Mes parents + mes notes= trop de pression… comment déstresser les darons ?

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Publié le 16/05/2014 par bettybetzy , mis à jour le 02/10/2023
Ils sont plus tendus que vous a la veille des examens. Toujours sur votre dos a surveiller vos revisions. Multiplient les reproches quand vos notes les deçoivent… Pas simple de gerer quand les parents flippent encore plus que vous pour vos etudes. Comment reussir a faire baisser la pression ? Conseils et temoignages d'etudiants confrontes a des parents "un peu trop stresses".

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© iStock_

« Depuis qu’on a 6 ans, les parents sont contents si on a des bonnes notes et ne sont pas contents quand on a des mauvaises notes. Donc moi, toute ma vie, j’ai eu l’impression de travailler simplement pour mes parents : avoir des bonnes notes me permet d’avoir la paix ! » s’exclame Emma, une lycéenne de « presque 18 ans », actuellement en terminale L.

« Mes parents sont plus stressés que moi »

« Mes parents sont plus stressés que moi, surtout ma mère, poursuit Emma. Pour elle, il y a toujours quelque chose à faire, il ne faut pas perdre de temps. Quand je suis dans ma chambre, ma mère vérifie ce que je fais – ‘en subtilité’, selon elle ! Elle suit aussi mes notes tout au long de l’année et s’assure que je ne suis pas en retard quelque part. » La jeune fille, « partisante du moindre effort », se débrouille quand même pour avoir de bonnes notes, histoire de faire plaisir à ses parents. « En revanche, pour le bac, j’ai envie de l’avoir le plus rapidement possible pour me débarrasser de cette pression ! »

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Cette attitude parentale face à vos examens ne change pas forcément avec le temps, comme le constate Laurie, 25 ans, en master 2 de formateur en sciences économiques et sociales à l’université de Paris 1. « Mes parents sont toujours tendus au moment de mes examens. Mon père le dit peu, mais je sais qu’il est stressé. *Quant à ma mère… ça fait un mois que je connais mes dates d’oraux, mais je lui ai dit seulement la semaine dernière, parce que sinon, elle se met dans des états… *Je sais qu’elle dormira mal tant que je n’aurai pas terminé. »

Pour Anne-Charlotte, 20 ans, étudiante à l’école de psychologues praticiens de Montparnasse, les choses se sont tout de même un peu améliorées à partir du lycée. « Comme j’ai toujours eu des difficultés à l’école, ma mère essayait de me booster, mais parfois ça avait l’effet inverse. Elle était toujours derrière mon dos, toujours à tout surveiller… surtout quand j’étais au collège. Maintenant que je suis dans ma troisième année d’études supérieures, quand j’ai des mauvaises notes, elle se donne quand même le droit de ne pas être satisfaite, d’exprimer son désarroi. Moi je lui dis que ça la regarde pas, que c’est mon avenir, que j’essaie de tout faire pour réussir et que parfois, ça ne marche pas forcément. »

Emma, 18 ans, devant l’université de Jussieu, à Paris. // © N.L.

Une attitude compréhensible… mais parfois difficile à supporter

Anne-Charlotte estime que sa mère ne lui fait pas assez confiance. Elle préférerait lui parler de ses études quand elle le souhaite, au lieu de devoir répondre à un interrogatoire et faire face à des jugements. « Je ne comprends pas que ma mère m’en veuille personnellement par rapport aux notes que je peux avoir. C’est comme si je baissais dans son estime quand j’ai des mauvais résultats. Avant, j’essayais d’avoir des bonnes notes pour elle, mais maintenant, je sais que je le fais pour moi. Cela dit, même si cela me touche moins, je n’aime toujours pas quand elle me fait des remarques comme ‘T’as pas suffisamment travaillé’ ou ‘Tu sors trop en ce moment’ ! »

Laurie se montre plus compréhensive (ou fataliste !) vis-à-vis de ses parents. « De toute façon, le stress, c’est dans leur nature, on peut rien y faire ! Quand ma petite sœur a passé le bac l’année dernière, c’est ma mère qui a pris les médicaments antistress ! »

Emma, lycéenne en terminale L, essaie de relativiser aussi : « Je sais que l’attitude de ma mère est assez légitime, parce que passer le bac est un moment de notre vie décisif… Donc je comprends ma mère, mais j’aimerais juste qu’elle fasse plus confiance à mon organisation. Je ne suis pas quelqu’un d’angoissé de nature, mais il y a plein de mes amis dont les parents leur transmettent leur stress, c’est contre-productif. »

En fait, la plupart d’entre vous aimerait que vos parents vous laissent tranquille, mais « c’est aussi le rôle d’un parent de dire de travailler », estime Emma. « Ce serait bien qu’ils nous montrent plus de confiance et qu’ils nous traitent comme des adultes, parce qu’on commence vraiment à l’être. La terminale, c’est la période la plus frustrante parce qu’en cours, on doit encore demander l’autorisation d’aller aux toilettes, alors qu’on nous demande aussi de choisir ce qu’on va faire dans notre vie. C’est quelque chose de pas vraiment logique ! » conclut-elle.

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Laurie, 25 ans, à la bibliothèque Sainte-Barbe, à Paris. // © N.L._

Les solutions ? Rassurer vos parents et écouter leurs conseils

Que faire face à des parents qui s’inquiètent trop à votre goût ? Les ras-su-rer ! C’est ce que s’est efforcé de faire Maxime, étudiant en master 2 en droit public à la Sorbonne. Ses parents ont commencé à s’inquiéter quand ils ont constaté que leur fils avait des 9 et des 10 au premier semestre, alors qu’en terminale, il avait au moins 14 de moyenne.

