L’un à l’étranger, l’autre en France : comment tenir la distance ?

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Publié le 19/09/2016 par TRD_import_CarolineMichel , Mis à jour le 28/09/2023 par TRD_import_CarolineMichel
"Je pars en Papouasie en septembre", voilà ce qu’il a dit hier. La bonne nouvelle, c’est qu’il ne vous quitte pas, la moins bonne, c’est que vous ressentez une douleur identique à celle qui accompagne une rupture. Votre relation va devoir supporter le temps, la distance et le manque. Témoignages et conseils de ceux qui sont déjà passés par là.

« Oh l’horreur, je n’avais pas prévu ça ! » : c’est ce que Camille, 22 ans, a pensé quand Maxime lui a annoncé partir à Singapour en Erasmus quelques semaines plus tard. « Tout s’est écroulé. Je connaissais ses projets mais on n’en parlait plus vraiment. Et là, il m’annonce qu’il part un mois et… loin ! Le cauchemar. »

Pour Élise, 25 ans, le choc a été aussi rude quand Cynthia, sa copine, a déclaré partir en VIE en Russie.  » J’ai fait l’autruche jusqu’au départ. Je ne voulais pas réaliser. Seulement six mois mais bon… ».

Une fois la pilule plus ou moins avalée, les promesses et les déclarations d’amour fusent. On se rassure en duo. Camille et Thibaut listaient déjà les week-ends pendant lesquels ils pourraient se rejoindre, tandis qu’Élise et Cynthia se juraient de s’écrire très régulièrement pour tenir. Les quelques jours précédant la séparation sont généralement très forts, on partage tout l’amour possible jusqu’à ce que l’heure du départ sonne.

« Celui qui part » Vs « Celui qui reste » : qui gagne ?

 » L’amour se nourrit des expériences partagées ensemble bien plus que de celles que chacun vit de son côté, introduit Yves-Alexandre Thalmann, auteur de Autant s’aimer longtemps (éditions Solar). Celui qui part veut partager ce qu’il vit d’extraordinaire tandis que celui qui reste veut partager le quotidien qu’il aimerait pérenniser avec celui qui n’est pas là. Autrement dit, à la distance physique s’ajoute une distance émotionnelle « . Camille se retrouve dans ce schéma : « Thibaut me faisait part de son expérience, il semblait heureux, et moi je me faisais de la peine à poursuivre ma vie et dîner seule le soir dans mon train-train ».

Mais plutôt que de voir le verre à moitié vide, voyons-le à moitié plein.  » C’est l’occasion de se retrouver avec soi-même , poursuit le psychologue, et d’apprendre à se connaître hors de l’influence du partenaire. On peut imaginer une moindre dépendance affective et plus d’autonomie de la part de chacun une fois que l’on se retrouve ». En fait, celui qui reste a tout intérêt à se créer lui aussi sa petite vie extraordinaire, même s’il ne change pas d’adresse, et ne change pas non plus ses habitudes. C’est une folle aventure que de se faire un burger quatre étages en solo devant Koh Lanta, non ?

Bon, maintenant, il faut s’occuper

Élise s’est investie à fond dans le travail : « Cela me donnait l’impression d’avoir moi aussi une vie palpitante, des objectifs, et je me répétais que quand même, j’étais à Paris, et que des tonnes d’étudiants rêveraient d’être à ma place. C’était mon voyage en quelque sorte ». Et en dehors de ses heures à plancher sur ses cours, elle voyait beaucoup Fanny, une de ses meilleures amies. « L’idée qu’on se retrouve le soir chez moi pour discuter de mon vide, mais aussi de tout et de rien, ça me faisait un bien fou. On appelait mon studio le confessionnal et c’était le moment où je pouvais tout déverser, mais aussi rire aux éclats ! »

Camille a appris à être indépendante , elle aussi grâce à… l’amitié :  » Je suis beaucoup sortie et je me suis beaucoup entourée. Au départ, on a le sentiment de faire semblant, on est là pour passer le temps, mais en réalité ça fonctionne vraiment. Mes amis ont été d’un soutien précieux « . Mais ce n’est pas tout. Pour faire « passer le temps », Camille a décidé de partir en voyage humanitaire deux mois en Inde. Elle débutait sa carrière d’infirmière et a posé un congé sans solde. « Expérience que je n’aurais jamais tentée sinon ! Aujourd’hui, j’en suis ravie. Ce voyage a changé ma vie, j’en suis sortie grandie et j’ai mieux géré ma relation à distance puisque moi aussi, j’étais… à distance ! ».

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Loin des yeux, loin du cœur ? Une question existentielle dont Drake s’est emparé dans Hotline Bling ! // © Drake Boy Better Know_

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Communiquer à bonne dose

 » Apprivoiser l’absence ne se fait pas en s’envoyant des messages à tout-va : ce serait le meilleur moyen d’épuiser l’autre et surtout de ne vivre que pour ces informations qui tardent à arriver. Je préconise plutôt un moment privilégié dans la journée où l’on décide de se ‘connecter’ et de se raconter nos expériences, comme un rituel de rencontre riche et attendu », conseille le psychologue Yves-Alexandre Thalmann.

Pour Élise et Cynthia, le contact se faisait plutôt par WhatsApp au fil de la journée et des coups de fil le week-end. Quant à Camille et Maxime, ils avaient leur rendez-vous Skype , vers 18 h (heure française). « Se parler tous les jours est indispensable selon moi, sinon on s’inquiète vite », confie Camille.

Se retrouver régulièrement

« Bien sûr, il convient d’organiser de vraies rencontres régulièrement : un couple virtuel n’est pas ‘vraiment’ un couple et c’est le contact physique qui ancre l’amour dans le réel « , selon le psychologue. Pour Élise et Cynthia, il a été difficile d’organiser les voyages pour des raisons financières. Maxime et Camille se sont vus trois fois en un an. *

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Les retrouvailles sont magiques. « Quand on sait qu’on va se voir, l’attente est ce qu’il y a de pire et meilleur à la fois, dit Camille. On compte les jours. Et quand on ne s’est pas vus depuis longtemps, on a presque oublié le visage de l’autre, ses gestes. C’est agréable de les redécouvrir ».

Si Élise n’a pas eu la chance de voir Cynthia en six mois, elle nous rappelle que sa clé à elle, c’était de vivre cette absence comme un défi « Je peux tenir, je peux le faire ». Nos deux témoins se rejoignent sur une chose : la volonté, en plus des rendez-vous Skype et des occupations à tout-va au quotidien, est le secret pour bichonner une histoire qui mérite un bel avenir. « Believe in that ! »

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