Lectures de l’été #10 : Bitch planet, un comics féministe qui frappe fort

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Publié le 12/08/2016 par TRD_import_NatachaLefauconnier ,
Durant tout l'été, Trendy vous propose des idées de lecture pour agrémenter vos vacances. Romans jeunesse ou young adult, BD, polars... il y en aura pour tous les goûts. Au menu du jour : une vision critique de notre société, transposée dans le futur. Dans "Bitch Planet", les femmes "non conformes" sont envoyées sur une planète-prison. Croyez-vous qu'elles vont se laisser faire ?

Attention ! « Tu es non-conforme ? Tu ne rentres dans aucune case ? Tu es trop grosse, trop maigre, trop effrontée, trop timide, trop croyante ou pas assez ?… Tu pourrais bien finir sur Bitch Planet », met en garde la quatrième de couverture de ce comics américain.

Une vie de pénitence et de labeur

De toute façon, il n’y a qu’une femme parfaite. Et c’est un hologramme rose, qui prêche la bonne parole auprès de toutes les femmes non conformes que les hommes, seuls détenteurs du pouvoir sur Terre, ont expédiées sur Bitch Planet. Oups, pardon, il faut dire dans « l’établissement auxiliaire de conformité » (EAC).

En clair, une prison en orbite où les excommuniées (certaines pour avoir commis des délits, d’autres sur simple critère physique) devront vivre le reste de leur vie dans la pénitence et le labeur… tout en étant « rééduquées », bien sûr. Après tout, elles n’avaient qu’à pas être moches / sexy /noires / intelligentes / vieilles / homosexuelles, toutes ces femmes !

Insoumises

Sauf qu’elles n’ont pas l’intention de se laisser mener comme un troupeau de moutons sages, même si on leur colle un numéro et un uniforme dès leur arrivée sur Bitch Planet. Quelques insoumises (en tête : Kamau Kogo et Penny Rolle) se distinguent assez rapidement en se battant contre les gardiens, des individus masqués en combinaison noire.

La violence ne va faire que s’amplifier, surtout au moment du « Mégaton ». Pour pimenter ce tournoi sportif ultramédiatisé (un jeu de balle où les adversaires ont le droit de se frapper, à condition d’être à un contre un), une équipe de prisonnières devra affronter les gardiens lutteurs de l’EAC. Le trophée qu’on leur promet : un billet retour pour la Terre…

Violence

Si la violence est omniprésente dans ce comics, elle est loin d’être gratuite. Elle n’est que le reflet du traitement que subisse les femmes dans cette dystopie (librement inspirée de notre société, est-il besoin de le préciser ?).

Quelques pages suffisent pour être emporté par le récit haletant de ces femmes aux profils aussi variés qu’intéressants, qui n’ont d’autre « tort » que celui de sortir du moule (à tarte) où la société patriarchale veut les confiner.

Une œuvre remarquable aussi par son graphisme original aux notes rétro, qui jongle avec des dessins pixelisés, joue avec les cadrages et atteint l’apogée du kitsch avec de fausses publicités hilarantes.

Féminisme et culture pop

« Bitch Planet » mêle un peu de la triologie des « Hunger Games » (l’aspect rébellion et « que le meilleur gagne »), un poil de la série « Orange Is The New Black » (comment les femmes survivent aux humiliations en prison), et un soupçon de « Bienvenue à Gattaca », très bon film des années 1990 traitant de la perfection génétique.

Mais c’est bien de féminisme avant tout qu’il est question, et de féminité. Chaque femme est unique et prôner un modèle parfait est aussi stupide que vain. La scénariste, Kelly Sue Deconnick, et le dessinateur, Valentine De Landro, expliquent d’ailleurs leur démarche créative à la fin de ce premier volume. Une interview suivie d’un dossier « Féminisme et culture pop », regroupant biographies et témoignages de femmes brillantes et engagées qui ont marqué leur époque, du XVIIIe siècle à nos jours.

De quoi compléter sa culture générale en attendant le prochain tome, annoncé pour novembre 2016.

Bitch Planet – t.1 « Extraordinary machine », de Kelly Sue Deconnick (scénario, co-créatrice) et Valentine De Landro (dessin, co-créateur), éditions Glénat Comics, mai 2016, 176 p., 16,95 €.

Journaliste à la rédaction de l’Etudiant, Natacha est aussi chroniqueuse des vidéos Breaking BD sur Trendy, où elle partage ses albums coups de cœur.

À ses heures perdues, elle tient un blog où vous pouvez retrouver d’autres idées de lecture en tous genres : rendez-vous sur Tamaculture.