Je suis vraiment trop perfectionniste !

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Publié le 13/06/2017 par TRD_import_IsabelleGonse ,
Rechercher la perfection à tout prix peut vous faire perdre beaucoup d’énergie, engendrer une déception permanente et compliquer vos relations avec votre entourage.

« Après un examen, j’ai toujours l’impression de l’avoir raté et je m’étonne d’être finalement bien classé. Rarement satisfait, je perds beaucoup de temps à vérifier et à refaire », reconnaît Gautier, 20 ans, en 2e année en prépa scientifique à Versailles. Idem pour Clémence, 20 ans, qui a décroché son bac S avec mention bien, alors qu’elle craignait de passer le rattrapage.

« Favorisé par la pression scolaire et les filières élitistes, le perfectionnisme est fréquent parmi les jeunes brillants, voire surdoués, mais ils ne sont pas les seuls concernés, raconte Gabrielle Milone, psychologue et coach. Signe d’un manque de confiance en soi et d’une difficulté à lâcher prise , il peut mener à l’épuisement. Comme chez cette étudiante qui préparait l’oral du concours d’infirmière. Voulant anticiper toutes les questions, elle n’en dormait plus la nuit. »

L’esclavage du perfectionnisme

Peur de ne pas être à la hauteur, de décevoir, d’être jugé… « Les perfectionnistes ne se contentent pas de faire ce qui est nécessaire ou demandé, ils font ce qu’exige la culpabilité « , constate Vincent Trybou, psychologue clinicien, dans son livre « Trop perfectionniste ? Manuel pour les accros du détail ».

D’où une perte de temps, d’énergie et beaucoup de stress. Fanny, 19 ans, en première année de DMA en cinéma à l’École Estienne, en est victime dans ses études :  » J’hésite beaucoup et je reviens sans cesse sur des détails. Ayant du mal à choisir entre les différentes techniques de son et d’image, je les essaie toutes pour me rendre compte finalement que je ne pourrai pas tout faire. »

À vouloir trop bien faire, certains tombent dans l’hyperactivité, d’autres dans la procrastination. « Surestimant la tâche à accomplir, ils repoussent sans cesse le moment de se mettre au travail ou se découragent en cours de route », constate Gabrielle Milone. Exigeant avec lui-même, le perfectionniste l’est aussi avec les autres et voit facilement le verre à moitié vide, ce qui ne facilite pas les relations.

L’influence de l’éducation

Nait-on perfectionniste ou le devient-on ?  » Quand les parents sont obsédés par le carnet de notes, l’enfant intègre qu’il doit réussir pour mériter leur approbation, voire leur affection. Il s’efforce d’être un enfant modèle pour éviter de se sentir coupable, au détriment de sa capacité à s’affirmer », explique Vincent Trybou.

C’est le cas de Fanny : « Mon père, très travailleur, est du genre strict et sévère. Pour lui, il fallait être premier de la classe. Aujourd’hui encore, j’ai peur de le décevoir. » Si les parents sont très inquiets ou en souffrance, l’enfant peut aussi chercher à leur faire plaisir à tout prix, quitte à en oublier ses propres désirs et besoins. Des habitudes bien ancrées qui risquent de perdurer. Mais dont on peut heureusement apprendre à se libérer.

Comment devenir… imparfait

Il n’est pas question de se débarrasser de son perfectionnisme du jour au lendemain. Le premier pas, c’est déjà d’en prendre conscience. Puis de mettre en place des stratégies pour sortir de la logique du tout ou rien (raté ou parfait) : établir un programme de travail moins ambitieux et fixer des priorités, fragmenter le travail à accomplir et allouer à chaque tâche un temps maximum, se limiter au nombre de pages demandées pour un devoir… Et apprendre à dire non.

« Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) peuvent aider à renforcer la confiance en soi. L’hypnose, la sophrologie ou la méditation de pleine conscience s’avèrent efficaces pour diminuer l’anxiété par rapport au passé ou au futur « , estime Gabrielle Milone. Et pour finir, trois habitudes qui font du bien : réserver du temps aux loisirs, au plaisir et aux amis, noter chaque soir 5 choses positives de la journée… Et fêter les réussites !

À lire

« Trop perfectionniste ? Manuel pour les accros du détail », Vincent Trybou, Ed. Josette Lyon.

« Y a-t-il des perfectionnistes heureux ? », Monica Ramirez Basco, Ed. de l’Homme.