Mon accent : atout ou frein en entretien d’embauche ?

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Publié le 09/03/2015 par TRD_import_Marie-AnneNourry ,
Marseillais, ch'ti, etranger… J'ai un accent a couper au couteau, ça craint en entretien d'embauche ? Comment le transformer en atout ? Deux coachs specialises dans la recherche d'emploi vous livrent leurs conseils.

« Quand on évoque Marseille dans le milieu professionnel, les gens pensent aux gangs qui s’affrontent ou à la grève des éboueurs, se désole Rudy Turinay, Marseillais pur souche, aujourd’hui community manager à Paris. Moi je ne veux pas être associé à ces clichés et je préfère gommer mon accent. Quand on me demande d’où je viens, je le raconte sans honte, mais je ne lance pas le débat. »

Que vous soyez natif de la cité phocéenne ou des Antilles, votre accent est susceptible de trahir vos origines dès le premier échange téléphonique avec un recruteur, et certains stéréotypes coriaces risquent de vous desservir. À moins de réussir à en faire un atout, en suivant les conseils avisés de Fadhila Brahimi et Pierre Denier, coachs en recherche d’emploi.

#1. Travaillez votre diction

« Chépa. » Face à un candidat qui mange ses mots, le recruteur peut avoir un ressenti négatif. Votre priorité est donc d’être intelligible, ce qui implique un effort de diction. « En entretien, il est important d’articuler, de poser sa voix, d’avoir un débit qui permet d’être compréhensible », détaille Fadhila Brahimi. Et cela vaut aussi pour les personnes qui n’ont pas ou peu d’accent.

 » Plus jeune, il m’est arrivé plusieurs fois d’être corrigé, y compris par des gens de mon âge, quand j’étais en dehors de Marseille , relate Rudy Turinay. Ça me vexait car je considérais que je parlais correctement le français. Depuis, je m’adapte à l’accent local, que je sois à Paris ou à l’étranger. »

Les expressions du cru sont également à bannir. « Au-delà de l’intelligibilité, les ‘peuchère’ et autres tics ne s’emploient pas dans le langage plus formel du recrutement », souligne Pierre Denier.

#2. Faites le pari d’une connivence avec le recruteur

Le recruteur n’a peut-être pas le filtre négatif que vous imaginez. « Il suffit que le candidat ait vécu une mauvaise expérience une fois pour se construire un scénario et le généraliser », observe Pierre Denier.

Pourtant, en gommant votre accent, vous prenez le risque de passer à côté d’une éventuelle connivence avec le recruteur. « À titre d’exemple, quand j’entends un accent marseillais, je pense à ma grand-mère et j’ai un à priori positif » , illustre le coach. Un pari à tenter.

#3. Assumez votre identité

Enfin, le fait d’assumer son accent, tout en articulant, donne « un enracinement et une puissance au discours » , estime Pierre Denier. L’idée étant de revendiquer ses origines, tout en se mettant à la portée de l’autre grâce à une diction claire.

Et vous contribuez ainsi à faire bouger les mentalités. « Dès l’école, puis dans le monde professionnel, il y a de plus en plus de brassage. La mobilité fait partie de notre vie et vouloir gommer son accent revient à effacer des éléments de son identité , argue Fadhila Brahimi, spécialiste en personal branding. Or, il importe justement de combattre les clichés. » Et l’accent en fait partie.

• Fadhila Brahimi est coach spécialisée en personal branding , directrice de FB-Associés : blogpersonalbranding.com.

• Pierre Denier est coach personnel et professionnel, directeur de HLC Conseils : conseil-emploi.net.