L’amour made in Erasmus : ça peut durer ?

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Publié le 25/03/2016 par TRD_import_ClémentineDelignières ,
Depuis "L'Auberge espagnole" on sait qu'Erasmus est un grand générateur d'histoires d'amour binationales. Mais qu'est-ce qui fait que ces idylles résistent au temps et aux différences culturelles ?

Célibataires, profitez de l’aubaine ! Rencontres, fêtes et voyages donnent lieu à de nombreux coups de foudre, en Erasmus. Mais attention : passés les premiers émois, l’expérience n’est pas si simple.

Le charme de « l’exotisme » ne dure pas

Julie peut le confirmer. En 2006, en quatrième année de droit, elle s’envole pour Cardiff, au Pays de Galles. Très vite, en soirée, elle craque pour un bel Italien. « Au début, on a rencontré le classique problème de la communication. Aucun des deux ne parlait la langue de l’autre. Mais l’année Erasmus reste facile : on vit en dehors du monde réel, dans une bulle. On faisait passer cette expérience avant notre couple, pour profiter sans trop se poser de questions. »

Une discussion s’impose néanmoins, à la fin du séjour. Là, ils décident de poursuivre leur histoire, malgré la distance, au rythme d’un voyage mensuel Lyon-Turin. Puis, son diplôme en poche, Julie rejoint son copain et ils s’installent ensemble dans la capitale piémontaise. Le tableau idyllique se fissure alors lentement… jusqu’à la séparation, après une relation longue de sept ans.

Si, bien sûr, d’autres considérations entrent en ligne de compte, les différences culturelles ont pesé. Ce n’est pas un mythe : « La famille, par exemple, garde un rôle essentiel en Italie, raconte Julie. Moi, je suis aux antipodes de ce mode de fonctionnement… Ressentir autant l’importance de mes beaux-parents dans notre vie, j’ai trouvé ça assez étouffant ! » Au moment de la rupture, son copain lui a par ailleurs précisé que « l’exotisme s’était envolé ». Il vit à présent avec une Italienne et prévoit de s’installer dans une maison juste à côté du foyer parental.

Passée la découverte amusante des particularités culturelles de l’autre, une histoire d’amour binationale nécessite une bonne dose d’adaptation. Pensez à parler assez vite de votre conception de la vie avec votre partenaire.

Des différences qui pimentent le quotidien

Les difficultés, Cécile et Stefan les ont bien connues aussi. Mais pour le meilleur. Venu d’Allemagne, il la rencontre à la fin de son Erasmus à Sciences po Grenoble… et juste avant qu’elle ne s’envole pour une année d’études au Québec. L’affaire s’annonce d’emblée bien compliquée. Si, au début, le couple n’y croit pas, l’amour fait vite son œuvre. Après quelques semaines, ils décident de rester ensemble malgré tout et planifient leurs retrouvailles futures. Ils souffrent de la distance mais résistent, grâce à de nombreux coups de fil et e-mails, tout en se concentrant sur leurs projets à deux.

Les différences culturelles sont un vrai facteur de rupture une fois la parenthèse Erasmus refermée. // © Coach my Erasmus

L’année suivante, Stefan décide de candidater en France pour un master. Depuis, ils ne se quittent plus. Neuf ans après leur rencontre, ils élèvent ensemble leur petite fille, qui a la double nationalité. Tous deux parlent la langue de l’autre : Cécile a mis un point d’honneur à apprendre l’allemand. « Au début, on n’arrivait tellement pas à se comprendre par téléphone que j’ai dû lui envoyer l’adresse par texto pour notre premier restaurant… Mais sortir avec un étranger, cela pimente le quotidien. Une foule de petits détails rendent la vie moins monotone. Aujourd’hui, si je devais ressortir avec un Français, je pense que je m’ennuierais vite ! »

Tous deux ne regrettent pas les efforts fournis et partagent avec bonheur leurs cultures. Mais s’ils devaient donner un conseil à un jeune couple Erasmus, ce serait de ne pas rester trop longtemps à distance. Et de bien garder en tête que l’amour ne suffit pas : « Il faut aussi apprécier la culture de l’autre. On ne peut pas s’expatrier dix ans uniquement pour sa relation », souligne Stefan. Gare au mal du pays.

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Un coaching pour les couples made in Erasmus

Pour éviter tout faux pas lors de votre histoire, suivez les recommandations de Coach my Erasmus. Un groupe d’étudiants bordelais en master pro image & multimédia a créé ce webdoc dédié à l’amour en Erasmus. Au fil des vidéos, Alex propose de choisir entre deux parcours : « T’es là pour choper ou rencontrer quelqu’un ? » Il poursuit avec des conseils de séduction, à court terme (comme un petit déjeuner à la française pour le premier réveil à deux) ou pour l’avenir (réfléchir à des solutions pour que la flamme entre vous ne s’éteigne jamais). De quoi vous préparer à toute éventualité. Chaque événement du séjour est abordé : la semaine d’intégration, la rupture, le road trip, la présentation aux anciens amis, le retour au pays, etc.

Drôle et dynamique, le webdoc invite à l’aventure. Léa, l’une des coréalisatrices, a rencontré une vingtaine d’étudiants Erasmus avant de se lancer. « Bon nombre d’entre eux partent pour faire la fête et cela facilite les rencontres, explique-t-elle. On laisse tous ses préjugés de côté et on se construit une identité propre. » Derrière la caméra, le petit groupe a pu découvrir les clés de la réussite du couple : beaucoup d’amour, une ouverture d’esprit immense et une écoute plus approfondie pour pallier les problèmes linguistiques.

En 2014, la Commission européenne publiait une enquête affirmant que 27 % des anciens étudiants Erasmus ont rencontré leur conjoint actuel pendant cette expérience. Vous voilà averti.