pour permettre une fécondation « , précise l’expert. Si l’homme se retire à temps, c’est-à-dire avant d’éjaculer, il n’empêche pas qu’un spermatozoïde (il suffit d’un !) a peut-être pris de l’avance.

Le retrait n’est jamais fiable

Une éjaculation pas simple à contrôler, du liquide pré-séminal qu’on ne peut ignorer… Tout cela mène le retrait à un taux d’échec de 4 % en théorie (c’est ce que l’on appelle l’indice de Pearl, autrement dit le pourcentage d’échec d’une méthode quand elle est utilisée de manière optimale) et de 27 % en pratique ! Pour vous donner un ordre d’idée, celui de l’implant contraceptif est de 0,05 % et en pratique, son taux d’échec est également de 0,05 % !

« Globalement, l’index de fécondabilité d’une femme pour un rapport sexuel en période d’ovulation est de 25 % », chiffre l’expert. Les chances de tomber enceinte en période d’ovulation sont importantes alors se fier au retrait est (évidemment) une mauvaise idée… Et les femmes peuvent tomber enceintes à n’importe quelle période du cycle, même pendant les règles ! Ce n’est donc jamais le bon moment pour le retrait !

Contraception : je me prends en main !

Le seul moyen de se protéger en amont d’une grossesse non désirée est d’envisager, avec votre gynécologue, une méthode contraceptive qui vous convient. « La méfiance ambiante à l’égard des pilules œstroprogestatives et du stérilet Mirena n’est pas justifiée si le médecin établit pour chaque personne la balance des bénéfices et des risques », explique le gynécologue.

En d’autres mots, adopter un contraceptif est une question personnelle : ce qui convient à l’une ne convient pas nécessairement à l’autre. Le gynécologue vous conseillera selon vos habitudes, votre mode de vie, vos craintes aussi. Et opter pour une méthode n’empêche pas de faire marche arrière.

*Efficacité des méthodes contraceptives selon l’OMS 2011, « Méthodes contraceptives : focus sur les méthodes les plus efficaces disponibles », mars 2013, mise à jour septembre 2016, HAS.