J’ai ma mère (ou mon père) comme prof : comment gérer ?

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Publié le 14/10/2013 par TRD_import_GuillaumeMollaret ,
Fille ou fils de prof, ça arrive... mais la situation peut paraitre extremement privilegiee ou au contraire terriblement injuste. Comment les parents-profs et les enfants-eleves vivent-ils la situation ? Quel comportement adopter pour eviter de se mettre mutuellement mal a l'aise ? L'Etudiant Trendy s'est penche sur la question.

« C’est ta mère la prof de maths ? » Cette interrogation, mélange de crainte et de surprise, Christelle a dû l’entendre une centaine de fois dans la cour de son lycée de Seine-et-Marne. « Au début, ça m’embêtait un peu. Et quand ceux qui me posaient la question se sont épuisés, on ne m’en a plus jamais reparlé. Disons que ça a été le refrain de la rentrée. »

Plutôt bonne élève de seconde, Christelle a su faire la part des choses face à une situation pour le moins singulière : avoir sa mère en cours. « J’avais eu la possibilité de ne pas l’avoir comme élève en échangeant avec un collègue. Mais je ne l’ai pas fait. Car après en avoir discuté toutes les deux avec Christelle, nous n’y avons pas vu de problème particulier « , précise sa mère.

Madame ou maman ?

En cours, faut-il appeler sa mère « Madame » ? Florent, qui a eu sa maman comme prof de SVT, alors que son papa était aussi prof de physique dans le même collège, en Savoie, avait opéré pour une stratégie de l’évitement afin d’éviter une situation qui aurait pu paraître ridicule aux yeux de certains. « En fait, je prenais assez peu la parole et assez naturellement, je trouvais une tournure de phrase impersonnelle de sorte à ne pas avoir à vouvoyer ma mère en cours. » Parce que ses parents avaient dans l’établissement la réputation d’être de « bons profs », Florent n’a jamais eu à subir les quolibets de ses camarades de classe, ou des classes supérieures.

Ce n’a pas forcément été le cas de Laëtitia qui, elle, a du faire face à des situations diverses. Si au collège, son père avait la réputation “du prof sympa que tout le monde aime bien”, sa mère, prof d’anglais au lycée, avait plutôt une image de prof “pète-sec”. “Ça a été une vraie différence, avoue-t-elle. J’ai eu droit à quelques réflexions de personnes qui n’appréciaient pas ma mère, mais en fait elles venaient toutes de gens que je n’aimais pas. C’était donc facile de faire la part des choses. Je jouais l’ignorance, et ça m’allait assez bien.”

Ne parlez pas trop de la vie de vos parents

Laëtitia avait établi d’elle-même quelques règles avant la rentrée. « C’est vrai que les copains racontaient souvent ce qu’ils faisaient le week-end. Moi aussi, mais j’évitais de parler de mes parents dans des situations qui auraient pu leur porter préjudice, comme lors d’une soirée déguisée ou d’un apéritif, Noël ou les fêtes de famille. Mes parents ne m’ont jamais donné de consigne car ils me faisaient confiance. »

La confiance se révèle un aspect essentiel de cette relation particulière, dans ce petit monde qu’est le lycée. « Tout le monde savait que j’étais la fille de. Ce n’était un secret pour personne. On en jouait d’ailleurs parfois. » Pour la mettre mal à l’aise, au détour d’une traversée de la cour, l’enseignante passait parfois négligemment à côté de sa fille Laëtitia en lui glissant, non sans espièglerie : « Ça va mon chat ? » Prendre du recul sur une situation peu évidente étant semble-t-il une façon de dédramatiser et de normaliser la situation.

Ne soyez pas au courant de tout

Parfois, ce ne sont d’ailleurs pas tant les parents que les amis qui mettent l’élève mal à l’aise, notamment à l’heure des contrôles. Les camarades de classe demandant alors au copain s’il ne peut pas se débrouiller pour savoir s’il y a une interro surprise, ou pour récupérer les questions du contrôle à venir… « J’éludais la question » , raconte Laëtitia. Quant à Florent et Christelle, ils jurent que « jamais, je n’ai été au courant de quoi que ce soit. »

En fait, de l’avis des élèves, ou anciens élèves, interrogés, le plus dur n’a pas forcément été la relation avec leurs parents en cours, mais plutôt celle avec les amis et collègues de leurs parents que l’on tutoie en week-end et qu’on vouvoie en cours. « Je pense que j’étais plus jugée », estime même Laëtitia.

Et côté comportement, cela ne pardonne pas. « Une fois, j’avais fait quelque chose de pas très bien dans l’établissement. Eh bien, j’ai eu droit à une mise au point directe de mon père après les cours, dans la voiture, en rentrant à la maison. Mes parents étaient rapidement au courant du moindre de mes écarts. Ce qui n’était pas le cas pour les autres élèves. « 

Pourtant, si la mère de Christelle devait reprendre sa fille en cours, elle le referait.  » Ça n’a pas été une expérience traumatisante. Je pense ne pas avoir été plus sévère ou moins sévère avec l’élève qu’était ma fille. Au contraire, j’avais, je pense, inconsciemment un souci d’équité plus développé encore. En plus, étant d’un caractère ferme, avec cette classe comme avec les autres, je ne me suis jamais laissée déborder », déclare l’enseignante de mathématiques.

Résistez à une certaine pression

Au rang des expériences peu enviables, le cas le plus éclairant est sans doute celui de Julia qui, dans un collège privé du Gard, eut sa mère comme prof de SVT en 4e. Avec la puberté au programme, il y avait de quoi être mal à l’aise. Si elle n’a entendu qu’une seule fois dans la cour une réaction désobligeante vis-à-vis de son père, qui était également prof au lycée, elle avoue, contrairement à d’autres camarades, qu’elle n’aimerait pas recommencer l’expérience. « Ce n’était peut-être qu’une impression, mais vis-à-vis des autres profs, j’avais le sentiment que j’étais en quelque sorte attendue au tournant, même si j’étais une bonne élève. J’ai eu constamment cette pression de devoir ne pas décevoir. »

Quelque part, cette expérience aurait cantonné Julia dans un rôle de “petite fille sage”, ce qui finalement convenait assez à son caractère d’alors. « J’étais timide et taiseuse… La bulle était douillette et cela m’a surprotégée. Ce n’était peut-être, avec le recul, pas très bon.  » Et la jeune femme d’ajouter en guise de conclusion : « Ça a même retardé ma crise d’ado. »

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