Logement : se débrouiller sans garant

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Publié le 12/10/2017 par TRD_import_DelphineDauvergne ,
Vos parents ne peuvent pas se porter caution pour vous ? Voici quelques solutions pour obtenir des garants pour votre logement.

« J’ai rompu tout contact avec mes parents et tous mes amis sont étudiants, alors je ne connaissais personne pour être mon garant… », raconte Aymeric, 22 ans, en DUT génie électrique et informatique industrielle (GEII) à Lyon 1.

Comme Aymeric, de nombreux étudiants se retrouvent dans ce cas de figure.  » Les propriétaires préfèrent avoir les parents comme garants. Ce sont souvent eux qui aident à payer le loyer et, plus généralement il s’agit d’une caution morale, plus que financière », constate Lucie Cahn, directrice générale de l’APAGL (Association pour l’accès aux garanties locatives).

L’assistante sociale, une première aide

Pour pouvoir obtenir son studio en cité U, Aymeric a consulté l’assistante sociale du CROUS (centre régional des œuvres universitaires et sociales). « Comme je perçois des revenus (je suis boursier), elle m’a parlé du dispositif CLÉ. Il faut en faire la demande au moment de la réservation du logement, fin juin-début juillet, tout s’effectue en ligne », explique l’étudiant, qui regrette « un manque de clarté dans les aides existantes ».

La CLÉ (caution locative étudiante)

Elle est destinée aux étudiants dépourvus de garants personnels, en priorité aux étudiants de familles monoparentales, aux jeunes isolés et aux étudiants étrangers (attention, tous les dossiers ne sont pas pris). En échange du versement de 1,5 % de son loyer mensuel, charges comprises, l’étudiant bénéficiaire jouira d’une caution de l’État en cas d’impayé ou de dégradation du logement.

Ce dispositif peut bénéficier à tous les étudiants, boursiers ou non :

– disposant de revenus mais sans caution familiale, amicale ou bancaire ;

– cherchant à se loger en France, pour y faire leurs études ;

– âgés de moins de 28 ans au 1er septembre de l’année de signature du bail ;

– âgés de plus de 28 ans au 1er septembre de l’année de signature du bail sous réserve d’être doctorants ou postdoctorants de nationalité étrangère.

Salariée l’an passé et en reprise d’études pour devenir infirmière, Catherine, 24 ans, étudiante à Strasbourg, ne peut pas s’appuyer sur ses parents, aux revenus précaires, pour obtenir un logement. « Pour l’instant, je suis hébergée chez les parents d’un ami, mais ça me fait 5 heures de trajets aller-retour chaque jour », confie-t-elle. La jeune femme a, comme Aymeric, consulté une assistante sociale : « Mais je ne rentre pas dans les critères , il faudra que j’attende l’année prochaine ».

Loca-Pass et Visale, dispositifs gratuits

Le dispositif Visale existe depuis plus d’un an. Son objectif est de se substituer à la caution parentale pour les logements dans le privé, mais tous les étudiants de moins de 30 ans ne sont pas éligibles : il ne concerne pas les non-boursiers rattachés au foyer fiscal des parents. « À ce jour, quelques milliers d’étudiants ont utilisé Visale. L’un des arguments à faire valoir aux propriétaires : c’est un dispositif gratuit , facile et rapide à mettre en œuvre. Tout est dématérialisé, pas besoin d’attendre la signature manuscrite comme pour les garants familiaux, quelques clics suffisent », argumente Lucie Cahn, de l’APAGL, entité du groupe Action Logement qui gère Visale.

Pour les logements situés dans le parc social (résidence CROUS, HLM…), il faut vous tourner vers la Garantie Loca-Pass. Elle permet de garantir au bailleur le paiement du loyer et des charges en cas de difficultés budgétaires temporaires du locataire. Elle s’adresse notamment aux jeunes de moins de 30 ans, jeunes diplômés, en alternance, boursiers ou étudiants salariés. En cas d’impayés, Action logement paie au bailleur les sommes dues, jusqu’à 9 mois de loyers et charges, déduction faite des aides au logement, et dans la limite de 2.000 € par mois.

L’avance loca-pass vous prête à taux 0 % le montant du dépôt de garantie demandé par le propriétaire quand vous signez votre bail, dans la limite de 500 €. Vous devrez rembourser cette somme à compter du troisième mois après l’entrée dans le logement, pendant 25 mois maximum, avec des remboursements d’au moins 20 € par mois.

Ces dispositifs ont cependant quelques failles… « Effectivement, rien n’oblige les propriétaires à prendre un étudiant qui bénéficie d’un dispositif comme Visale « , reconnaît Lucie Cahn. Cependant, une réflexion est en cours pour l’améliorer, et l’étendre « à l’ensemble des étudiants locataires sans conditions de ressources et pour tous les logements » , a annoncé le ministre de la Cohésion des territoires le 20 septembre 2017.

Les plans B sans garant

Pour Natacha, étudiante à l’école d’ingénieurs Arts et Métiers, même si son père se portait garant, ça n’a pas été suffisant pour plusieurs agences immobilières. « Ses revenus doivent être 3 fois supérieurs au montant du loyer… », soupire-t-elle. Pour trouver un propriétaire qui accepte son dossier, jugé trop faible, elle redouble d’efforts dans ses démarches. « Je conseille de s’y prendre très tôt, privilégier les logements étudiants (CROUS, internat…), préparer un dossier complet et lisible avant de démarcher, faire du porte-à-porte auprès des agences ». Mettez toutes les chances de votre côté !

Si les difficultés sont trop grandes, vous pouvez aussi envisager un mode de logement moins contraignant au niveau du dossier. Les colocations solidaires Kaps, gérées par l’Afev, permettent ainsi de se loger à moindre prix contre du bénévolat hebdomadaire.

*Lire aussi : *Logement étudiant : 8 bons plans pour trouver son toit

Autres pistes, essayez de trouver une sous-location ou encore un logement intergénérationnel. « Je l’avais envisagé, mais ça prend du temps. Les personnes âgées demandent souvent qu’on soit présent tous les matins et soirs, qu’on fasse des courses… Ce n’est pas compatible avec mon emploi du temps d’étudiante en soins infirmiers », regrette Catherine. Pour trouver une autre solution, elle a décidé de faire appel à son réseau étudiant, en passant par la Fédération nationale des étudiant(e)s en soins infirmiers (FNESI). La solidarité étudiante peut aussi faire mouche.