Pourquoi APB nous fait stresser ?

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Publié le 10/03/2017 par bettybetzy ,
ADMISSION POSTBAC - Les choix à faire sur APB pour vos études supérieures sont une source d’inquiétude ? Rien de plus normal, comme l’explique le Dr Dominique Monchablon, psychiatre dans un Relais étudiants lycéens à Paris.

Pourquoi l’inscription sur Admission postbac génère-t-elle tant de stress ?

Dr Monchablon : La question de l’orientation postbac est très importante pour les élèves de terminale : c’est leur premier choix volontariste d’une filière d’études. Il y a donc de l’anxiété par rapport à la liberté de se déterminer tout seul dans sa vie de sujet. Et cela avec une temporalité bien définie [le calendrier APB], ce qui est à la fois nouveau et stressant.

C’est aussi un choix complexe, surtout à cause de la difficulté à se repérer dans l’offre de formations. Par exemple, en région parisienne, les universités n’ont pas toutes les mêmes méthodes d’enseignement, la même ambiance, le même environnement social, le même climat politique… Les lycéens sont à cent lieues d’imaginer que les choses sont aussi complexes et sont démunis au moment de les classer.

La majorité de la cohorte choisit par défaut. Certains partent une année à l’université pour « tâter le terrain », en sélectionnant une licence en fonction des matières qui leur auront plu en terminale, et non des débouchés professionnels.

Comment les lycéennes et lycéens peuvent-ils affiner leurs choix ?

Dr Monchablon : En fonction de leurs objectifs professionnels, Ils peuvent regarder quel est le niveau de sélectivité affiché par un établissement, l’ambiance générale, la faisabilité d’y suivre des études, compte tenu de leur profil scolaire et géographique… Le meilleur moyen pour cela est d’aller aux journées portes ouvertes des écoles et des universités. Ce n’est pas dans les brochures qu’on peut vérifier la satisfaction des étudiants ou l’état d’esprit !

Dans les lycées, le conseiller d’orientation-psychologue est le plus à même de leur présenter les grandes filières de l’enseignement supérieur. Les enseignants sont aussi extrêmement bien placés pour orienter les élèves en fonction de leurs compétences. Les jeunes peuvent également solliciter leur réseau personnel : frères et sœurs, amis des parents…

Quel rôle les parents peuvent-ils jouer ?

Dr Monchablon : C’est un rôle capital. Quand ils sont très présents, on n’attend pas la période d’APB pour se poser la question de l’orientation postbac, on s’y intéresse dès la fin de la seconde. La qualité de la communication intrafamiliale est fondamentale.

Il y a une grande injustice, liée au niveau culturel et social familial, qui influe sur le niveau d’ambition. Lorsque les parents n’ont pas le bac, l’enfant peut subir une pression d’enfer ou au contraire être livré à lui-même… À l’inverse, si un lycéen vise une carrière artistique alors qu’il a grandi dans une famille d’ingénieurs, parviendra-t-il à s’affranchir d’un parcours normatif ?

Les parents peuvent parler de leurs réussites et de leurs échecs passés. La façon dont ils ont géré leur carrière peut influencer les choix de leurs enfants. Des parents autodidactes peuvent rassurer, tout comme des parents très diplômés assurant des fonctions inférieures à celles auxquelles ils pourraient prétendre peuvent décourager. Dans tous les cas, leur regard sur le monde du travail imbibe la communication familiale, et ils doivent être attentifs à ne pas éponger tous les soirs au dîner leurs insatisfactions.

Un mot de conclusion, pour rassurer les terminale ?

Dr Monchablon : Finalement, il y a peu de choix de hasard. Les élèves doivent se faire confiance ! Leurs vœux sur APB correspondent à une partie de leur personnalité ou à leurs priorités à un moment donné. Ils ne doivent pas oublier qu’ils ont le droit à l’erreur. Il existe des passerelles entre les formations, un « semestre repentif » à l’université pour changer de voie, des équivalences…

Choisir, c’est renoncer… Mais il faut plutôt que le vivre comme une expérience courageuse, qui leur apprendra plein de choses !

Pour en savoir encore plus sur APB : rendez-vous sur letudiant.fr

Les choix d’orientation chez les filles et les garçons

À l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la Depp a publié une série de données statistiques sur la réussite comparée des filles et des garçons depuis l’école jusqu’à l’entrée dans la vie active. Elle met en évidence des différences selon les sexes en matière de parcours et de réussite des jeunes, de choix d’orientation et de poursuite d’études entre filles et garçons, qui auront des incidences ultérieures sur l’insertion dans l’emploi, ainsi que sur les inégalités professionnelles et salariales entre les femmes et les hommes.