Jeu du foulard, Gladiator, rêve indien… pourquoi tant d’attraits pour les jeux dangereux ?

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Publié le 06/12/2016 par TRD_import_ClaireChédeville ,
Envie de sensations fortes, affirmation de soi, ou désir d'appartenance à un groupe, 10 % des enfants de 7 à 17 ans ont déjà participé à un jeu dangereux. Ces adolescents flirtent avec de graves dangers… souvent sans le savoir.

Le 6 octobre 2016, une collégienne a été grièvement blessée, victime du jeu de l’escalier. En France, un jeune sur dix de 7 à 17 ans a déjà participé à un jeu dangereux selon une étude IPSOS pour l’APEAS, une association de parents et de professionnels contre les jeux dangereux à l’école.

Tandis que certains adolescents pratiquent des sports à sensation qui les boostent, d’autres jeunes tentent d’éprouver des montées d’adrénaline à travers le jeu du foulard, du Gladiator ou encore en participant aux nombreux défis proposés sur les réseaux sociaux.

Mais pourquoi tant de jeunes s’adonnent-ils à ce genre de jeux extrêmes ? À l’adolescence, beaucoup testent leurs limites et veulent se démarquer pour affirmer leur personnalité. Parfois encore, c’est pour faire partie d’un groupe, pour être accepté.

Rechercher des sensations fortes

« Au collège, dans les toilettes, je faisais le jeu du foulard avec une copine », raconte Alexandra*, 18 ans en terminale littéraire. Le jeu du foulard est un « défi » de non oxygénation qui consiste à s’étrangler dans le but de provoquer une suffocation. Une variante appelée « rêve indien » consiste à s’hyperventiler puis à se forcer à une apnée prolongée pour provoquer une syncope. Ces pratiques peuvent avoir des conséquences dramatiques (paralysie ou handicap) voire provoquer la mort. « On ne se rendait pas compte que c’était dangereux, ça nous plaisait parce qu’on avait l’impression de planer avant de s’évanouir. Une fois, j’ai même vu des formes de toutes les couleurs. Mais je ne recommande à personne d’essayer », ajoute la jeune fille.

D’autres, comme Steeven, 28 ans, avaient conscience du danger. « J’avais 14 ans et je savais que c’était risqué. J’arrivais à faire venir le sang dans ma tête en forçant, je devenais tout rouge mais je m’arrêtais toujours avant que ça n’aille trop loin. » Pour Marie-France Le Heuzey, pédopsychiatre, « certains jeunes sont intéressés par les sensations fortes et ils vont avoir envie d’essayer ce type de jeu par curiosité « , souligne la pédopsychiatre.

Affirmer sa personnalité

D’autres ont besoin de se positionner par rapport à un groupe pour s’affirmer et se sentir plus fort. « On jouait à un jeu appelé le « Gladiator ». Une personne shootait dans le ballon et si la balle touchait quelqu’un, celui-ci était désigné pour se faire frapper. Et ce, même sur des personnes qui n’avaient pas décidé de jouer. Très vite, il nous a été interdit de jouer à ce jeu par le personnel de l’école », raconte Jonathan, 17 ans, en bac pro électrotechnique.

Entraînés par la force d’un groupe , les jeunes se mettent à l’épreuve afin de rechercher un rapport de domination. « On était des durs parce qu’on frappait ou parce qu’on résistait aux coups ». Les conséquences de ces violences sont souvent ignorées, « on ressentait l’excitation de donner des coups, même à des gens qu’on ne connaissait pas, sans aucune conscience du danger », concède le jeune homme.

Selon la pédopsychiatre,  » les adolescents manquent parfois de discernement ! Et l’intelligence ne protège pas, ces pratiques concernent aussi bien les bons élèves que les plus dissipés. Les jeunes précoces sont parfois même les plus concernés car ils sont curieux de tout. »

Faire partie d’un groupe

Les adolescents sont souvent à la recherche d’un sentiment d’appartenance à un groupe, en particulier pendant la période du collège. « C’est pour ça qu’ils vont parfois réaliser des défis, dans le but de ne pas perdre la face et de s’intégrer « , explique Marie-France Le Heuzet. « Nous, on jouait à Gladiator non seulement parce qu’on aimait ça, mais aussi parce qu’on était poussé par les uns et les autres. S’il y en avait un qui ne voulait pas le faire, on se moquait de lui« , raconte Jonathan.

Selon une étude du gouvernement : « Jeux dangereux et pratiques violentes« , les adolescents de 13 à 15 ans cherchent à se construire une identité commune, et s’obligent parfois à réaliser ces jeux par manque de confiance en eux.

  • Le prénom a été changé.

Marie-France Le Heuzet est l’auteure de « Jeux dangereux : quand les enfants se mettent en danger » _.

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