Jun Mochizuki (Pandora Hearts) : « Le manga permet d’échapper au quotidien »

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Publié le 04/10/2017 par TRD_import_BaptisteLegout ,
Invitée d’honneur de la Japan Expo 2017, Jun Mochizuki, l’auteure de "Pandora Hearts", s’est confiée à l’équipe de Trendy Manga, sur son parcours et sa passion dévorante pour le manga.

Depuis le début de la publication en France de « Pandora Hearts », Jun Michozuki a vendu des centaines de milliers de tomes. Pour parler de sa carrière et évoquer son tout nouveau titre, « Les mémoires de Vanitas », dont l’action se déroule dans un Paris SteamPunk, elle répond aux questions de Trendy Manga.

Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez ouvert un manga ?

Je me rappelle surtout du premier manga qu’on m’a acheté, c’était « Dragon Quest – Les aventures de Daï » (aussi connu sous le nom de « Fly » en France). À l’époque, il y avait plein de Kanji, des caractères que je n’arrivais pas à lire, je me contentais de tourner les pages. Pour moi, c’était déjà quelque chose de très impressionnant.

D’où vous vient votre passion pour le manga ? Vouliez-vous en faire votre métier quand vous étiez enfant ?

Je dessine depuis toujours ! À la crèche, j’avais fait des dessins pour l’album de fin d’année et la maîtresse m’a complimentée et dit que je pourrais devenir mangaka plus tard. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à y penser sérieusement. Mes trois frères et sœurs, plus âgés que moi, lisaient beaucoup de mangas, j’étais donc dans un environnement favorable.

Qu’appréciez-vous tout particulièrement dans le manga ?

C’est un média qui permet de rentrer très facilement dans des univers différents , surtout au Japon où nous avons énormément de choses à notre disposition. Les mangas sont très faciles à lire. Que ce soit des shonens, des shojo ou des seinens, ils permettent d’expérimenter des choses qui n’existent pas dans notre quotidien.

Votre dernier titre, « Les mémoires de Vanitas », a lieu en France. Pourquoi avoir choisi notre pays ?

C’est grâce à l’invitation en France de mon éditeur Ki-oon en 2010. C’était mon premier voyage à l’étranger et il a été si marquant que j’ai décidé d’en faire la scène de ma prochaine histoire.

Est-ce que vos parents vous ont toujours soutenu dans votre passion ?

Je n’ai pas vraiment fait de crise d’adolescence, mais le seul moment où je me suis pris la tête avec mes parents, c’est quand j’ai raté le concours d’entrée à la fac d’art. Je leur ai alors annoncé que je voulais devenir mangaka. La première remarque de ma mère a été : « Mais tu es folle ou quoi ? » J’en ai été très blessée et pendant presque six mois, je n’ai quasiment plus parlé !

Le métier de mangaka est connu pour être très dur. Est-on obligé de passer par la case « assistant  » pour y arriver ?

Je ne pense pas que ce soit obligatoire. Personnellement, je n’ai pas d’expérience d’assistante, et pourtant, je suis devenue mangaka. La vraie et seule façon de devenir mangaka professionnel est de dessiner et dessiner encore , et de montrer ses œuvres à des éditeurs pour avoir des retours qui vous font progresser.

Pouvez-vous nous parler du tout début de votre carrière ?

Au lycée, j’ai gagné un concours pour la maison Square Enix, qui m’a rapidement présenté un éditeur. La première fois que je l’ai rencontré, il a commencé par critiquer mon style de dessin, disant qu’il était vieillot et que les filles n’étaient pas assez « mignonnes ». *

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Jusque-là, j’avais surtout montré mes œuvres à des amies. Pour leur plaire, je me concentrais surtout sur les personnages masculins , et je n’avais jamais tenté de faire des personnages féminins charmants. Pour la première fois, j’ai réalisé qu’il fallait aussi faire attention que les personnages féminins soient attractifs.

Mon éditeur m’a également demandé de faire une œuvre dans le style « hard boiled », le terme anglais pour « roman noir ». C’était la première fois que j’entendais cette expression et j’avais en tête l’image des œufs durs, je ne voyais pas du tout le rapport !

J’en ai donc parlé à une amie qui m’a dit « mais si, tu sais, ce sont ces personnages qui n’arrêtent pas de fumer, qui ont de gros flingues, comme dans ‘Sayuki’ et ‘Cowboy Bebop' ». J’ai donc regardé ces deux animés, mais n’arrivant toujours pas à comprendre, j’ai passé beaucoup de temps à refaire encore et encore mes story-boards pour plaire à mon éditeur.

On dit que le métier de mangaka est très exigeant. Avez-vous dû lutter physiquement pour rendre des planches à temps ?

Dès le début, j’ai fait des nuits blanches. Je devais avoir 19 ans, et je préparais l’histoire courte qui deviendra le prototype de « Pandora Hearts ». J’avais appelé à la rescousse des amies de mon école et nous avions passé la nuit à finaliser mes planches en nous nourrissant de boissons énergétiques.

C’était le début d’une longue série de nuits blanches. Au début, comme j’étais jeune et pleine d’énergie, je me disais : « Oh cool, maintenant je suis une vraie mangaka, je fais des nuits blanches pour mon travail », mais aujourd’hui, je ne recommanderais à personne de faire pareil !