J’ai du mal à m’intégrer

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Publié le 19/05/2018 par TRD_import_MariaPoblete ,
Vous n'arrivez pas à trouver votre place dans votre nouveau lycée, voire au sein de votre classe ? Après une petite introspection et ces quelques conseils, vous verrez que tout ira bien mieux. Place à l’action !

« J’ai passé les années de collège et le début du lycée complètement décalée, à l’écart. J’étais timide mais pas seulement. Je ne savais pas comment me placer, me présenter, parler aux gens de ma classe. À chaque fois que j’arrivais à entrer dans un groupe, j’avais l’impression d’être à côté des sujets de conversation, je me sentais un peu rejetée et je m’excluais moi-même : j’étais malheureuse et vaguement déprimée. »

Du haut de ses 19 ans, Chloé s’est beaucoup interrogée, mais ses difficultés l’ont poussée à aller de l’avant. « J’ai décidé de faire des efforts. L’idée n’était pas de m’intégrer à n’importe quel groupe, mais de choisir les personnes avec lesquelles je voulais vraiment partager des activités, des sorties. À partir du moment où on est bien avec quelques copains, cela suffit. On ne se pose plus de questions, parce que c’est naturel. »

Faites des efforts pour vous ouvrir aux autres

« Au moment de l’adolescence, on se trouve dans un jeu d’équilibriste, à cheval entre plusieurs rôles, parfois contradictoires, entre le respect des parents et des normes éducatives, le cadre et les contraintes, et celles des pairs, le regard d’autrui, l’affirmation et le dépassement de soi, et les limites du possible », rappelle justement Christine Cannard, psychologue clinicienne et auteure du livre « Développement de l’adolescent, à la recherche de son identité » (éd. De Boeck).

Sarah, 16 ans, confirme ce grand écart.  » L’école, les résutats, les groupes dans lesquels on doit aller pour être reconnu, les parents qui s’inquiètent… nous avons trop de pression sur nous, alors nous devenons trop sévères vis-à-vis de nous-mêmes. Franchement, cela m’épuise, alors je me suis renfermée sur moi et ma famille et j’ai du mal à m’intégrer dans ma classe et mon lycée. Je sais que je devrai m’envoler vraiment, pourtant j’en recule le moment… »

Élargissez votre univers

Laurianne, 19 ans, a eu un mal fou à commencer à penser à elle et par elle-même. « Jusque récemment, je ne faisais rien sans mes parents, mes sœurs, ma famille. Je n’arrivais pas à me persuader qu’il fallait que je passe du temps avec des jeunes de mon âge et je ne savais pas comment procéder ! Comme j’ai un petit handicap – je boîte légèrement –, j’ai toujours eu peur du regard des autres. Même si j’ai vécu des rejets à l’école primaire, je n’ai jamais souffert de discrimination par la suite, mais j’avais toujours cette petite musique de film d’angoisse dans la tête, un petit vélo qui tournait sans cesse, une sorte de mal-être… »

« J’ai lu des ouvrages sur la confiance en soi et j’ai réussi à appliquer quelques principes. J’ai fait des efforts, rencontré des gens, lancé des invitations. Je suis allée vers les autres, en prenant un peu de distance avec la famille. Finalement, ce n’était pas si compliqué. Maintenant, j’ai des copains qui m’apprécient telle que je suis, avec mes défauts ! »

Acceptez vos défauts sans les amplifier

Les psychologues suggèrent que, pour s’intégrer et vivre en société, il est recommandé de commencer par… s’accepter. « Au fond, c’est le thème de la confiance en soi, explique la psychiatre Véronique Lacourreye. Peut-être pourrait-on conseiller aux jeunes de se demander s’ils ne sont pas trop exigeants avec eux-mêmes ? Sont-ils trop sensibles à ce que renvoient les autres ? Que cherchent-ils dans l’autre : un miroir, quelque chose qui rassure ? »

C’est en partie à ce questionnement que la Nancéenne Sarah répond : « Je suis angoissée parce que je me compare aux autres filles tout le temps, je ne suis pas assez mince, pas trop sociable… mais je me dis que ce serait bien de m’accepter comme je suis avec mes défauts, mes problèmes et surtout mes qualités… je dois bien en avoir ! » Rassurons Sarah, oui elle en a ! Nous avons tous des ressources et du potentiel ! La perfection ? Cela n’existe pas.

Créez du lien

Louis, 18 ans, a lui aussi dépassé ces freins relationnels.  » Moi, c’est l’humour qui m’a sauvé. Comme j’aime blaguer, j’ai réussi à m’intégrer au lycée à un groupe de garçons drôles et décalés. J’ai découvert des personnes comme moi, scientifiques, proches du professeur Tournesol ! Mais je ne suis pas à leurs crochets non plus, je suis indépendant et c’est ainsi que je veux vivre. » Louis a détecté ses fragilités, il les assume.

Tout comme Tristan, 18 ans : « Au collège, j’étais très proche des profs. Je me sentais quand même assez seul mais j’ai tenu bon. Puis, à 15 ans, je suis parti en internat et là, il m’a fallu fournir un effort pour vivre en collectivité. Je n’ai plus été mis à l’écart parce que j’allais vers les gens qui me ressemblaient. J’ai trouvé des camarades qui avaient souffert de l’exclusion et nous avons créé des liens. Cela m’a réconforté. Je me suis senti plus fort et surtout plus sûr de moi. Maintenant, je vais très bien. »

Petit deviendra grand

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« Passer de l’enfance à l’âge adulte est un travail psychologique d’envergure. *Il faut lâcher prise et trouver ses champs d’individuation propres. Si l’enfant épouse les valeurs parentales sans se poser de questions, à la puberté, tout est chamboulé et remis en question. Le jeune va alors avoir un désir d’ailleurs et répondre à l’injonction qu’on appelle psycho-sociale : ‘Tu vas te séparer de tes parents et tu dois choisir dans quoi tu vas t’engager, quelle femme, quel homme tu auras envie d’être’. Ce mouvement s’accompagne d’un abandon de toutes ses croyances, comme si on lui disait de renoncer à ses vérités pour faire ses expériences. Et pour réussir celles-ci, il doit s’appuyer sur les autres.

Le besoin de reconnaissance de ses pairs est alors important. En étant reconnu, en s’intégrant dans un groupe, il prend confiance en lui. C’est un peu comme s’il passait par cette communauté pour s’identifier, penser qu’il a raison d’être comme eux, avec les mêmes attitudes, les mêmes vêtements, le même vocabulaire. Cette phase de groupe rassure et donne des ailes. C’est au sein de ce groupe qu’il pourra alors assumer ses différences, et sûr de lui, il pourra s’opposer, dire éventuellement qu’il n’est pas d’accord quand c’est le cas. Être lui !

Avoir confiance en soi signifie que l’on est solide, que l’on peut assumer le doute. Quand nous savons qui nous sommes, nous pouvons être remis en cause sans nous sentir ébranlé, disqualifié. C’est cela grandir. Et c’est la vie ! » Véronique Laccourreye, psychiatre à la Fondation santé des étudiants de France (www.fsef.net)