Picasso, de Vinci… 4 vies de peintre en BD

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Publié le 09/04/2014 par TRD_import_SoniaDéchamps ,
Pas tr es familier avec la peinture ? Voici de quoi vous rattraper avec cette selection de BD qui retracent la vie de quatre grands artistes.

« Léonard & Salaï », de Benjamin Lacombe et Paul Echegoyen

« Léonard & Salaï », de Benjamin Lacombe et Paul Echegoyen (Soleil)

Léonard & Salaï : Léonard, c’est Léonard de Vinci, Salaï, son jeune amant. Ici, les auteurs ont cherché à dévoiler des pans de la vie privée du célèbre peintre, sans pour autant faire de son intimité l’unique sujet de leur album. Bien présentes aussi, les difficultés rencontrées par l’artiste, car non, tout n’a pas été facile pour lui.

L’histoire commence à Florence, en 1490 , quand « par une suffocante journée de printemps (…) un petit voyou des rues (fait) une rencontre qui le (changera) à jamais ». Ce petit voyou, c’est Salaï, « caractériel détesté par ses pairs à l’atelier pour son côté diva », explique Benjamin Lacombe dans un entretien qui suit la bande dessinée, ajoutant que l’on a attribué au jeune homme, « tant il était talentueux », plusieurs des peintures de Léonard de Vinci.

Au détour des pages, un autre nom bien connu, celui de Michel-Ange, le rival. En 1505, Léonard de Vinci commence à colorer sa Bataille d’Anghiari quand celui à qui l’on devra par la suite – et entre autres ! – les peintures de la voute de la chapelle Sixtine se retrouve à travailler dans la même pièce, réalisant sa propre bataille, sur le mur d’en face. Précisons qu’à leur époque, travail pour le Pape oblige, aucun des deux artistes n’a pu officialiser son homosexualité. Apparaît dans Léonard & Salaï un Léonard de Vinci tel qu’on le connaît – qu’on nous le présente – peu. Les auteurs entraînent le lecteur à la découverte de l’artiste, mais aussi de l’homme. Ce premier tome se termine sur l’arrivée d’un certain Francesco Melzi ; l’annonce de la mise en place, dans le 2ème tome, d’un ménage à trois. À suivre. Avec plaisir.

« Harpignies », d’Elric Dufau et François Darnaudet

« Harpignies », d’Elric Dufau et François Darnaudet (Paquet)

Harpignies. Aujourd’hui oublié, cet artiste « fut universellement admiré comme l’un des maîtres du paysage du XIXe siècle », nous apprend la biographie qui accompagne la BD. Dans cet album, les auteurs n’ont pas cherché à retracer in extenso la vie du peintre, il n’y est pas non plus question de faire découvrir dans le détail ses œuvres ; l’intérêt est ailleurs.

Dans cet album, deux époques et deux vies se croisent : celle d’Henri Harpignies – le fameux donc ! – et celle d’Eric Harpignies, son descendant ; un descendant fictif, même si Henri apparaît bien dans l’arbre généalogique d’Elric, le dessinateur de l’album. La peinture lie très directement, ici, les deux protagonistes *: Eric, poussé, il faut le dire, par une charmante jeune femme, décide, pour résoudre ses petits soucis financiers, de peindre de faux tableaux, signés du nom – et prénom ! – de son illustre ancêtre. *Un récit original et léger, frais. Une lecture à vous mettre – mystérieusement – de bonne humeur.

« La vision de Bacchus », de Jean Dytar

« La vision de Bacchus », de Jean Dytar (Delcourt)

Venise, octobre 1510. La Renaissance italienne. Giorgio de Castelfranco est malade (la peste !), mais jusqu’à son dernier souffle, le peintre cherche à recréer une œuvre qui l’a bouleversé comme aucune autre : une toile d’Antonello de Messine connue sous le nom de La Vénus endormie.

Pour comprendre ce bouleversement, les auteurs de cet album nous entrainent alors 35 ans plus tôt ; sur les traces du fameux tableau d’ Antonello de Messine. À l’origine de cette oeuvre : une commande. Celle d’un banquier qui souhaite voir fixée à jamais la beauté – nue – de sa jeune épouse ; une femme sous le charme de laquelle va tomber le peintre. « La vision de Bacchus, c’est celle d’un homme sidéré par la beauté d’Ariane. »

(Cliquer sur les images pour les agrandir)

L’histoire de cette toile est l’occasion de questionner plus largement la notion de représentation, d’évoquer – dévoiler ! – certaines techniques, comme celle de la peinture à l’huile ou encore l’utilisation de miroirs et de lentilles pour approcher le plus possible le réel. Un récit très habilement mis en scène. Le trait est à la fois doux et expressif, fluide sans être lisse, les couleurs particulièrement bien choisies. Magnifique.

« Pablo T.4 », de Julie Birmant et Clément Oubrerie

« Pablo T.4 », de Julie Birmant et Clément Oubrerie (Dargaud)

Voilà qu’arrive le 4ème et attendu tome de Pablo. Quatre albums pour rendre compte de 10 années de la vie de l’un des artistes les plus connus du XXème siècle ; 10 années au cours desquelles Pablo devient réellement Picasso. Dans ce dernier volume, le lecteur découvre ainsi Les demoiselles d’Avignon ; une toile créée sous le nom de Le bordel. Plus que le seul parcours d’un peintre, c’est le Montmartre et les artistes du début du XXème siècle que nous font brillamment pénétrer les auteurs. Quel bouillonnement artistique ! Au fil des pages de ce tome 4, le lecteur peut croiser ici Guillaume Apollinaire, là Henri Matisse, Arthur Rimbaud, Paul Gauguin, Georges Braque, Gertrude Stein ou encore le Douanier Rousseau. Grâce au parti pris narratif et aux magnifiques dessins de Clément Oubrerie, le lecteur a vraiment la sensation de voyager dans le temps. On y est. Et on ne veut plus partir. Quand la dernière page arrive, on aimerait pouvoir y lire : « À suivre ».