Les 70 ans du débarquement : le BirthDay du D-Day en BD

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Publié le 04/06/2014 par TRD_import_SoniaDéchamps ,
Dans les journaux, a la tele, a la radio ou sur Internet, les temoignages de veterans, les documentaires, les expositions et ceremonie internationale deferlent pour commemorer le 6 juin 1944, jour du debarquement des Allies en Normandie. Et si vous choisissiez de faire un pas de cote, avec la BD ?

« Omaha Beach, 6 juin 1944 « , de Jean-David Morvan et Dominique Bertail

Londres, le 29 mai 1944. « Parmi les centaines de correspondants de guerre, seule une douzaine fut choisie pour accompagner les troupes du débarquement des alliés en Normandie. Parmi eux, étaient prévus 4 photographes dont je fis finalement partie. » Ces mots, ce sont ceux de Robert Capa dans « Omaha Beach, 6 juin 1944 ». En définitive, ce fameux 6 juin, ils ne seront que 2 photographes à débarquer en France. Un certain Landry à Utah et lui, Capa, à Omaha. « Hélas pour Landry, ses photos disparurent lors de leur acheminement vers Londres. Le malheur des uns a peut-être fait ma gloire ce jour-là… »

« Omaha Beach, 6 juin 1944 « , de Jean-David Morvan et Dominique Bertail (Dupuis et Magnum Photos)

Sans doute, car du D-Day, seules témoignent – visuellement bien entendu – « The Magnificent Eleven » ; 11 photographies historiques, uniques survivantes d’un accident de séchage – hâtif – dans le laboratoire de « Time Life » à Londres. « L’œil du 6 juin 1944 », c’est sous ce nom que Robert Capa va rentrer dans l’histoire. Il a alors 31 ans. Pour l’anecdote, sans ces 11 clichés, Steven Spielberg – il l’a maintes fois répété – n’aurait jamais pu chercher à représenter ce qu’avait pu être l’enfer sur la plage d’Omaha dans la scène d’ouverture du film « Il faut sauver le soldat Ryan ».

Ce petit ouvrage est d’une très grande richesse : la bande dessinée est suivie d’un passionnant dossier associant photos, archives et témoignag es qui permettent de mieux connaître celui qui, né Endre Erno Friedmann en 1913 en Hongrie, est devenu Robert Capa en 1934 ; un « pionnier et maître internationalement reconnu », qui aura couvert 5 guerres et sera fauché par une mine à 40 ans, en Indochine, « après 22 années d’une carrière éclair ».

En 60 planches, Jean-David Morvan et Dominique Bertail racontent « l’histoire derrière le cliché » ; dans quelles circonstances, la – mythique – photo que l’on retrouve sur la couverture du livre a-t-elle donc été prise ? « Mon premier plan était rempli de bottes mouillées et de figures vertes. Mes images étaient remplies de fumées d’obus. Les tanks carbonisés et les vedettes en train de couler formaient mon arrière-plan. C’est à cet instant décisif que j’ai pris la photo qui allait symboliser le débarquement. » Une photo mettant en scène un homme que, pendant presque 40 ans, le monde entier allait croire – à tort – s’agir d’Edward K. Regan.

Entraînant le lecteur sur la piste du fameux cliché, le récit permet à celui-ci d’appréhender la guerre d’un point de vue auquel il n’est pas habitué : « Si mon fils […] me demande quelle est la différence entre un correspondant de guerre et n’importe quel soldat, je lui répondrai ceci : le photoreporter est plus gâté en alcool, en filles, en salaire et jouit d’une plus grande liberté que le bidasse. Mais au moment critique, être libre de choisir son affectation, c’est-à-dire avoir la possibilité d’être un lâche sans être exécuté, est une torture morale. »

L’Histoire à travers une photo, et l’histoire de celle-ci. À moins que ce ne soit l’inverse. Un ouvrage à mettre entre toutes les mains ; premier livre d’une nouvelle collection Aire libre, dont on suivra avec grande attention les prochaines parutions.

« Jour-J, à l’assaut de la forteresse Europe », collectif

 » Juin 1944, les Alliés s’apprêtent à lancer l’opération Overlord sur la Normandie. Ils mobilisent alors leurs meilleurs soldats, spécialistes des missions les plus périlleuses : les Commandos. Experts en sabotage, c’est en éclaireurs que ces hommes sont envoyés derrière les lignes ennemies pour détruire les cibles stratégiques ; et c’est directement à leurs côtés que « Jour-J, à l’assaut de la forteresse Europe » place le lecteur.

« Jour-J, à l’assaut de la forteresse Europe », collectif, Editions Pierre de Taillac

Cet album de 800 pages regroupe les 12 meilleurs récits d’une des plus importantes revues de BD anglaises de guerre « Commando » – créée par DC Thompson en 1961. Une BD de guerre que nous permet de (re)découvrir aujourd’hui les Éditions Pierre de Taillac, spécialisées dans l’histoire militaire. Une référence dans les récits militaires ! »

« Le combat des Justes », Philippe Thirault et collectif

« Le combat des Justes », ce sont 6 histoires – écrites par un scénariste et 6 dessinateurs – de la Résistance, qui se passent en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Les « Justes » du titre, ce sont ces hommes et ces femmes qui, pendant la Shoah, ont caché des familles juives ou les ont aidés à fuir le régime nazi. Et cela, au péril de leur vie, naturellement et courageusement.

« Le combat des Justes », Philippe Thirault et collectif (Delcourt)

On découvre ainsi les directeurs de la maison des enfants de Moissac (Tarn-et-Garonne) : Shatta et Bouli Simon, éclaireurs israélites de France. « Il y avait des chants, des fêtes, des spectacles. Les enfants vivaient une histoire joyeuse dans un monde triste. » Ce sont 500 enfants juifs qui ont pu être sauvés grâce au couple. On rencontre également Aristides de Sousa Mendes, consul du Portugal à Bordeaux qui, désobéissant aux ordres de Vichy, a délivré des milliers de visas, permettant ainsi à des Juifs français et des migrants d’Europe de l’Est de se réfugier au Portugal. Au détour d’une autre histoire, on visite Le Chambon-sur-Lignon, appelé « village des Justes », situé en Haute-Loire. À fort juste titre. Là-bas, c’est l’ensemble de la population qui a résisté au régime de Vichy, en cachant les Juifs présents dans la région.

À ce jour, la distinction – officielle – de « Juste parmi les nations », créé par l’État d’Israël en 1953 , a été décernée par le mémorial de Yad Vashem de Jérusalem à 25.271 personnes dans le monde, dont 3.760 en France. Des femmes et des hommes admirables, inspirant des héros anonymes, dont il est toujours nécessaire de rappeler les actions. Ce que fait cet album ! Si l’on se prend parfois à regretter de ne pas pouvoir passer plus de temps avec les personnages, ici plus croisés que réellement rencontrés, c’est bien la diversité des actes de résistance mis en scène qui fait toute la richesse de cette BD.