Je suis la seule fille de la classe : c’est bien ou ça craint ?

No thumbnail
Publié le 16/01/2015 par TRD_import_OlivierVanCaemerbeke ,
Les cursus d'etudes qui les interessaient etaient trustes par les garçons, et alors ? Cela ne les a pas empechees de s'y lancer. Ont-elles reussi a s'integrer ? Les relations avec les eleves et les profs s'en sont-elles trouve compliquees ? Cela peut-il etre un atout cote debouches ? Retour d'experience de filles qui n'ont pas hesite a oser.

Une seule fille au milieu d’une classe de garçons : facile à vivre ou pas ? // © PlainPicture.

Élodie, 24 ans, est en cinquième année à l’école d’informatique Epitech Paris. Être entourée de garçons, elle connaît ça depuis qu’elle a passé un bac tourné vers l’informatique. Aujourd’hui, alors qu’elle suit ses études en alternance, elle est la seule fille de sa boîte et « pour mon projet de fin d’études, nous sommes 8 et il y a 7 garçons !  » complète-t-elle.

La filière informatique n’a toujours pas la cote chez les filles. « Toutes régions confondues, les écoles Epitech (Paris, Bordeaux, Lille….) en comptent moins de 5 % dans leurs effectifs », explique l’étudiante qui voudrait que cela change. Élodie préside pour cela l’association E-mma, qui aide les filles d’Epitech à réussir leur cursus dans un univers professionnel peu féminisé. « Je vais souvent voir les lycéennes pour leur présenter les métiers de l’informatique que beaucoup associent aux jeux vidéo. Mais le vrai challenge, c’est de casser l’image du geek qui ne sort pas de chez lui, qui n’a aucune vie sociale, etc., image que véhicule le cinéma. »

« Intégrer une filière surfréquentée par les garçons peut intimider »

À l’instar des écoles d’informatique, celles qui forment les ingénieurs restent aussi de beaux îlots masculins… « La faible proportion de filles n’est pas qu’un cliché, confirme Marine, 20 ans, étudiante à l’ESME Sudria Paris. La promo compte 18 filles sur 132 élèves. » C’est lors des salons et les portes ouvertes que Marine a réalisé que la perspective d’intégrer une filière surfréquentée par les garçons intimidait certaines.

 » Elles semblaient avoir l’impression qu’elles ne seraient pas être à la hauteur, comme s’il fallait plus que de bons résultats scolaires pour réussir. À croire qu’il faudrait compenser le fait de ne pas être un homme ! » Mais plutôt que de pointer la faible féminisation des écoles d’ingé, Marine invite à souligner qu’il y a de plus en plus de filles qui s’y épanouissent. « Être ‘le seul homme’ ou ‘la seule femme’ dans un domaine doit plutôt être vu comme un atout. On apporte une nouvelle vision, une nouvelle approche et cette différence ne peut être qu’un enrichissement. « 

« Faire des études au milieu de garçons, c’est génial »

Comme Élodie et Marine, Lara est fière de son choix d’un cursus atypique. Elle a 20 ans et suit une licence pro en maintenance aéronautique à Blagnac (31). « Je partage les bancs avec une autre fille et 26 garçons. Je sais que certaines hésitent à faire des études au milieu de garçons alors que c’est génial ! Les filles entre elles passent leur temps à se chamailler, à se comparer, à se brouiller pour des petits riens. Avec les garçons, l’ambiance est plus saine, on rigole beaucoup et ils sont très solidaires. »

Un constat que ne partage pas totalement Élodie. Si elle s’attendait à devoir faire plus ses preuves que les garçons, elle a été déçue de voir que ces derniers remettaient en cause ses compétences en raison de son genre. « Il y en a toujours un pour penser qu’une fille se saura jamais coder aussi bien qu’eux, pour imaginer que lorsqu’on passe du temps avec un garçon, c’est pour qu’il fasse certains travaux à notre place… »

« Il est plus facile de réussir son cursus avec un peu de caractère »

« L’intégration des filles dans un univers de garçons est généralement plus difficile que l’inverse », assure Clotilde Lemarchant, sociologue. Pour cette maîtresse de conférences à l’université de Caen (14), qui s’est penchée sur cette question chez les élèves du secondaire,  » le poids des représentations de ce que doit être le masculin et le féminin reste très imprégné de clichés, et les filles sont souvent soupçonnées d’incompétences pour ce qui relève des domaines techniques ou scientifiques ». La spécialiste note aussi que l’arrivée des filles dans « leurs filières » est perçue par les garçons comme une concurrence de plus sur le marché de l’emploi.

