Ma mère, mon héroïne

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Publié le 25/05/2016 par TRD_import_NatachaLefauconnier ,
Cela fait longtemps que vous ne lui récitez plus de poésie à l’occasion de la fête des mères. Ce n’est pas pour autant que vous oubliez l’importance de votre maman dans votre vie de lycéen ou d’étudiant. La preuve avec Callixte, Lahéla, Tristan et Juliette, qui ouvrent leur cœur à leurs mamounettes, Marie, Myriam, Laurence et Nathalie.

Une chose est sûre : vos mamans sont vos premières fans. Depuis vos premiers pas, elles sont dans les starting blocks pour parler de vos prouesses à leurs collègues, à leurs amies et même à leurs voisins de bus, si l’occasion s’y prête. S’il arrive que vos relations se tendent au moment de l’adolescence, bien souvent, les choses s’arrangent avec le temps. Vous êtes nombreux à en témoigner : vos mamans vous soutiennent dans vos choix et dans les moments difficiles, et vous sortent même de mauvais pas…

Maman Wonderwoman

“Ma mère m’a sauvé la vie plusieurs fois !” lâche Callixte, 20 ans, en prépa PSI (physique et sciences de l’ingénieur) à Paris. “L’été dernier, une fille m’avait fait beaucoup de mal et j’étais en train de ‘crever’ tout seul dans mon coin. J’ai appelé ma mère pour qu’elle me rejoigne en lui disant de ne pas poser de questions, que j’avais besoin d’elle tout de suite. Quand elle est arrivée, elle s’est assise et m’a juste écouté. Du coup, je lui parlé de cette fille, mais aussi de tous mes problèmes de soirées, de drogue, de cul… Elle ne m’a pas engueulé, juste dit d’arrêter de faire n’importe quoi. Et elle m’a donné des conseils pour y arriver.”

Lahéla, 21 ans, étudiante en journalisme à l’ISCPA (Paris), n’hésite pas non plus à faire appel à sa mère, Myriam, dans les situations délicates. “Un jour, j’avais rendez-vous avec un garçon que j’avais rencontré en soirée. Je me suis vite aperçue que ça n’allait pas coller… Alors j’ai envoyé un SMS à ma mère pour qu’elle me passe un coup de fil et m’engueule en me disant de rentrer tout de suite. Elle l’a fait en criant super fort au téléphone, ce qui m’a permis de m’échapper avec une bonne excuse !”

Maman geek

Tristan, 17 ans, lycéen toulousain, entretient lui aussi de très bonnes relations avec sa maman, Laurence. “Ma mère est un peu geek. C’est elle qui m’a transmis toute sa culture en heroic fantasy et en science-fiction. On lit les mêmes bouquins, je trouve ça cool. ”

Tristan n’a pourtant pas le profil type du gros lecteur. “J’ai toujours eu énormément de difficultés à l’école. Ma mère m’a toujours soutenu, c’est vraiment ce que j’aime chez elle. Bien sûr, ça lui arrive de s’énerver… mais je la comprends car je suis insupportable, surtout avec les devoirs ! En tout cas, elle est très patiente et attentionnée.”

Soutenir et comprendre, ça ne veut pas dire tout accepter, comme le confirme le lycéen : “J’ai deux sœurs, qui ont 22 ans et 20 ans. Quand on était petits, dès qu’on disait une grossièreté, notre mère nous demandait de trouver cinq synonymes en langage châtié. Ce qui explique que je ne dis pas trop de gros mots aujourd’hui !”

Maman conseillère d’orientation

Côté études, Tristan est aujourd’hui en première STL (sciences et techniques de laboratoire). Si Laurence l’a accompagné dans sa réflexion d’orientation, notamment en l’aidant à connaître toutes les possibilités qui s’offraient à lui, elle l’a laissé choisir sa voie. Un exemple idéal de copilotage, selon Béatrice Sabaté, psychologue, présidente de l’association Discipline Positive France. “Beaucoup de parents essaient de rester dans le contrôle, mais ils doivent accepter d’être les copilotes de la construction de l’avenir du jeune. Il faut faire avec l’adolescent et non à sa place.”

Une attitude adoptée par Nathalie, la mère de Juliette, 19 ans, en L1 histoire de l’art à Paris-Sorbonne. “Concernant les devoirs, j’ai toujours été très autonome et organisée, donc nous n’avons jamais eu de conflits à ce sujet, raconte l’étudiante. En revanche, ma mère m’a toujours proposé de l’aide si j’en avais besoin. Pour mes révisions, on allait dans son lit le soir et je lui récitais mes leçons. Le lendemain, je savais tout !” Juliette reconnaît que son côté perfectionniste l’empêche de se mettre des limites. “Ma mère m’apprend à relativiser et à persévérer, quels que soient les obstacles.”

Cependant, une intervention maternelle plus intrusive peut se révéler nécessaire. Après avoir décroché son bac, Callixte a quitté le domicile maternel pour un studio. Mais il a mal vécu ses débuts en classe préparatoire. C’est Marie, sa maman, qui a “sauvé” son année : “Quand elle a vu que je passais mes journées à fumer et que je n’allais pas en cours, elle m’a proposé se revenir vivre chez elle. Tous les matins, elle venait me réveiller, parfois elle devait même me jeter de l’eau au visage ! ” se rappelle le jeune homme, qui en rigole à présent.

