L’hyperphagie, un trouble alimentaire méconnu

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Publié le 05/10/2017 par TRD_import_OcéanePassefort ,
L'hyperphagie, boulimie non vomitive, est un trouble du comportement alimentaire (TCA) méconnu, mais qui est de plus en plus diagnostiqué. Que faire si vous ou un de vos camarades en souffrez ?

Il existe de nombreux troubles du comportement alimentaire. Boulimie, anorexie… L’hyperphagie en est un dont on parle moins car plus difficile à diagnostiquer. Une « boulimie non vomitive », selon le docteur Christophe Bagot, psychiatre à Paris : « L’hyperphagie ressemble à la boulimie car elle implique la prise d’aliments en quantités importantes sur une courte période de temps. Contrairement à la boulimie, l’hyperphagie exclut les stratégies de contrôle du poids que sont les vomissements, la prise de laxatifs ou un régime restrictif ‘efficace’. La prise alimentaire hyperphagique est suivie d’ un sentiment de honte et de culpabilité , amplifié par la surcharge pondérale du patient. Les crises d’hyperphagie surviennent volontiers après les frustrations de la vie quotidienne, ou dans des moments d’ennui et de solitude « .

Cercle vicieux

Les personnes atteintes de troubles du comportement alimentaire (TCA) s’enferment dans un cercle vicieux, dont il est difficile de sortir. Aurélie, 21 ans, est hyperphagique depuis le collège. Son mal être, elle le vivait seule, chez elle. Difficile pour ses amies et ses proches de s’imaginer le calvaire vécu par la jeune femme. « Tout a commencé quand j’étais au collège. Je piquais dans les placards, dans les réserves de chips et autres gâteaux apéro. J’étais poussée par le besoin, voire la nécessité, de manger. Finalement, ces moments sont devenus récurrents et je m’empiffrais à m’en faire mal au ventre presque tous les jours. Vomir ? Hors de question. J’en étais incapable, j’avais peur, je ne voulais pas franchir la barrière de la ‘boulimie’, ce mot effrayant et presque interdit. C’est comme ça que j’ai pris du poids. D’une petite fille normale, je suis devenue une ado en surpoids ».

Cause psychologique

L’hyperphagie a une origine psychologique (dépression, stress, anxiété…). Aurélie a, pendant des années, refusé de se regarder dans un miroir, par peur de l’image qu’elle renvoyait. Une réaction symptôme d’un véritable mal être. « En 4e, je fuyais tous les miroirs, je détestais toutes les photos, du portrait de famille à la photo d’anniversaire entre copines. J’étais persuadée d’être ‘condamnée’ à vivre jusqu’au bout dans ce corps qui me dégoûtait, sans penser qu’il existait une solution. Les mots ‘régimes’ et ‘sport’ étaient associés à la privation et l’effort, qui me rebutaient. J’ai fait des crises d’angoisse dans des magasins… Même chez moi, * *quand je mangeais avec des amis, j’avais toujours l’impression qu’ils jugeaient la quantité ».

Les dangers pour la santé

L’hyperphagie est souvent considérée comme moins grave que l’anorexie ou la boulimie, car elle n’entraîne pas de vomissements, prises de laxatifs ou un fort amaigrissement qui pourrait conduire à une hospitalisation. Mais elle peut se révéler dangereuse. La prise de nourriture en grande quantité entraîne une prise de poids importante et rapide qui conduit au diabète ou à des maladies cardio-vasculaires.

Se tourner vers un professionnel

Pour guérir de l’hyperphagie, il faut prendre conscience de son origine. Se faire aider par des professionnels est primordial. Selon le docteur Bagot : « Il faut une approche collaborative avec différents professionnels de santé. L’aide d’un nutritionniste connaissant les TCA devrait aider à lutter contre les idées fausses que se font les personnes souffrant d’hyperphagie sur l’équilibre alimentaire. Une démarche psychothérapique est souhaitable ainsi qu’un travail sur le rapport aux émotions et un développement de l’affirmation de soi ». Pour Aurélie, il est nécessaire de parler : « Ça peut paraître évident, et pourtant, je sais combien on peut avoir honte… Le soutien, c’est le plus important. Il faut être entouré « . La guérison passe aussi par un changement d’alimentation progressif. Petit à petit, il faut réduire les quantités le matin, puis le midi et enfin le soir. Si vous craquez, sachez que c’est normal ».

Gestes du quotidien

Pour l’aider dans sa guérison, Aurélie applique des petits trucs au quotidien :  » En cas de crises, j’avale des radis ou des tomates cerises. C’est le nutritionniste qui m’a donné cette astuce. En effet, lors d’une crise, on mange tout, dans un laps de temps très court. Les radis sont petits et ronds comme des bonbons, mais peu caloriques. Je remplace aussi les grandes assiettes par des petites assiettes à dessert, ce qui trompe le cerveau, qui voit l’assiette vide. Je bois aussi des infusions et du thé qui coupent mes envies et me remplissent l’estomac. Si vous ne pouvez pas faire chauffer de thé, buvez beaucoup d’eau ».