Largué en cours sur « l’Étranger » ? Redécouvrez Albert Camus en 3 BD

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Publié le 20/11/2013 par TRD_import_LilyJoseph ,
Envie d 'y voir plus clair dans la vie et l'oeuvre de l'auteur de "la Peste" et de "l'Étranger" ? Voici l'occasion parfaite avec nos trois BD chroniquees de la semaine. Trois approches tres differentes - et tres reussies - pour en savoir plus sur le celebre ecrivain franco-algerien qui aurait eu 100 ans en 2013.

« Camus », de José Lenzini et Laurent Gnoni (Soleil)

« Camus », de José Lenzini et Laurent Gnoni (Soleil).

Le 10 novembre 1957, Albert Camus obtient le prix Nobel de littérature, devant André Malraux. Il n’a alors que 43 ans. Le discours prononcé pour l’occasion par l’auteur franco-algérien revient, par bribes, à chaque début de chapitre, rythmant ainsi l’album. Un album au ton original, bien trouvé.

Ici, un ami d’enfance de Camus ressent le besoin de s’adresser à « Albert, Bébert, Moustique ». Aujourd’hui presque centenaire, l’inconnu partage avec le lecteur des « pages écrites un triste soir de janvier 1960 », juste après qu’il a appris la mort, dans un accident de voiture, de Camus. Il se met ainsi « à [lui] parler avec [d]es mots écrits au fil de la mémoire partagée », depuis l’enfance jusqu’au décès.

L’œuvre de Camus est bien sûr présente. Comment pourrait-elle ne pas l’être ? Mais elle est évoquée comme jalonnant la vie d’Albert Camus. « C’est en mai 1940, alors que les premiers blindés allemands déferlent sur la France, que tu termines ‘Caligula' », écrit par exemple le narrateur. L’enfance en Algérie, la mort de son père, en 1914, le statut d’orphelin que, face à des camarades aisés, le jeune Albert s’invente au collège, les professeurs qui l’ont marqué, la maladie qui a brisé ses rêves de footballeur, mais aussi précipité son émancipation. Sont également évoqués les emplois alimentaires de Camus : chez un courtier maritime, puis à la préfecture. « Ces emplois, ce seront ceux des personnages centraux de tes romans les plus connus », relève avec une certaine nostalgie le mystérieux ami.

Tout s’enchaîne avec fluidité : le journalisme, la résistance avec « Combat », « l’Homme révolté » et la rupture d’amitié avec Sartre, la tuberculose et l’entrée au pavillon des cancéreux… Et toujours, un retour à la mère. Silencieuse et pourtant si présente. « La guerre fait rage en Algérie. En ce moment de gloire, tes pensées vont sûrement vers ta mère, là-bas, toujours silencieuse, résignée et digne dans sa pauvreté », analyse le narrateur alors qu’il évoque la réception du fameux prix Nobel.

« Camus » offre un portrait très complet et fin de l’auteur. Jamais José Lorenzi – camusien de renom – ne se fait indiscret ou voyeur. Il évite également le ton professoral pour livrer une biographie pudique, riche et dense ; intelligente et passionnante. Alors que le narrateur s’adresse à Albert Camus en faisant usage du « tu », il n’en exclut pas pour autant le lecteur. Bien au contraire. Maintenu à une distance nécessaire, celui-ci se sent pourtant réellement impliqué, comme s’il partageait l’intimité de cette correspondance post-mortem.

Le dessin de Laurent Gnoni peut, dans un premier temps, apparaître froid, dérouter, mais cette impression se dissipe bien rapidement et le trait – élégant, tout en retenue – semble, au final, parfaitement adapté au récit. Même constat pour les couleurs, qui se révèlent bien plus intéressantes que ce qu’un – trop – rapide premier regard peut laisser penser. De quoi vous donner envie de (re)lire Camus.

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« L’Étranger », de Jacques Ferrandez (Gallimard)

« L’Étranger », de Jacques Ferrandez (Gallimard).

Après la vie, l’œuvre, plus directement. Dans les anneés 1930, en Algérie, un jeune homme est jugé pour meurtre. Son nom : Meursault. Sa ligne de défense : « C’est à cause du soleil ». Porté par une forme de « complicité » avec Camus, Jacques Ferrandez livre une éblouissante – oui, oui, éblouissante ! – adaptation de l’un des textes de l’auteur les plus connus à travers le monde : « l’Étranger », publié en 1942. L’ambiance de l’époque, l’esprit des lieux, la chaleur étouffante… On y est. La lumière, la Méditerranée… Comment ne pas être subjugué par les aquarelles de Jacques Ferrandez ? On sait l’auteur très « proche » de Camus, particulièrement sensible à son œuvre. Dès lors, reste à espérer qu’il ne s’arrête pas là. Vite, une nouvelle adaptation !

« Le Premier Homme », d’Albert Camus et José Munoz (Futuropolis)

Le centenaire de la naissance d’Albert Camus est décidément le prétexte à de bien belles publications. Futuropolis propose une somptueuse – et imposante – version du « Premier Homme » ; récit autobiographique inachevé sur lequel travaillait Camus au moment de sa mort. Sur les pages, le texte – inachevé – d’Albert Camus côtoie les illustrations de José Munoz ; écrit et dessin dialoguent avec **.

À noter – Noël approche – que les éditions Futuropolis proposent également un beau coffret Camus/Munoz réunissant « le Premier Homme » et « l’Étranger ».

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