J’en peux plus du lycée, comment je fais ?

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Publié le 29/01/2016 par TRD_import_MariaPoblete , Mis à jour le 02/10/2023 par TRD_import_MariaPoblete
L'autorite, la concentration et les revisions, ça fait des annees que ce n'est pas votre truc, mais la, vous commencez serieusement a saturer, au point de vouloir abandonner les cours ! Pas si vite, on garde son calme et on pese les pour et les contre avec des etudiants qui sont deja passes par la.

« J’ai été une enfant scolaire jusqu’en… CE1. Sans blague, ça allait bien même. J’ai appris à lire et à écrire assez facilement, mais dès le CE2, c’est parti en cacahuètes, je ne supportais pas l’autorité des maîtresses qui ne me comprenaient pas. J’ai détesté le collège, je comptais les jours comme une condamnée, emprisonnée !

Au lycée, ce n’était pas mieux, j’ai fait quelques semaines en seconde générale, la catastrophe. J’ai recommencé en hôtellerie en me disant que c’était un enseignement différent : ça n’allait toujours pas ! » Coline, 20 ans, actuellement en première année dans une école de travail social à Paris, est l’élève « ascolaire » par excellence. Elle poursuit : « À 16 ans, j’étais déscolarisée, j’ai intégré un lycée professionnel de la photo, en espérant que ce serait davantage adapté à mon tempérament. Pas vraiment ; j’ai beaucoup séché, j’allais aux cours que j’estimais utiles. Au bout du compte, j’ai quand même eu mon bac… avec mention ! Maintenant, j’apprends un métier que j’adore, éducatrice spécialisée. »

Il a fallu du temps à Coline pour accepter de sauter dans la « piscine » des savoirs. Les pédagogues appellent cela les « risques de l’apprentissage ». Pour accepter d’apprendre, les jeunes doivent se sentir en sécurité. Dans son école de travail social, Coline se sent enfin écoutée, comprise. Avec sa personnalité et ses difficultés.

Faites un petit effort

« Les méthodes d’enseignement sont différentes d’un lycée à un autre, d’un professeur à un autre, explique-t-elle. Moi, c’est à 20 ans que j’ai rencontré des enseignants super et que j’ai découvert une méthode de travail qui me convenait. Cela a changé mon regard sur l’éducation. Maintenant, je suis motivée. Je ne sais pas si je peux dire que je suis devenue une personne scolaire, mais j’accepte de réaliser ce que l’on me demande de faire, je réponds aux attentes. »

Son conseil : passer un contrat avec vous-même. « Faire un effort, même un tout petit, c’est la clé de tout : dans la vie on n’a rien sans rien. L’essentiel est de se dire que le chemin du collège, du lycée a une fin. Oui, il est très long, mais il en vaut la peine. »

Même astuce soufflée par Adrien, 21 ans, actuellement en L1 sciences humaines et sociales à l’université Paris-Est-Créteil. « Au lycée, j’y suis allé progressivement : quand un élève ‘normal’ passait trois heures sur un devoir, moi je tenais vingt minutes, puis je suis passé à quarante-cinq minutes. Je me félicitais de tenir, et, petit à petit, j’y suis arrivé. »

Restez attentif en classe

Francis, 21 ans, étudiant en deuxième année de licence de lettres à Paris 3, s’est, lui aussi, accroché à une lueur d’espoir. « Je ne tenais pas sur ma chaise, raconte-t-il, et je ne faisais pas mes devoirs. Les profs me punissaient, me convoquaient avec ma mère. Ils ne comprenaient pas qu’ayant de l’aide à la maison, je ne réussissais pas. J’ai eu un déclic en première : des matières m’intéressaient. J’écoutais en cours, j’étais plus attentif, et je discutais avec les enseignants. En échangeant avec eux, sur le mode de la conversation, pas de la confrontation, on peut avancer dans la réflexion. »

Avec le recul, Francis ne regrette pas : « Ces difficultés m’ont forgé : c’est quand même mieux d’accepter le système parce qu’il peut apporter beaucoup. Il suffit de trouver un petit intérêt à un propos, et les choses se mettent en place, comme un puzzle. » Il s’estime heureux de pouvoir étudier. Scolaire ? « Disons que je suis devenu universitaire : les horizons sont plus larges. Et je réussis mieux parce que j’aime ce que je fais ! »

Redoublez… de patience

Lila, 21 ans, en troisième année de licence d’arts plastiques à l’université Paris 1, a été sur le point d’abandonner à plusieurs reprises, mais elle a réussi à traverser la « tempête » : « J’étais trop lente à l’école. Il me fallait du temps, je l’ai pris : j’ai raté mon bac à plusieurs reprises. En terminale, je me suis acceptée comme j’étais, c’est-à-dire pas totalement adaptée aux méthodes de travail ‘officielles’. Si je me passionnais pour un sujet en histoire de l’art ou en littérature, je pouvais lire un maximum sur ce thème, comme une obsession…, alors que j’avais des devoirs urgents ! »