Maman maniaque

Si Callixte et sa mère Marie entretiennent de bonnes relations, ça n’a pas toujours été le cas. “ Quand j’avais 15-16 ans, j’écoutais du metal tout le temps. Maman, ça lui faisait péter un câble. Pareil pour le ménage : on s’embrouillait souvent sur une chambre pas rangée. Pour moi, c’était pourtant facile à éviter. Je lui disais : ‘Si tu ne veux pas voir la saleté dans ma chambre, tu n’entres pas !’ J’ai compris plus tard qu’elle était un peu maniaque et que c’était important pour elle. Je me rends compte que j’étais impossible à vivre à cette époque.”

Pour Juliette, les tâches ménagères ont aussi été source de conflits avant qu’elle quitte la maison pour l’université Paris-Sorbonne. “ Je travaillais trop et je n’avais pas le temps de faire tout ce que ma mère voulait, comme ranger ma chambre ou m’occuper du linge… Avec mon petit frère, on se battait pour ranger les couverts propres du lave-vaisselle, parce que c’est le plus simple ! Maintenant, quand je rentre je fais tout ce que je peux pour l’aider.”

Maman et moi

Depuis quelques mois, Callixte et sa mère se sont fixé une règle : “Je vais manger et dormir chez elle au moins une fois par semaine”, explique le jeune homme. L’étudiant est parfaitement conscient de ce qu’il doit à celle qui l’a mis au monde. “On dit qu’il n’y a pas d’amour, seulement des preuves d’amour. Ma mère me donne des preuves d’amour irréfutables. Il m’est arrivé d’aller sonner chez elle à 4 heures du mat en étant bourré, en ayant perdu clés et téléphone. Elle ne m’a jamais rien reproché. Elle est géniale, en fait.”

Même écho plein de reconnaissance chez Juliette : “Quand je rentre à la maison, ce qui m’émerveille, c’est de trouver un frigo plein ! J’ai beaucoup d’allergies alimentaires et ma maman me fait toujours de délicieux petits plats adaptés. Elle est présente sans être envahissante, c’est idéal.”

Quant à Lahéla, elle partage une toute autre activité avec sa maman Myriam : “Je rentre à peu près une fois par mois à Rennes. À chaque fois qu’on se voit, c’est journée shopping obligatoire ! C’est vraiment un moment privilégié où l’on apprécie d’être ensemble toutes les deux.”

“Tout cela fait partie des saines initiatives qui permettent à un jeune de prendre son envol tout en restant en lien avec sa famille”, commente la psychologue Béatrice Sabaté, qui a adapté le best-seller américain de Jane Nelsen et Lynn Lott, “La Discipline positive pour les adolescents”.

Des relations plus sereines

Si vos relations avec votre maman ne sont pas aussi bonnes que celles de Callixte, Lahéla, Tristan ou Juliette, sachez qu’il est possible d’y remédier. Pour cela, vous devez “apprendre à dire de façon sereine *à vos parents ce dont vous avez envie”,* explique Béatrice Sabaté.

La psychologue poursuit avec l’exemple d’un-e lycéen-ne qui prépare son bac : “Au moment de répéter votre oral d’anglais, vous pouvez dire à votre parent : ‘Ce qui m’aiderait, c’est que tu ne fasses aucun commentaire sur mon accent, mais que tu me dises si je n’ai rien oublié sur le fond.’” Autre possibilité : choisir un adulte (professeur, conseiller d’orientation, oncle, marraine…) à qui confier votre énervement avant d’en parler à vos parents. Un moyen de désamorcer les conflits et de retrouver une ambiance familiale détendue.

Comment aider les parents à améliorer leur communication ?

Ces 12 conseils d’ados à leurs parents pour une meilleure communication sont extraits de “La Discipline Positive pour les adolescents” de Jane Nelsen et Lynn Lott, dont la version française a été adaptée par Béatrice Sabaté aux éditions du Toucan. Un message à faire passer aux intéressés accompagné d’un clin d’œil ou d’un grand sourire !

1. Pas de discours.

2. Que ce soit court et bienveillant.

3. Ne nous rabaissez pas.

4. Écoutez-nous, évitez de nous parler comme si on n’existait pas.

5. Ne vous répétez pas.

6. Si on trouve le courage de vous dire ce que l’on a fait de mal, ne vous mettez pas en colère et n’en rajoutez pas.

7. Ne soyez pas indiscrets et ne nous assommez pas avec des discours au troisième degré.

8. Ne nous appelez pas en criant de la pièce d’à-côté avec l’espoir que l’on arrive ventre à terre.

9. Ne nous culpabilisez pas en disant des choses comme “J’ai fini par être obligé de le faire puisque, toi, tu n’as pas été capable de trouver le temps de le faire !”

10. Ne faites pas des promesses que vous ne pouvez pas tenir.

11. Ne nous comparez pas à nos frères et sœurs ou à nos amis.

12. Ne parlez pas de nous à nos amis ni aux vôtres.