Quand la BD vous fait (re)découvrir l’Histoire #1
« Mauvais Genre », de Chloé Cruchaudet (Delcourt)
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« Mauvais Genre » : surtout pas Poilu !
C’est un – sacré – fait divers ayant marqué les Années folles qui a inspiré Chloé Cruchaud et son magnifique « Mauvais Genre ». Pour réaliser cette bande dessinée, la dessinatrice s’est inspirée du travail de deux historiens – Fabrice Virgili et Danièle Voldman – qui, à l’aide d’archives, ont retracé dans leur essai « La Garçonne et l’assassin » (éd. Payot) le destin d’un couple… hors normes.
Paul Grappe est un déserteur de la guerre 14-18. Envoyé au front, il préfère s’automutiler plutôt que de continuer à vivre et à voir des horreurs. Après des mois d’hôpital, quand son colonel lui annonce qu’il le renvoie au front, en première ligne, Paul choisit de fuir. Pour échapper à la justice, et comme il ne supporte rapidement plus de rester enfermé, il décide de se travestir. Avec l’aide de sa femme Louise, Paul devient Suzanne, couturière et rapidement habitué(e) du bois de Boulogne, déjà lieu d’épanouissement d’un certain nombre de pratiques sexuelles. Et puis arrive le jour tant attendu. Des années après la fin de la guerre, les déserteurs sont amnistiés. Paul peut retrouver son identité. Mais quelle identité ? Troubles de la guerre, troubles des genres… Très bien écrite et subtilement dessinée, « Mauvais Genre » se révèle un bijou de bande dessinée.
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D’une guerre à l’autre : « Revenants » et « Uriel, Samuel, Andrew » propulsent le lecteur aux côtés de jeunes vétérans d’Irak. De traumatismes il est là plus directement, plus frontalement, question. En guise de préambule, quelques chiffres : 70.000 des vétérans de l’après 11-Septembre sont atteints de graves troubles psychologiques ; 22 mettent fin à leur vie chaque jour. Dans « Revenants », Maël réussit une chose assez incroyable : capter l’indicible, donner à voir le ressenti. Cette BD documentaire raconte l’histoire du film d’Olivier Morel, « l’Âme en sang ». Elle montre le réalisateur à l’œuvre, les vétérans et les proches qui se confient, les liens qui se tissent… Mais « Revenants » offre beaucoup plus que cela. Maël met scène avec beaucoup de subtilité et de force les traumatismes de la guerre, des visions, des projections psychotiques, une impression de tomber dans le vide… Un album chargé d’émotions. Fort. Très fort.
**< < « Revenants », de Maël et Olivier Morel (Futuropolis)
Moins original dans l’approche, « Uriel, Samuel, Andrew » (USA) invite le lecteur à suivre le quotidien de trois vétérans tout juste rentrés d’Irak. À travers un récit proche du docu-fiction, Will Argunas offre à voir comment chacun de ces trois hommes vit – différemment, mais toujours mal – son retour au pays. Jamais de pathos, mais pas non plus de surprise. On se laisse guider, sans être totalement happé. Un peu sage. *
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« Uriel, Samuel, Andrews »,
de Will Argunas (Casterman) >>
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