Le côté obscur de la médecine en BD

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Publié le 12/02/2014 par TRD_import_SoniaDéchamps ,
Tests cliniques, medicaments revolutionnaires, magouilles de groupes pharmaceutiques, quotidien en HP… La selection de la semaine vous plonge dans l'univers (parfois bien flippant) de la medecine.

« Les Cobayes », de Tonino Benacquista et Nicolas Barral

21 jours de confinement pour tester le M2C2T, une « toute nouvelle molécule de la famille des anxiolytiques, non dérivée des benzodiazépines », c’est ce à quoi se livrent, pour 3.500 €, Moïra, Daniel et Romain. Sauf qu’aucun de ces trois « cobayes »- supposés « sujets vierges » – n’a dit l’entière vérité à son sujet lors de son entretien avec les responsables du protocole, ne voulant pas prendre le risque de devoir renoncer à ces précieux euros.

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L’antidépresseur testé se veut révolutionnaire, rien que ça. Il doit éviter au patient altération de la conscience, sensation cotonneuse, somnolence ou autre accoutumance, effets indésirables souvent liés à la prise d’anxiolytiques. « Dans le genre non perturbant, c’est réussi leur connerie » , s’exclame au détour d’une page Moïra.

Et force est de constater que la prise de la pilule rose et jaune ne va pas sans effets secondaires inattendus ; de sacrés effets secondaires qui vont totalement bouleverser les vies des trois individus passablement paumés, pour ne pas dire ratés. Ces derniers deviennent rapidement accros à ce produit synonyme pour eux de toute puissance. Quand les chercheurs veulent arrêter l’expérience, il est trop tard, leurs « sujets » leur ont échappé. Et d’ailleurs, pourquoi eux-mêmes ne pourraient-ils pas profiter de ces « merveilleux » effets ?

Entre réalité et fiction, « Les cobayes » mêle avec réussite considérations scientifiques – mais aussi sociétales et éthiques -, suspens et humour. Un récit dense et rythmé ; captivant (et quelque peu inquiétant, aussi).

« Les Cobayes », de Tonino Benacquista et Nicolas Barral (Dargaud).

« Le Teckel », d’Hervé Bourhis

Médicaments toujours. Guy Farkas, alias Le Teckel, est visiteur médical, « une légende de la profession » au look assez improbable, « tout droit sorti d’un épisode de Derrick » , représentant des laboratoires Duprat, deuxième groupe pharmaceutique européen. Sa dernière mission ? Présenter aux professionnels de santé un nouvel antidouleur, le Marshall 2.

Certes, « les rumeurs autour de la dangerosité du Marshall 1 commencent à être très menaçantes » et d’après le « Canard », « la direction savait tout » , mais comme l’indique le patron, Monsieur Merchon : le M2 est bien un « nouvel » antidouleur, il ne « veu(t) plus entendre parler de l’ancien ».

En vue de « vendre ce nouveau produit (aux) partenaires médecins », Le Teckel – aux méthodes toutes personnelles – se voit associer le jeune Jérémy Labionda. Officieusement, le jeune homme a pour mission d’espionner ce personnage pour le moins fort en gueule. Une mission loin d’être de tout repos. Suspens, cynisme, humour… Un détonnant mélange, parfaitement mis en scène.

« Le Teckel », d’Hervé Bourhis (en épisode dans Professeur Cyclope, à la rentrée prochaine chez Casterman).

« HP », de Lisa Mandel

« HP », c’est une plongée dans le quotidien d’un hôpital psychiatrique. À la fois anecdotiques et pourtant significatives, drôles, parfois graves, mais jamais déplacées, les courtes saynètes que met en scène Lisa Mandel permettent notamment de prendre conscience des évolutions dans la façon de considérer les malades.

Alors que les scènes des deux premiers tomes d’ « HP » se déroulent en très grande partie dans les années 70, une grande authenticité s’en dégage, comme si l’auteure les avait croquées « sur le vif ». Pas si étonnant que cela ; Lisa Mandel s’est appuyée sur des anecdotes lui ayant été confiées par ses parents et des amis, tous infirmiers en HP dans ces années-là. Une comédie humaine passionnante.

« HP », de Lisa Mandel (l’Association).