Pokemon Go : attention danger pour vos données privées

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Publié le 24/08/2016 par TRD_import_PaulConge ,
"Gratuit", Pokemon Go, le phénomène de la rentrée ? En apparence seulement. L'éditeur du jeu, Niantic Labs, collecte les données des joueurs avec gourmandise. Selon le même principe : quand c'est gratuit… Vous êtes le produit.

Cet été, Pokemon Go a détrôné en popularité Facebook, Twitter et Snapchat. Vous y avez d’ailleurs sûrement joué, comme 11 millions de joueurs dans 60 pays, générant 350 millions de dollars engrangés pour l’éditeur Niantic Labs. La capture de ces monstres de poche, disséminés dans les rues, surgissant en réalité augmentée sur l’écran de nos smartphones, est un véritable succès. Mais il cache une autre sorte de capture : celle de vos informations personnelles. Décodage.

**1. Pokemon Go et les données : attrapez-les toutes !

Dès l’installation, le jeu est gourmand en données : il requiert un accès à la caméra, à la position géographique de votre téléphone – pour que vous puissiez vous déplacer sur la carte virtuelle – sans oublier vos contacts. Pour vous inscrire, vous passez soit par un compte Google, soit par un compte Facebook, ou bien vous rejoignez le Club des dresseurs Pokémon. Dans tous les cas, le jeu finit par avaler votre adresse email.

Plus secrètement, le jeu incorpore des pixels espions (web beacons) sur certaines pages web, ce qui lui permet de contrôler quels sites vous avez visités. À moins de bloquer le jeu (en bloquant les cookies), impossible de s’en débarrasser.

Initialement, Niantic se gardait même le droit de scanner le compte Google complet de l’inscrit, avant de rétropédaler. *En plus de la géolocalisation, le jeu peut toujours savoir quelle est la dernière page web que vous avez consultée. *

Ce qu’il y a d’exceptionnel là-dedans ? Rien, ou si peu. C’est le cas de la plupart des applications. « La géolocalisation chez Pokemon Go ne me gêne pas plus que ça, étant donné que la localisation sur mon iPhone est pratiquement tout le temps activée », explique Barbara, 20 ans, étudiante en école de commerce à Nancy. Sur jeuxvideos.com, un joueur explique : « C’est pas un secret et c’est loin d’être les premiers à le faire ». Les dresseurs font avec… Sans toujours bien se rendre compte de l’usage fait de leurs données.

2. On flippe maintenant ou plus tard ?

Une enquête de "The Intercept" (en anglais), tire la sonnette d’alarme. Le magazine révèle que l e brevet déposé sur Pokemon Go indique que « l’objectif du jeu peut être directement lié à une activité de collecte de données. [Cela] pourrait inclure une tâche qui consiste à acquérir des informations à propos du monde réel, et que cette collecte conditionne la poursuite du jeu. » Une question reste en suspens : que va faire Niantic avec ces informations ? À en croire sa politique de confidentialité, elles sont tout simplement « considérées comme un actif de l’entreprise » , comme le repère Rue89. Bref, vous leur faites un beau cadeau.

« Les jeux gratuits, comme toutes les apps gratuites, s’appuient sur une économie cachée de la donnée sur smartphone « , prévient la Commission nationale de l’information et des libertés (Cnil), dans une étude sur Pokemon Go.  » La gratuité n’est qu’apparente « , rappelle-t-elle. En contrepartie, l’éditeur du jeu récupère la géolocalisation du smartphone, qui est très utile pour améliorer son ciblage publicitaire.

Cette banque de données, Niantic peut aussi la partager avec ses investisseurs , Nintendo et Google, voire avec ses partenaires commerciaux. Au Japon, des accords ont été signés avec McDonald’s pour que ses restaurants deviennent des Pokéstop ou des arènes, et inciter les dresseurs à s’y rendre. « Je ne serais pas plus tentée d’entrer dans le McDo que si j’en croisais un en me promenant sans jouer à Pokemon Go », réagit Barbara.

3. Bon, on fait quoi alors ?

Pokemon Go ne permet pas de « décocher » la géolocalisation, et n’a pas de mode « do not track » (« ne me tracez pas »). Donc jouer, c’est consentir à donner ses données. Deux options : soit on laisse son Pokédex au grenier, soit  » on est forcés de se soumettre à la logique, en acceptant de nourrir des algorithmes qui vont personnaliser nos recherches, nos publicités », souligne Philippe Vion-Dury. Et puis, allez-vous encore avoir le temps de jouer avec la rentrée ?

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