Pour être heureux, la famille, ça compte !

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Publié le 10/05/2017 par TRD_import_CatherinedeCoppet ,
Entre 18 et 24 ans, vous êtes plus de 6 sur 10 à trouver que la famille est très importante pour être heureux, selon l'enquête Trendy sur le bonheur. Et cela, au quotidien ? Décryptage.

Accorder de l’importance à ses parents et à sa famille pour être heureux… Un sentiment naturel mais qui ne va peut-être pas toujours de soi quand on est jeune ! Selon l’enquête menée par Trendy auprès de plus de 6.500 jeunes, il ressort que seulement 13 % des 18-24 ans citent leurs parents comme les personnes avec lesquelles ils passent le plus de moments heureux, derrière les amis, et leur moitié.

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« C’est à cette période que se passe la différenciation avec sa propre famille , souligne Sophie Braun, psychanalyste et psychothérapeute, membre associée de la Société française de psychologie analytique (SFPA), et auteur de « C’est quand la vie ? Paroles de jeunes, éclairage d’une psy » (éditions du Mauconduit, 2014), chacun cherche son identité , sans parler du fait qu’on souhaite échapper aux angoisses parentales, qui sont très fortes. »

La famille comme socle

Et pourtant… En février 2017, un programme de l’université Paris Dauphine montrait que les étudiants en première année de licence citaient d’abord « maman » puis « mes parents » quand on leur demandait sur qui ils pensaient pouvoir toujours compter. Et ils ne sont pas les seuls ! Selon l’enquête de Trendy, les 18-24 ans citent à 61 % la famille comme élément « très important » pour être heureux.

« Il ne faut pas y voir un paradoxe, commente Sophie Braun, la famille, c’est la sécurité, la base solide qui permet l’envol. Elle est là aussi pour les moments où l’on a envie de redevenir un peu enfant. C’est un âge où l’on est au milieu de forces opposées, notamment sur la question de l’indépendance ! »

Être ou paraître heureux ?

À côté de cette ambiguïté, l’étude pointe une importance du paraître, relativement au bonheur : presque un répondant sur quatre se sent obligé « parfois » ou « souvent » d’être heureux socialement , c’est-à-dire de se montrer heureux aux yeux des autres. « On ressent le besoin d’être pareil que les autres, à tout âge, mais sans doute qu’à cet âge-là, c’est plus assumé, note la psychothérapeute. Ce que l’on montre aux autres est fondamental. « 

Derrière ce chiffre, l’obligation de bonheur à laquelle pousserait notre époque : « On vit dans la nécessité d’être parfait, et avec l’idée qu’être parfait, c’est être heureux. Je vois beaucoup de jeunes dans mon cabinet qui ont l’air d’aller bien, qui soignent beaucoup leur apparence mais qui ont du mal à se projeter dans l’avenir sans angoisse. » En témoigne la faible importance des réseaux sociaux dans le bonheur pour les jeunes interrogés :  » On ne va pas s’exprimer sur les réseaux quand ça ne va pas , c’est plutôt le lieu où tout va bien. Et le lieu de la compétition sur le bonheur aussi », commente la psychothérapeute.

La solitude comme premier réflexe

Quid des ressources qui permettent d’aller mieux face à un « coup de mou » ? Alors que les amis sont cités comme élément fondamental du bonheur, seuls 13 % des répondants estiment qu’appeler un ami est la solution quand ça ne va pas, derrière « regarder un film ou une vidéo », « écouter de la musique » , et « faire du sport ». « C’est le signe d’une certaine solitude sociale assumée : on essaie de fuir, on privilégie l’activité passive , plutôt que de décrocher son téléphone », estime Sophie Braun.

Une solitude qui se retrouve aussi dans les résultats concernant le lien entre être en couple et être heureux, 79 % des répondants soulignant qu’il n’est pas nécessaire d’être en couple pour être heureux. « La vision du couple où on peut se reposer l’un sur l’autre n’est pas évidente chez les jeunes, souligne la psychothérapeute. D’une part, ils ne souhaitent pas s’enfermer dans une relation longue, et d’autre part, ils ont peut-être plus de mal à se rencontrer qu’avant , à aller vers l’autre. » Sophie Braun indique cependant que la plupart des jeunes qu’elle rencontre cherchent l’amour , et que cette question compte énormément dans leur vie.

Impression d’un monde hypertoxique

Enfin, deux autres éléments de l’étude sont à préciser, selon la spécialiste. D’abord l’importance de la santé, placée par 90 % des répondants comme élément important ou très important pour être heureux : « Si, en pratique, ce souci est peu visible chez les jeunes qui, pour certains, consomment cigarettes, alcool et autres drogues, il n’en reste pas moins que leur santé les préoccupe, indique Sophie Braun. Nous vivons dans une époque hypocondriaque , qui donne l’impression que le monde est hypertoxique, que ce soit dans l’alimentation, dans l’air que l’on respire, etc. Les parents ont tendance à ‘hyperprotéger’ leurs enfants… cela a un impact ».

Ensuite, le faible recours au sport comme échappatoire aux difficultés (cité par 16 % des répondants). « C’est étonnant, car beaucoup de jeunes font du sport à haute dose, et y sont parfois dépendants ! Là encore, la question de la perfection du corps peut intervenir, même si, comme toujours, cela dépend des individus ! », commente Sophie Braun. Et comme l’écrivait l’auteur Mariama Bâ dans « Une si longue lettre » (1979) : « Le mot bonheur recouvre bien quelque chose, n’est-ce pas ? J’irai à sa recherche. » Bonne route !