Lectures de l’été #11 : Coquelicots d’Irak, une enfance entre pique-niques et coups d’État

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Publié le 24/08/2016 par TRD_import_NatachaLefauconnier ,
Durant tout l'été, Trendy vous propose des idées de lecture pour agrémenter vos vacances. L'album du jour va vous faire découvrir un pays dont le nom évoque des images de guerre : l'Irak. Pourtant, dans les années 1960, la petite Brigitte y a passé une enfance plutôt heureuse, avant de découvrir les "joies" du collège en France.

Derrière le titre bucolique de cet album se cache l’histoire explosive d’un pays. C’est là-bas, en Irak, qu’est née Brigitte Findakly, coloriste de bande dessinée (du « Journal de Mickey » à « Ralph Azham », en passant par « Le Journal de Spirou » ou « Le Chat du Rabbin »).

Mariage en douce

Dans « Coquelicots d’Irak », elle raconte son enfance à Mossoul, deuxième ville du pays, dans les années 1960. Alors qu’il suivait des études dentaires en France, son père, un Irakien prénommé Matti, s’était marié en cachette avec une jeune femme rencontrée à la gare Saint-Lazare, avant de revenir dans sa famille irakienne avouer qu’il n’était plus un cœur à prendre. Une déception, pour sa mère, qui lui avait trouvé une fiancée à Bagdad !

Coups d’État

Les premières années de la petite Brigitte sont loin d’être monotones, entre les jeux partagés avec sa petite voisine et les pique-niques familiaux sur les sites archéologiques de Nimrod ou Hatra. Avec un papa chrétien orthodoxe et une maman catholique, Brigitte et son grand frère, de six ans son aîné, grandissent entre plusieurs religions. À l’école, la jeune fille suit les cours d’enseignement du Coran, comme ses petits camarades. Elle parle arabe, sauf à la maison où elle passe au français. Un environnement multiculturel enrichissant qui a participé à son ouverture d’esprit.

Grâce à la position de son père, dentiste au sein de l’armée, sa famille est relativement protégée lors des coups d’État qui se succèdent dans les années 1960. Pourtant, petit à petit, la situation se dégrade, et un jour, il faut partir. Des difficultés d’un autre registre vont alors surgir, notamment dans le collège parisien où débarque Brigitte en 1973.

Ragots et piqûres

Le récit fait quelques entorses à l’ordre chronologique : il faut parfois s’accrocher un peu pour ne pas perdre le fil des événements historiques. La parade : jeter un œil à la frise située dans le rabat de la quatrième de couverture !

Mais l’on retiendra surtout de cet album émouvant l’humour et l’empathie avec lesquels Brigitte Findakly partage ses souvenirs d’enfance. Pas le temps de s’ennuyer entre la vie familiale, les ragots des voisins (sport national !), les piqûres des médecins (seul remède efficace, d’après les patients) et les violences des différents partis qui se disputent le pouvoir à coup d’assassinats.

Méconnaissable

Une fois n’est pas coutume, le dessinateur, Lewis Trondheim (également co-scénariste de l’album et époux de Brigitte Findakly), a laissé tomber ses animaux anthropomorphisés. À la place, *de simples humains dans des décors aérés, qui s’affranchissent des cases pour mieux laisser respirer le texte. *

Et au détour d’une page, des photos en noir et blanc de la petite Brigitte en Irak. Un pays méconnaissable aujourd’hui. Depuis 2014, la ville de Mossoul est occupée par l’État islamique et les sites archéologiques où la famille Findakly allait pique-niquer ont été détruits délibérément.

Coquelicots d’Irak, de Brigitte Findakly (scénario, couleurs) et Lewis Trondheim (scénario, dessin), éditions L’Association, août 2016, 112 p., 19 €.

Journaliste à la rédaction de l’Etudiant, Natacha est aussi chroniqueuse des vidéos Breaking BD sur Trendy, où elle partage ses albums coups de cœur.

À ses heures perdues, elle tient un blog où vous pouvez retrouver d’autres idées de lecture en tous genres : rendez-vous sur Tamaculture.