Pourquoi on est accro aux rencontres sur Internet ?

No thumbnail
Publié le 04/01/2018 par TRD_import_ClaireChédeville ,
Scotché à votre téléphone, écran ouvert sur une appli de rencontres, vous "swipez" tantôt à droite, tantôt à gauche d’un œil distrait. Trouver un "date" ? Un jeu d’enfant. Mais pourquoi est-ce devenu un mode de vie pour beaucoup d'entre vous ?

« J’ai rencontré mon copain sur Internet, en jouant à ‘World of Wordcraft’. On a commencé à discuter, et depuis, on ne se quitte plus », raconte Sofya, 20 ans. Réseaux sociaux, applications, sites ludiques… Internet regorge de moyens pour vous entraîner à chatter et à dénicher « le coup d’un soir » ou parfois même l’âme sœur.

Catherine Lejealle, sociologue spécialisée dans les usages du numérique et professeure à l’ISC Paris, souligne le besoin de votre génération à communiquer au-delà de sa sphère privée : « On n’ose plus ‘parler’, mais on ‘chatte » en permanence. Internet est devenu un village planétaire dans lequel on peut faire son choix de partenaire. »

Des besoins assouvis rapidement

« Sur Tinder, on peut trouver tout ce que l’on souhaite tout de suite. Si on veut passer la soirée avec quelqu’un, on est satisfait très rapidement, c’est le principe », raconte William. C’est d’ailleurs comme cela que le jeune homme a rencontré son copain :  » On s’est donné rendez-vous au bout d’une semaine, et notre relation a très vite commencé. « 

Selon la sociologue, ce type d’application séduit par ses côtés ludique et simple d’utilisation : « Les jeunes adultes se fichent des critères affichés sur des sites plus classiques. Ici, ce qui compte, ce sont les amis ou les intérêts en commun, et plus encore, l’image que l’on renvoie. »

Biberonnés aux réseaux sociaux, certains d’entre vous ont contourné leur timidité grâce à Internet. Pour Catherine Lejealle, c’est une rupture par rapport aux générations précédentes : « Sur ce type d’application, du fait de la géolocalisation, la rencontre est quasi immédiate. C’est une génération en demande permanente. Leur façon de communiquer est dans l’immédiateté et l’éphémère , comme sur Snapchat et les stories. »

Les applications de rencontres permettent de consommer « l’amour », à l’image d’autres applications qui proposent des services, telles que Blablacar ou Uber.  » Quand on commande un Uber, il arrive dans les minutes qui suivent. Sur Tinder, c’est un peu la même chose : il suffit d’un ‘match' », pointe Sofya.

Pour une nuit ou pour la vie…

« À cet âge-là, lorsqu’on va sur Tinder ou Happn, c’est rarement pour chercher l’âme sœur. C’est souvent juste pour s’amuser. Ou pour combler une solitude », souligne la sociologue. Pour certains, c’est une évidence, ces applications ne proposent rien de sérieux et ne sont utiles que pour traverser un désert affectif : « J’utilise cette application entre deux histoires d’amour, je sais que je n’y rencontrerai jamais l’homme de mes rêves. Mais certains sont devenus des amis et parfois, c’est plus important », renchérit Olivia, 21 ans.

Pourtant, certains y ont trouvé leur « belle histoire ». William s’est installé avec celui qu’il a rencontré il y a deux ans : « Au début, on s’amusait ensemble, puis on est tombés amoureux. Nous n’aurions jamais pu nous rencontrer dans la vraie vie, c’est ça qui est génial aussi. » Même scénario pour Sofya, qui vient de voir son « crush » la rejoindre à Paris : « Il vivait à Marseille et il a quitté son boulot pour que l’on emménage ensemble. »

Alors le « grand amour », possible ou pas ? Pour Catherine Lejealle, un « sexfriend » n’est pas très épanouissant sur le long terme : « La sexualité est plus satisfaisante si c’est une relation prolongée ». Collectionner et ne pas s’engager flatte l’ego, mais trouver la bonne personne renforce la confiance en soi.

Sans danger ?

« Le risque premier, c’est de ne pas avoir un vrai flash pour l’autre. On ne sélectionne plus une personne, mais des critères mentionnés sur une application « , rappelle la sociologue. La rencontre réelle perd de son essence, il n’y a plus de place pour le coup de foudre et l’inconnu.

Le danger peut venir également de la personne qu’on rencontre , qui peut dissimuler sa véritable identité : « Sur Tinder ou Happn, les profils proviennent directement du réseau social Facebook. Ce genre de risques est vraiment très limité », ajoute Catherine Lejealle. Mais sur d’autres sites, l’individu avec qui vous discutez peut mentir sur son identité. Vos seuls recours : tenter de la vérifier ou bien n’utiliser que des applications sécurisées.