Pourquoi être « ami » avec son prof sur Facebook ?

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Publié le 09/01/2013 par TRD_import_AgnèsMorel ,
30 millions de membres Facebook rien qu'en France : il y a des chances que vos profs y soient aussi ! Avez-vous int eret a vous en faire des "amis" et que pouvez-vous vraiment en attendre ? Les conseils de ceux qui ont tente l'experience.

Lou a 15 ans. Il y a quelques mois, elle a demandé à sa prof de français de devenir son « amie » sur Facebook. Dans quel but ?  » Pour gagner en popularité , avoue la lycéenne, parce que cela fait classe d’avoir 3.000 amis. Et puis aussi par curiosité, pour voir ce que les profs postent sur leur mur, si c’est intéressant ou non. » Son enseignante a « accepté », mais sur son profil « pro » , qu’elle réserve à ses élèves. Pratique pour laquelle certains enseignants optent.

Une vie plus tellement privée

D’autres choisissent de n’avoir qu’un seul compte, mais en limitant leurs publications. C’est le cas de Sandrine, prof d’anglais au lycée, à Nantes.  » Depuis que j’ai des élèves dans ma communauté, j’ai arrêté de mettre en ligne des infos trop personnelles. Surtout, j’évite de changer mon statut de manière trop impulsive et je bannis toutes photos de mes vacances, car je sais qu’ils me lisent ».

Une vigilance qui est aussi de mise côté élèves, lorsqu’on a accepté ses profs en amis. Ainsi, Shéhérazade a ajouté sa professeure de physique-chimie en paramétrant son compte au maximum : elle a bloqué l’accès à son mur au cercle des intimes. Cela évite d’exposer des situations compromettantes, comme les derniers épisodes de sa vie sentimentale. « Et de ne pas tout mélanger » précise-t-elle.

Sandrine confirme : « Photos de soirées, messages des copains… Souvent, les élèves ne se rendent pas compte de ce à quoi je peux avoir accès. Je ne leur dis jamais de faire ou ne pas faire quelque chose : ils ont des parents. Mais il faut absolument qu’ils verrouillent leur compte , c’est important. »

De vrais avantages ?

Une fois ces précautions prises, avoir ses enseignants comme amis sur Facebook peut être très utile comme un prolongement du cours. « Je ne mets en ligne aucune opinion, hormis des informations sur ma discipline, comme une exposition, un article ou une émission télé , explique Alexandre, enseignant d’histoire-géographie. Un peu comme un blog ».

Même démarche pour Sandrine qui a créé une page spécifique aux élections américaines, au programme du lycée. « Cela tombait pendant les vacances de La Toussaint. Les élèves s’en sont donnés à cœur joie : ils ont mis en ligne des blagues, des vidéos rigolotes, le discours de Barak Obama. Tout ça en anglais ! », se félicite-t-elle.

Shéhérazade, en terminale, compte quant à elle demander des précisions, voire des exercices supplémentaires à son « ami prof » pour préparer le bac blanc. « Sinon, à quoi ça cela servirait ? », plaisante-t- elle. L’avantage du réseau social est en effet de pouvoir communiquer en temps réel. « Un film qui repasse, une absence… Facebook c’est presque plus efficace que le téléphone portable », explique Lou.

Une distance à respecter

Le tout, en marquant toutefois la même distance qu’en classe.  » Ce n’est pas parce que l’on est sur Facebook, qu’on se parle comme de ‘vieux potes’ , poursuit-elle. Oubliés donc le tutoiement, les cadeaux, les invitations aux jeux… ainsi que le langage SMS ou les chats en direct à répétition. Sandrine acquiesce : « Facebook permet de discuter de manière plus décontractée qu’en classe , mais cela fonctionne car les élèves sont très respectueux. Ils ne me tutoient pas plus. Ils gardent une certaine pudeur, je vois qu’ils « likent » quelques posts, mais souvent ils ne font jamais aucun commentaire ».

Pas de vrai lien d’amitié donc, même si une certaine proximité peut se créer. « En aucun cas, je ne deviens réellement leur ami, assure Alexandre, qui ajoute aux élèves qui voudraient bien l’entendre : Souvenez-vous-en, quelques instants plus tard, cela sera ce même ‘ami’ qui va corriger votre copie et remplir vos bulletins ! «