“Je suis trop timide » : nos antidotes pour mieux gérer

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Publié le 13/04/2017 par TRD_import_MariaPoblete , mis à jour le 28/09/2023
Vous rougissez, vous évitez certains endroits, vous ne levez jamais la main en classe alors que vous connaissez la réponse, vous paniquez à l’idée de prendre la parole en public… Pour que toutes ces manifestations cessent de vous pourrir la vie, soyez patient et… gentil avec vous-même !

« Je suis maladivement timide. Je pense que la plupart des professeurs n’ont jamais entendu le son de ma voix, pas parce que je suis muet mais parce que je n’ose pas ouvrir la bouche en classe ni ailleurs. Je peux faire des détours impressionnants pour ne pas stationner devant le lycée à une heure d’affluence et je peux changer de rame de métro si j’aperçois quelqu’un que je connais de vue et qui pourrait éventuellement venir me parler. Cette timidité maladive ne m’apporte que des complications, que ce soit en termes scolaires ou sociaux, à l’extérieur du lycée. Je passe pour quelqu’un de malpoli, voire insolent, parce que je n’exprime pas les codes sociaux, mais je n’arrive pas à dire aux autres que c’est impossible. Pour moi, c’est compliqué de saluer, regarder dans les yeux, être aimable et avenant. » Léonard, 16 ans, en première S au lycée Édouard-Herriot à Lyon (69), souffre de sa timidité qu’il considère comme un « handicap ».

Il attend avec impatience que ces symptômes s’estompent. « Je transpire, j’ai les mains moites, je rougis, je peux bégayer ou perdre mes moyens à l’oral, poursuit-il. Nous ne sommes pas de grands extravertis dans la famille et je sais que je ne travaillerai pas dans l’animation ! J’aurai une activité qui ne nécessitera pas de relations sociales élaborées, et puis avec l’âge, ça ira mieux. » Bien vu. Léonard a raison : certaines familles sont plus timides que d’autres. Cela passe et il est en bonne voie puisqu’il est conscient de ses problèmes.

« Un enfant peut très bien avoir été à l’aise avec les autres et développer, à l’adolescence, une anxiété sociale , explique Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne et auteur d’Enfant anxieux, enfant peureux (aux éditions Albin Michel). À cet âge-là, le jeune ado recherche justement le réconfort auprès des jeunes de son âge. Cela peut être vécu plus ou moins bien. » La psychologue se veut aussi rassurante : cette phobie sociale est en général surmontée.

N’ayez pas honte

À la fin du lycée, Élise, 20 ans, en hypokhâgne au lycée Thiers à Marseille (13), a « inversé le cours des choses », en tentant de relativiser son problème. « Je prenais mal toutes les petites remarques du style « tu es bien calme » et, dès que j’arrivais à faire quelque chose qui me demandait énormément d’efforts, aussitôt je me disais que ce n’était qu’une pause dans mes problèmes. Bref, je pensais que je ne serais jamais à l’aise et que ma vie sociale serait toujours médiocre. » Un jour, Élise a décidé de ne plus culpabiliser. « Je me suis tournée vers certains enseignants à l’écoute. Ce sont eux qui m’ont tirée vers le haut en me persuadant que je ne devais pas avoir honte, que ma timidité ne devait pas me peser et surtout que les efforts pour lutter contre étaient visibles. »

Elise porte un regard tendre sur l’adolescente qu’elle a été et conseille : « Ne vous laissez pas culpabiliser par les gens qui vous reprochent de ne pas surmonter vos difficultés. Écoutez surtout ceux qui vous encouragent et vous veulent du bien. Soyez indulgent avec vous-même. »

Sautez dans la piscine !

Oui, les timides se battent toujours avec détermination. La preuve par Felicia, 26 ans, journaliste reporter d’images, à Paris. Elle se définit comme « immensément timide ». Dans son école de journalisme, la jeune femme a appris à vaincre sa phobie sociale : « Imaginez une personne mal à l’aise en société voulant travailler sous les feux des projecteurs, à la télévision par exemple. De la pure folie ! J’ai usé et abusé de ce que nous appelons, nous, les grands timides, notre culot. Plus on fait des trucs énormes, plus cela passe. Je n’ai pas peur de me lancer dans des projets ambitieux. Je demande audience auprès de gens que je n’aurais jamais osé approcher auparavant. Je m’étonne moi-même ! » Felicia vous encourage à procéder de la même manière : osez sortir de votre « zone de confort ». Vous verrez que la satisfaction et le bonheur de réussir seront gigantesques.