Lila a terminé le lycée épuisée, mais heureuse. « J’apprenais autrement, je faisais des parallèles entre les matières. Tout ce qui est à prendre est positif. La culture est immense ; chaque chose vue, entendue, lue sera un élément auquel on pourra se référer un jour. » Elle se plaît à l’université. « Je m’éclate, j’apprécie, c’est un cabinet de curiosités. »

Soignez la présentation

Malgré son parcours chaotique, Lila n’a jamais lâché la tenue de ses cahiers et classeurs. « Je me disais que je marquerais des points malgré tout, et que ce serait plus agréable pour un professeur de lire une copie jolie, propre, nette, même si elle est imparfaite. » C’est aussi l’un des conseils que donne Marie-Joseph Chalvin, pédagogue et auteure d' »Apprendre mieux pour les nuls » (Éditions First) : « Les enseignants sont exigeants, non seulement sur le contenu mais sur la présentation. Parce que ce sont des êtres humains, ils sont parfois fatigués, il ne faut pas les irriter avec des copies mal écrites, brouillons. Un élève, qui formate bien un devoir, sera davantage apprécié, assure-t-elle. Faire un effort sur un travail, c’est vouloir entrer un peu dans le moule, se mettre en bonne situation et envoyer un message d’une certaine réussite. »

Trouvez un but, multipliez les stages

Y arriver, c’était aussi le but de Roman, 22 ans, paysagiste élagueur récemment diplômé. « Je m’ennuyais en classe, je n’y trouvais pas d’intérêt. J’ai passé deux mois en seconde, puis j’ai arrêté et j’ai été réorienté, raconte Roman. Le système scolaire ne me convenait pas ; je voulais être dehors, respirer, faire un travail manuel. » Pas paresseux, il s’est lancé dans plusieurs formations et se dit aujourd’hui « grave content ».

Son conseil : « Faire des stages en entreprise, enquêter sur les métiers et les nombreux cursus, poser des questions aux parents d’amis, aux membres de sa famille ; les possibilités sont infinies. » Pour cela, bien sûr, il est indispensable de « toquer aux portes » : centres d’information et d’orientation, salons de l’Etudiant, associations, adultes référents, etc.

Les diplômes, ces sésames

Les difficultés scolaires peuvent parfois provoquer une réelle phobie de l’école. C’est le cas de Dahia, 25 ans, étudiante à l’Institut régional de travail social Parmentier à Paris. « J’étais tellement à contre-courant que j’en tombais malade, je ne pouvais plus aller en cours, j’étais tétanisée, j’ai démissionné en début de terminale, j’ai décidé d’arrêter le massacre ! » Après quelques années de travail dans l’animation, Dahia a entrepris des études. « Je veux mon diplôme d’éducatrice spécialisée pour avoir ensuite des responsabilités. »

Elle ne regrette pas son parcours « chaotique » et insiste : « En France, sans diplôme, on est coincé, alors peu importe le temps que ça prendra, il faut étudier et se former ! » Les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Le chômage touche particulièrement les moins de 24 ans et, parmi eux, ceux qui ne sont pas ou qui sont peu diplômés », affirme le Haut conseil de l’éducation. Le diplôme reste bien une protection contre le chômage et contre des conditions d’emploi difficiles. À méditer…

« Des profs me promettaient un avenir de caissière »

Angèle Ferreux Maeght, chef d’entreprise, ex-cancre.

« J’étais ascolaire. Je fonctionnais différemment. Je ne répondais pas aux demandes des enseignants. C’était quasiment physique. Rester assise pendant des heures était une horrible perspective. Je ne voyais pas l’intérêt de prendre en notes, recopier, apprendre des théorèmes, réussir un examen. J’avais besoin de réaliser des choses concrètes. Mon grand-père érudit et grand connaisseur de la nature m’enseignait les noms des plantes, des fleurs, des vents et des astres. Je n’étais pas une ado rebelle, je respectais les profs avec lesquels je m’entendais bien. Sauf ceux qui me condamnaient à être nulle, à finir sans emploi.

J’ai souffert bien sûr. Jusqu’à 18 ans, j’avais l’impression d’être bête. Mes parents m’ont toujours soutenue et encouragée. Quand j’avais 3 sur 20 en maths, ils disaient : ‘C’est pas mal, tu fais des efforts.’ Après le bac, j’ai fait le plein d’autres choses : du droit, deux ans de médecine, plein de voyages et des formations en cuisine et alimentation détox. Il y a trois ans, j’ai créé ma société de cuisine service traiteur. Je n’avais pas de business plan, tout au feeling. J’emploie actuellement 12 personnes.

Je veux dire aux jeunes non scolaires de ne pas désespérer. *Nous ne sommes pas bêtes ! Regardez la vie d’un air malicieux, inventez. *Croyez en vous ! »