« Le pire, c’est que mes parents me voyaient travailler, mais les résultats n’étaient pas à la hauteur. J’ai essayé de les rassurer en leur expliquant qu’en première année de droit, seulement un tiers des étudiants réussissent leur année, et deux tiers échouaient. Et que donc, ils devraient m’offrir un cadeau si j’étais dans le premier tiers ! » explique Maxime en souriant.

Selon Nathalie Isoré, psychologue clinicienne et directrice du service EPE accueil des familles à l’École des parents et des Éducateurs Île-de-France, Maxime a eu tout à fait raison de communiquer cet argument factuel à ses parents. « En donnant des éléments de réalité, vous parviendrez à aider vos parents à relativiser la notation des professeurs – qui n’est pas la même qu’au lycée – et les enjeux », souligne la psychologue.

Vous pouvez toujours écouter ce que vos parents ont à vous dire, et prendre ce que vous voulez parmi leurs conseils. C’est ce qu’on appelle être « un jeune diplomate », il faut « ménager la chèvre et le chou » (façon de parler, aucune allusion ici à vos parents !). D’ailleurs, ce sont les parents de Maxime qui lui ont conseillé de changer de méthode de travail et de demander à des profs ou des chargés de TD comment faire pour remonter ses notes. Maxime a ainsi découvert qu’il ne suffisait pas d’apprendre ses cours et de lire les bouquins demandés en cours, mais qu’il fallait aussi aller lire d’autres ouvrages à la BU (bibliothèque universitaire) pour comparer les différentes visions des auteurs. Finalement, Maxime a eu sa première année, et ses parents ont moins stressé pour les suivantes.

Un peu d’esquive pour être moins « harcelé » !

Une autre possibilité pour ménager vos parents (et donc vous-même !) est de dire les choses au dernier moment, comme l’a fait Laurie. Inutile de donner vos dates d’examens trois mois à l’avance si vous savez que vos parents vont vous « harceler » avec leurs questions sur l’avancée de vos révisions… Impossible à appliquer pour le bac, en revanche, pour lequel les dates sont connues de tous !

Autre conseil de Nathalie Isoré : « Si vous habitez chez vos parents, allez travailler en bibliothèque ou chez des amis, afin de réviser sans avoir l’impression d’être surveillé. »

Finalement, l’important est de rassurer vos parents : « ne t’inquiète pas, je gère » ou « c’est mon affaire ! » sont des mots qu’ils peuvent entendre. Vous pouvez aussi expliquer quels sont vos besoins côté sorties, par exemple (« J’ai révisé trois soirs de suite, ce soir, j’ai besoin de voir mes amis deux heures pour décompresser un peu ! »). Cela peut calmer vos parents de voir que vous avez un planning, que vous gérez votre emploi du temps.

Anne-Charlotte, 20 ans, en quête d’une place à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris. // © N.L.

Parents : lâchez du lest !

Ainsi, Catherine, maman de deux étudiantes et d’un fils en terminale, explique qu’ elle n’est pas préoccupée par les études de sa deuxième fille, en master de droit, « parce qu’elle est très organisée et qu’elle sait exactement où elle veut aller ». En revanche, elle s’inquiète davantage pour son fils lycéen, qui a du mal à se concentrer longtemps pour réviser, et pour sa fille aînée, en dernière année d’études supérieures : « Son manque de confiance en elle peut l’amener à frôler le ‘burn out’ en période d’examens. »

Sachez donc que vos parents stressent plus ou moins en fonction de votre propre caractère et des problèmes que vous avez pu rencontrer dans votre scolarité. Même si vous êtes désormais censé voler de vos propres ailes côté études, certaines habitudes de « coaching rapproché » ont la vie dure…

Pourtant, les parents qui lâchent du lest, ça existe ! C’est le cas de Nathalie, maman de Clémence, une jeune fille de 18 ans qui a obtenu son bac l’an dernier et suit une double licence de droit français-droit anglais à l’université du Kent à Canterbury (Angleterre). « J’ai accompagné ma fille de façon intensive – parfois intrusive – jusqu’au bac et pendant le casse-tête d’Admission-postbac, mais depuis qu’elle a choisi son cursus d’études, je suis soulagée. Maintenant, c’est son terrain, c’est sa vie ! C’est important que les enfants s’approprient leur projet. Je reste évidemment une personne ressource lorsque ma fille en a besoin, mais c’est elle qui me parle spontanément de ses dates d’examens ou de ses notes.  »

De quoi confirmer le pronostic d’Emma, lycéenne en terminale L :  » Ce qui va changer à la fac, c’est je vais travailler pour moi au lieu d’essayer de faire plaisir à mes parents. J’aurai une emprise sur ce que je fais et je pense que j’aurai plus d’autonomie dans mon travail. » Obtenir son bac permet en effet d’alléger la pression parentale… du moins, dans la plupart des cas !

Kit antistress pour parents trop flippés

Cinq conseils que vous pouvez faire lire à vos parents si vous les trouvez trop stressés. Par Nathalie Isoré, psychologue clinicienne et directrice du service EPE-accueil des familles à l’École des parents et des éducateurs Île-de-France.

1. Laissez aux étudiants la responsabilité de leurs révisions et de leurs études : il s ont besoin d’attitudes de confiance de leur entourage pour se faire confiance.

2. Évitez de poser trop de questions : les jeunes doivent pouvoir travailler en sérénité.

3. Pendant les périodes d’examens, occupez-vous davantage de vous, sortez…

4. Si vous êtes inquiet, parlez-en en couple ou avec vos amis plutôt qu’à votre enfant.

5. Vous pouvez donner quelques clés ou repères (conseils d’hygiène de vie…), mais sans en faire trop, sinon vous ne serez pas écoutés.