Cessez de ruminer

Plus vous vous répéterez en boucle que vous êtes nul, que vous n’y arriverez jamais, que vous serez toujours voué à être le meilleur ami de votre chat, chien, poisson rouge, plus ces paroles-là s’imprégneront en vous et… vous finirez par y croire. « Les pensées négatives s’alimentent les unes avec les autres, les gens inquiets interprètent ce qui leur arrive comme des menaces et comme si leurs ressources étaient insuffisantes pour y faire face, note Gillian Butler, psychologue clinicienne et auteur de Surmonter la timidité et la peur des autres, (aux éditions Dunod). Or il suffit de trouver d’autres façons de voir ce qui nous arrive. »

Martin, 17 ans, en terminale L au lycée Victor-Hugo à Paris, a une peur « monstre » de parler en classe. « Quand un professeur m’interroge, je me sens rougir jusqu’aux oreilles. Plus je rougis, plus je deviens cramoisi et je bafouille, c’est absolument horrible. Alors, comme c’est arrivé plein de fois, j’essaie de calmer mon cœur qui bat à toute allure, et je me concentre sur autre chose que cette peur de rougir. Petit à petit, j’apprends à ne plus attacher d’importance à cela, et de toutes façons, personne ne me voit, les professeurs doivent avoir un peu de pitié de moi. Je vois qu’ils essaient de me comprendre. » Étienne a raison : il tente d’inverser le cercle vicieux des pensées négatives. En clair, plus vous vous dites que vous allez rater, plus vous vous mettez en situation de rater (ou d’avoir peur de rougir).

La psychologue Gillian Butler propose, entre autres astuces, de chasser ces pensées en les déconstruisant. Exemple : un jeune pense qu’il a « l’air vraiment bête ». Elle propose une autre façon de voir : « Après tout, cela arrive à tout le monde. Cela ne veut pas dire que je le suis en réalité. » À vous de jouer !

Transformez votre timidité en créativité

Félix, 21 ans, en troisième année de licence d’informatique et mathématique à l’université Paris-Orsay, sentait qu’il était capable de briller dans son domaine : la programmation.

Encouragé par ses enseignants, il a participé à plusieurs compétitions. « J’étais avec des gens avec lesquels je partageais la même passion, dit-il. J’avais des atouts et j’étais remarqué. C’est un peu normal, j’ai passé tellement de temps tout seul sur mes calculs que j’avais de bons réflexes. La machine s’est alors inversée. J’ai pu m’exprimer, on m’a écouté, félicité. Maintenant, c’est super ! À la fac, on m’encourage à continuer dans la recherche. On me propose même de commencer à travailler sur des projets universitaires. Je suis de plus en plus à l’aise parce que je maîtrise mon sujet et que je me donne à fond. »

Timides, jouez aux jeux vidéo !

Mathilde Spriet, auteure de jeux de société, travaille à Gigamic, une entreprise qui les réalise et les commercialise. Les jeux vidéo l’ont guérie de sa timidité. « Les jeux sont des outils qui permettent de nous donner confiance. Au début, on ne se dévoile pas trop parce qu’on est derrière un écran et qu’on ne subit pas le regard de l’autre. Quand on devient bon joueur, on prend de l’assurance. La timidité va souvent de pair avec un manque de confiance en soi. Alors notre regard sur nous-même change. C’est un cap. Ça m’a aidée, le jeu m’a servi de béquille : lorsque je jouais, je ne restais pas enfermée, je faisais des sorties avec les autres. J’étais rassurée parce que je les connaissais un peu et que les sujets de discussion étaient tout trouvés ! »

Johanna Cohen, professeure de théâtre « Assumez votre propos, le jour de l’oral ».

Elle prépare les lycéens et les étudiants aux oraux d’examens.

• Usez de toutes les astuces de relaxation, détente, respirations profondes, visualisations positives (vous allez y arriver !).

• Assumez vos propos. Vous ne risquez rien. Il ne peut rien vous arriver.

• Signez votre posture. Tenez-vous droit. Regardez bien en face, dans les yeux. Cela donne une impression de confiance à l’autre et à soi-même. Ne bougez pas trop la jambe, la main et ne croisez pas les bras, ce serait signe de fermeture.

• Pensez un instant que l’examinateur est là pour révéler tout votre savoir.

Il ne cherche pas à vous saquer. Il est un être humain comme vous.

• Bravo, vous y êtes. Projetez-vous dans la réussite. »

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