L’interview indiscrète : les premières fois de Keziah Jones

Pourvu d’ un éternel chapeau négligemment vissé sur le crâne, Keziah Jones a d’abord voulu travailler dans l’aviation avant que la composition musicale ne s’impose à lui. Ce multi-instrumentiste (guitare, basse, piano…) s’est fait connaître de sa maison de disque… en faisant la manche dans le métro parisien ! C’est donc avec son seul équivalent anglais au bac économique et social en poche que Keziah Jones parcourt aujourd’hui les scènes du monde.

« Captain Rugged », le sixième album de Keziah Jones. // © DR

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CÔTÉ ÉTUDES

La première fois que… j’ai stressé pour un examen

J’ai toujours été plutôt relax , mais d’une manière générale pour les contrôles de maths, je n’étais jamais tranquille parce que je ne voyais pas trop l’intérêt de cette matière.

La première fois que… j’ai eu « une taule » à un examen.

Pour être tout à fait honnête, je ne m’en souviens pas. Mais ça devait forcément être en maths. Je sais, c’est étonnant parce que la musique, quelque part, c’est des maths. C’est même carrément des maths. Je crois donc que si j’avais de mauvaises notes dans cette matière, c’est moins par incapacité que par méthode d’approche de la discipline. Mes profs n’ont pas su m’y intéresser…

La première fois que… j’ai séché

C’était au lycée. Je ne me souviens pas de la première fois mais je devais avoir 18 ans. Je jouais déjà dans la rue et aussi dans des clubs… C’est le moment où j’ai arrêté l’école, et j’ai cessé de penser que je voulais être pilote de ligne.

CÔTÉ LOOK

La première fois que… je me suis acheté tout seul mes fringues

Oh oui ! Quand j’ai quitté l’école, j’ai laissé mon uniforme (en Angleterre, le port de l’uniforme est obligatoire, ndlr) derrière moi. Cravate, veston, chaussures en cuir. Mais au début, j’en empruntais à des copains. Je devais avoir 18 ans.

La première fois que… j’ai mis un chapeau

Aujourd’hui, c’est vrai que le chapeau fait partie de moi et c’est un élément de mode qui me caractérise, mais à la base, ce n’est pas par effet de style que je me suis mis à porter un chapeau mais parce qu’ en Angleterre, j’avais froid.

Keziah Jones aujourd’hui. // © Matthieu Lemaire-Courapied

CÔTÉ SORTIES/LOISIRS

La première fois que… je suis allé à un concert

C’était très tard dans ma vie ! J’étais en pension en Angleterre. Je n’avais donc pas le droit de sortir jusqu’à l’âge de 18-19 ans. Et là, j’ai pris une claque ! C’était un concert de James Brown à Londres, à la Brixton Academy. Il improvisait beaucoup. Il parlait beaucoup. C’était énorme. Sa musique a toujours été présente dans ma vie. J’adorais son bassiste Bootsy Collins. J’ai découvert qu’il jouait aussi avec Funkadelic de Georges Clinton. Et de là, va savoir comment, j’ai bifurqué sur Frank Zappa. Ces gars avaient une façon de vivre, un concept, un look, une pensée qu’ils exprimaient au travers de leur univers musical. Ils ont prouvé qu’une idée pouvait changer la vie. La leur, mais aussi celle des autres. Moi, ça a changé la mienne.

La première fois que… j’ai acheté un disque

Je ne m’en souviens pas où… peut-être que vu ce que c’était, je ne veux pas m’en souvenir ! Je ne peux pas t’avouer ça, mec ! (Rires)

CÔTÉ INDÉPENDANCE

La première fois que… j’ai acheté une voiture

Ma première voiture était une Volkswagen de collection. Je l’ai achetée en 2000 ou 2001 (Keziah a 46 ans aujourd’hui, ndlr). Elle était magnifique. Elle devait avoir 30 ou 40 ans mais le moteur était neuf, il avait 2 ou 3 ans. Un vieux monsieur l’avait dans son garage, mais elle ne roulait pas… Il me l’a vendu 5.000 livres (environ 6.000 €, ndlr), ce qui n’est pas cher pour ce type de voitures.

La première fois que… j’ai quitté le nid familial

J’avais huit ans quand j’ai quitté le Nigeria pour l’Angleterre. Depuis je suis retourné à Lagos (ancienne capitale du Nigéria, NDLR) et j’y ai emménagé depuis trois ans. Cette ville a mauvaise réputation sur le plan de la sécurité, mais d’un point de vue artistique, il s’y passe énormément de choses. Lagos gagne à être connue sur ce plan.

CÔTÉ PREMIER JOB

La première fois que… j’ai pris un job étudiant

Je n’ai jamais travaillé autrement qu’ en jouant de la musique. J’ai toujours tenté de gagner ma vie ainsi.

La première fois que… j’ai eu une paie (et comment je l’ai dépensée)

Je devais avoir 18 ans. Je jouais de la musique dans le métro de Londres. J’étais très content de pouvoir gagner de l’argent avec ma musique. C’est aussi là que j’ai pris conscience que je pouvais gagner ma vie avec. Ma paie ? J’ai dû la dépenser dans des lunettes de soleil et d’autres petits accessoires stupides, sans réelle importance.

Keziah Jones à 18 ans, avec son éternel chapeau et sa guitare… // © DR

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CÔTÉ CARRIÈRE

La première fois que… j’ai eu le déclic pour mon métier

C’était à ce moment-là. J’ai alors pris conscience qu’il ne suffisait pas de jouer de la musique pour qu’on te donne de l’argent. Il faut avoir un look, une attitude qui font que les gens vont s’arrêter et avoir envie de te donner de l’argent. Ça a construit le concept que je développe aujourd’hui.

La première fois que… j’ai eu une guitare

Je ne l’ai pas achetée. C’était une guitare classique espagnole que j’ai empruntée à un copain. Je m’en souviens parfaitement bien. Elle n’avait rien à voir avec celles avec lesquelles je joue aujourd’hui.

La première fois que… j’ai eu une galère pro

Un jour, j’ai laissé tomber ma tournée. Je n’en pouvais plus nerveusement. Je me suis engueulé avec mon bassiste et je me suis barré. J’avais complètement craqué. Mon producteur a perdu de l’argent. J’ai dû aller chez le médecin pour certifier que j’étais malade… J’étais devenu fou. C’était en 1999, sur la tournée « Liquid Sushine ».

La première fois que… j’ai été fier d’une réussite pro

Quand mon premier album « Blufunk is a fact » est sorti. C’était quelque chose !

CÔTÉ #JEDOISBIENLAVOUER

La première fois que… j’ai pris une cuite

Oui, je m’en souviens. J’ai été sacrément malade. J’ai bu et fumé en même temps… J’avais un truc comme 15 ans. C’était juste affreux !