« Il est plus facile de réussir son cursus avec de la confiance en soi et le sens de la répartie ; bref un peu de caractère », complète Élodie. Une appréciation que confirment les autres filles : une personnalité affirmée aide à s’intégrer… mais aussi à poser des limites. « J’ai un caractère assez fort, reconnaît Lara, mais je ne suis pas pour autant ‘un garçon manqué’, je mets des jupes, je me maquille… En fait, pour s’intégrer il faut être bon public, car ils nous charrient souvent. Ne pas se vexer pour une blague un peu lourde, mais aussi savoir dire ‘stop’ quand ça dérape. » Comme l’explique Élodie, les garçons ne sont pas méchants, mais leur « humour » est parfois limite. « Ils ne se rendent pas compte que nous lancer : ‘Mets un beau décolleté et ta soutenance va bien se passer’ peut blesser. »

« C’est vrai que nous sommes chouchoutées et draguées »

S’ils manquent parfois de finesse, les garçons n’en sont pas moins attentionnés et parfois sensibles au charme de ces dames. « C’est vrai que nous sommes chouchoutées et draguées ! reconnaît Lara. Cela peut être pénible à la longue, mais il faut aussi avouer que c’est flatteur.  » Marine elle aussi a été draguée à son arrivée dans l’école, ce qui n’est plus le cas depuis qu’elle est en couple avec un garçon de l’établissement. « Cela a fait jaser, les gens ont parié sur la durée qu’on tiendrait ensemble, puis ils ont dû se lasser. »

Pour l’étudiante de l’ESME Sudria, être entourée de garçons n’est pas forcément une chance, même pour une célibataire.  » Les hommes parlent autant que les femmes, commentent chaque soirée, chaque rapprochement. Cela rend les relations sentimentales au sein de l’école plus délicates. » De son côté, Élodie a toujours veillé à ne pas mélanger vie privée et études, trop souvent source de problèmes selon elle. Du côté des relations avec leurs profs, les filles assurent qu’elles ne bénéficient d’aucun régime de faveur et s’en félicitent.

« Nous sommes rares, donc recherchées »

Concernant leur avenir professionnel, les filles n’ont pas toutes la même appréciation. S elon Lara, être une fille est un avantage. « Nous sommes rares, donc recherchées ! Notre prof de communication nous a d’ailleurs rappelé de mettre une photo sur notre CV » Constat inverse pour la future ingénieure. « Naturellement, les recruteurs préfèreront investir dans un ingénieur qui ne risque pas de prendre un congé maternité au bout de quelques années. » Mais Marine se veut positive et préfère défendre sa condition de femme comme un atout. « Mes compétences techniques et intellectuelles sont semblables à celles de mes camarades, mais je pense que je pourrai apporter un œil neuf dans ces milieux encore très masculins. »

Enfin pour Élodie l’informaticienne, la rareté sur le marché de l’emploi est un atout… ou pas :  » Certains professionnels ont encore du mal à embaucher une fille. Mais je crois que le monde du travail évolue dans le bon sens, et sans doute même plus vite que les mentalités des filles, qui, trop souvent, n’osent pas ‘faire informatique’. »

Allez les filles, lancez-vous. Vous avez des atouts à faire valoir dans le monde du travail. Vous êtes-vous reconnues dans les témoignages d’Élodie, Lara et Marine ? Vous les enviez ou les plaignez ? Racontez-nous.

À lire aussi sur letudiant.fr :

Ces filières en quête de filles.

Elles ont choisi une filière réputée masculine.

Des femmes qui font des métiers "d’hommes".

Blog "Jeunes diplômées, faites décoller votre carrière".