Je déménage (encore !) : comment m’adapter sans déprimer ?

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Publié le 21/04/2017 par TRD_import_ClaireChédeville ,
Nouvelle ville, nouveau lycée, nouveaux profs, nouveaux potes… Les déménagements fréquents sont autant de changements. Comment faire pour ne pas déprimer et transformer chaque départ en nouvelle aventure ?

« Mon père est militaire dans l’armée de Terre. Il nous arrivait de ne rester que six mois dans une ville avant de repartir « , se souvient Blandine, 25 ans, en formation pour devenir assistante sociale à l’Institut régional de travail social Paris-Île-de-France. Juliette, elle, diplômée d’un master de FLE (Français, langue étrangère), déménage depuis ses premiers pas : « Mes parents tiennent un restaurant. Tous les trois ans environ, ils décident de le vendre et de monter une affaire ailleurs. J’ai donc habité partout en France et même en Outre-mer. » Selon une étude de l’INSEE de 2016, 3 millions de Français, soit 10 % des foyers, déménagent chaque année. Une migration pas toujours évidente pour les adolescents, obligés de suivre leur famille.

Des séparations difficiles

Au début, chaque changement de collège et de lycée était une source d’appréhension pour Blandine : « Je faisais attention à tout, pour que, le jour de la rentrée, les gens m’aiment bien. J’avais toujours peur de faire un faux pas et d’être exclue. » Mais la jeune fille, très souriante, s’intègre facilement et devient vite un membre à part entière d’un groupe d’amis : « C’était ça le plus dur : me séparer des gens que j’aimais, j’enviais un peu les autres qui se connaissaient depuis la maternelle , je ne partageais pas tous ces moments avec eux, j’étais juste de passage.  » Juliette, elle, souffrait moins de la séparation : « Je suis très indépendante, pour moi, c’était surtout une tristesse sur le long terme, je n’ai pas réussi à garder contact avec tout le monde, il y en a beaucoup que je n’ai plus jamais revu. »

Une arrivée en cours d’année

Un élève sur cinq change d’établissement au cours de sa scolarité au collège, selon une étude 2015 de la Depp (Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance). Arriver en milieu d’année dans un nouvel établissement est une des situations les plus difficiles à gérer. Juliette a déménagé à la Réunion en milieu de 3e. L’adaptation fut très difficile, même si elle est bonne élève.

 » Nous étions seulement trois élèves de la métropole dans ma classe, tous les autres étaient Réunionnais , nous étions vraiment exclus et c’est la première fois que j’ai subi une forme de racisme », se souvient Juliette. Les autres élèves parlaient créole entre eux (comme 90 % de la population de l’île) et ne s’adressaient jamais à elle en français. « Au début, je ne comprenais rien, c’était affreux, puis j’ai décidé d’apprendre la langue pour m’intégrer. » Il lui a bien fallu six mois pour prendre ses marques. « J’ai lutté, c’était long, pour repartir moins d’un an et demi après ! Mais j’ai appris à redoubler d’efforts pour à la fois réussir mes études et m’ouvrir aux autres. »

Une capacité d’adaptation importante

« Ces déménagements ont forgé mon caractère. Aujourd’hui, je suis capable de m’adapter à tout le monde et à tous les environnements « , souligne Juliette. Quant à Blandine, ces nombreux départs l’ont également endurcie : « Je suis quelqu’un de très sociable et je me sens partout chez moi , même si je n’ai jamais habité à l’étranger, ce n’est pas quelque chose qui me fait peur ». L’arrivée dans une nouvelle ville étant toujours un peu impressionnante, les deux jeunes femmes ont développé des astuces pour s’intégrer rapidement :  » Je m’inscris tout de suite à une activité sportive , c’est une technique qui marche bien et j’essaie d’organiser des sorties avec les gens que je rencontre « , détaille Juliette. « J’ai l’impression de vivre une nouvelle aventure à chaque fois , donc je reste positive, souriante, et je vais toujours vers les autres. Une fois, dans le métro, j’ai même osé aborder une élève de ma classe que je ne connaissais pas », ajoute Blandine.

Une vie sans racine

« Je ne suis ancrée nulle part, mais je ne me sens pas déracinée pour autant, car je n’ai jamais été enracinée » , résume Juliette. La jeune femme a d’ailleurs choisi le métier de professeur de FLE (français langue étrangère) afin de pouvoir, elle aussi, aller et venir au cours de sa vie d’adulte : « Je pense que j’aurai tout de même un pied à terre pour mes enfants plus tard , mais que j’aurai toujours cette envie de bouger un peu partout comme mes parents. » Même son de cloche pour Blandine. « Bizarrement, la seule ville à laquelle je suis vraiment attachée est Dax , dans les Landes. C’est mon lieu de naissance et pourtant je n’y suis jamais revenue ! Qui sait ? J’y habiterai peut-être un jour… »