« La colocation » racontée par Romy Idol

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Publié le 02/10/2014 par bettybetzy ,
Studieux mais f etard, propre mais pas maniaque, sympa mais pas envahissant... pas evident de trouver le colocataire ideal ! Romy Idol, une fille comme nous (en pire), en a experimente plusieurs et nous raconte ses aventures.

La colocation… et ses mauvais côtés © Y comme Romy

J’ai longtemps vécu en colocation. Parce que ça coûtait moins cher. Parce que ça me permettait de ne pas être seule. Parce que je n’étais pas obligée de faire le ménage toutes les semaines et, enfin, parce que j’ai toujours eu le secret espoir de tomber sur un colocataire canon. Puis j’ai constaté que je ne tombais que sur des cassos. Qu’ils ne faisaient jamais le ménage et que souvent, eh bien, j’aurais préféré être seule plutôt que de tomber sur des gens quand je rentrais chez moi. Oui, c’est vrai, maintenant que j’ai mon studio de 25 mètres carrés – un appartement d’adulte en somme –, je paye plus cher, mais je sais que la pizza planquée dans mon congélo le matin y sera encore le soir quand je rentrerai. Une donnée qui devient beaucoup plus aléatoire avec des colocataires.

Avec tous les appartements que j’ai partagés, j’ai dû avoir une dizaine de colocs. Quatre d’entre eux ont accéléré ma décision de vivre seule.

Le hacker compulsif*

Il y a eu Quentin, le geek. Ou plutôt le nerd à l’ancienne, qui allait aux chiottes avec son ordinateur. Chaque soir, c’était le même scénario. Il venait frapper à ma porte pour me parler html ou parallaxe, et il avait même démonté et reprogrammé le micro-ondes pour le transformer en réveil, sa chambre étant collée à la cuisine, parce qu’il trouvait ça « marrant ». Comme j’ai été sympa au début, il a cru que le fait de savoir qu’ il piratait régulièrement la boîte mail de nos voisins de palier m’intéressait réellement. En réalité, j’ai commencé à flipper. Un soir, alors que je traînais sur Facebook, une fenêtre pop-up venue de nulle part est apparue sur mon écran : « Coucou, c’est Quentin, tu fais quoi ????????????????? » Il avait hacké mon ordi à distance. Le lendemain, je faisais mes valises. Depuis, il me traque sur tous les réseaux sociaux.

L’angoissée de la life*

Il y a eu aussi Stéphanie, la casse-couilles. Au bout de quelques jours, j’ai compris qu’il ne fallait jamais lui demander comment elle allait, sous peine de décéder suite à un monologue particulièrement pessimiste de quarante-cinq minutes dans les bons jours et de une heure quinze dans les plus mauvais. Une fois le « Ça va ? » de politesse banni définitivement de l’appartement commun, j’ai pensé pouvoir mener une vie normale. C’était sans compter sur ses crises d’angoisse fréquentes qui concernaient successivement le fonctionnement du lave-vaisselle, la connexion Internet, le four ou bien les joints dans la salle de bains qui noircissaient et « pouvaient nuire à notre karma ». J’ai donc très logiquement déserté l’appartement durant les créneaux horaires où elle s’y trouvait éveillée et quand elle était endormie, je réintégrais le foyer. Je partais tôt le matin et je rentrais tard le soir. Au bout de quelques semaines à ce rythme, crevée, j’ai préféré déménager.

La menteuse no limit*

Je me souviens également de Joséphine, la mythomane. Je savais avant de la rencontrer que le mensonge existait. Mais vivre en sa présence durant quelques mois m’a montré l’étendue de ce que pouvait RÉELLEMENT être le mensonge. En général, on ment pour des choses importantes, cruciales. Un mensonge utile, quoi. Mais elle, elle mentait pour toutes sortes de choses et notamment les plus anodines. Un soir, elle m’a plantée alors qu’on avait prévu de dîner ensemble. Jusque-là, rien d’anormal, mais il a fallu qu’elle m’explique que sa grand-mère avait été victime d’un cambriolage et que, du coup, son père avait fait un malaise vagal, qu’elle s’était plantée de ligne de métro en voulant les rejoindre à l’hôpital, puis qu’elle s’était trompée d’hôpital et que, du coup, elle n’avait pas pu honorer notre dîner. Au bout du sixième cambriolage/crise cardiaque/vol de portable, j’ai fait mes cartons.

Le gros dégueu*

Et puis, j’ai vécu avec un crade. Sébastien se lavait un jour sur trois car « quand on fait pas de sport, on n’est pas sale ». L’aspirateur était pour lui une race méconnue de hamster, et il considérait que, une fois qu’un objet – ou un bout d’aliment – tombait par terre, il était à sa place. Et que non, le vin sur le carrelage, « ça colle pas et ça sent rien ». J’ai pensé plusieurs fois appeler Danièle et Béatrice de « C’est du propre ! ». Et le jour où il est carrément passé de l’autre côté, en prenant une casserole que je venais d’utiliser pour des pâtes afin d’y balancer ses céréales et son lait, en me disant que c’était inutile de la laver car ça ne pouvait pas être « bien sale », j’ai décidé de partir et j’ai pris l’aspi avec moi, le sauvant ainsi d’une mort certaine.

Depuis, je vis seule et je me sens bien.

* Les intertitres ont été ajoutés par la rédaction.

Cet article est extrait de “Y comme Romy”, de Julia Tissier et Myriam Levain. Illustré par Louison.

Romy Idol, presque 30 ans, presque un mec, presque un boulot.

253 pages – 14,50 € – Éditions Robert Laffont.