Ils frôlaient le bore-out en cours : comment ils ont vaincu l’ennui

No thumbnail
Publié le 14/01/2014 par TRD_import_MariaPoblete ,

Les affres de la lassitude en cours, Hugo, 17 ans, les a connues. Ce qui l’y plongeait ? Son manque d’intérêt pour la matière. C’est en physique-chimie que le jeune homme, interne en première L au lycée Bignon de Mortagne-au-Perche (61), a le plus bayé aux corneilles. « Plus on avançait dans le programme, plus je perdais pied, plus je m’endormais », dit-il, soulagé d’être entré dans une autre « ère », celle des disciplines littéraires.  » Je ne souhaite cela à personne, j’étais réellement perdu et mal dans ma peau. J’ai galéré et failli redoubler ma seconde. Ce sont ma bonne volonté et mes notes en français et en histoire qui m’ont sauvé. » Son conseil : « Prendre les choses à l’envers et demander de l’aide avant de sombrer. Il y aura toujours un surveillant, un copain, un prof pour nous expliquer. « 

S’efforcer de participer pour ne pas décrocher

Même discours chez la Parisienne Alison, 17 ans, qui passe son bac littéraire par correspondance pour cause d’activités artistiques nombreuses : « Je me suis beaucoup ennuyée en classe, mais j’ai lutté. Quand je ne comprenais pas ou que je sentais monter le désœuvrement, je tâchais de participer, de poser des questions, de faire des commentaires. J’ai toujours tenté d’établir des liens entre ce que les profs nous racontaient et des films, des livres, des souvenirs. » C’est là que s’établit le contact et que peut avoir lieu l’interaction. « C’est appréciable, poursuit Alison, on a l’impression que le prof nous parle à nous, et pas à la masse des élèves, alors on est présents et captivés. »

Être exigeant envers soi-même et… les profs

Son amie Madeleine, 18 ans, en terminale L au lycée Victor-Hugo, partage cet avis. « J’ai dessiné des centaines d’heures en classe, j’ai écrit des textes, j’ai divagué, j’ai bricolé et envoyé des mots à des gens qui étaient dans mon cas, avoue-t-elle. Puis cette année, non. J’ai un nouveau remède contre l’ennui : je veux réussir ! Je suis motivée, je trouve qu’on a de la chance d’étudier, on est gâtés. On est là pour nous, pas pour nos parents, ni nos profs. Aller au lycée, c’est un choix, et la priorité, c’est obtenir le bac et un minimum de culture générale ! »

« L’un des moteurs de la motivation est celle qui vient de nous, qui nous pousse à entreprendre et à vouloir réussir », explique Anne Pesle, coach en orientation. « C’est exactement ça, dit Victor, 17 ans, en terminale S au lycée Condorcet, à Paris. J’accepte d’attendre, je patiente, je cherche à trouver de l’intérêt, quitte à parfois alerter les adultes. » Délégué de sa classe, il a usé de stratégies pour faire passer des messages. « Lorsque mes camarades me disaient qu’ils trouvaient un cours mou ou mal foutu, je prenais mon courage à deux mains et je sollicitais une tierce personne, généralement le prof principal, pour informer l’intéressé. » Philosophe et réaliste, il ajoute : « Je sais bien que nous restons des ados pas toujours hyperconcentrés ni d’excellente bonne volonté, et nous avons nos torts, mais c’est aussi aux profs de nous motiver ! »

Impression de redites ? Mettez le paquet sur ce qui vous plaît

Basile, 17 ans, en terminale ES au lycée Montaigne, à Paris, a du mal à sortir de l’ennui parce qu’il croit tout savoir avant le cours. « J’ai lu pas mal de bouquins en économie et je manie certaines théories intéressantes, alors lorsque la prof d’éco répète pour la dixième fois ce qu’est le capitalisme, je m’évade, je prends ma feuille et je note des idées qui me passent par la tête, dit le jeune homme. Le problème, c’est le rythme, trop long pour moi dans cette matière, qui me prend tout de même cinq heures dans la semaine ! »

Ce que tente d’expliquer Basile, c’est la question de l’hétérogénéité des classes, que ressentent particulièrement les jeunes surdoués. « Ils ont un train d’avance dès le départ. Quand leurs camarades ont besoin d’explications, eux comprennent vite », explique Corinne Drohenlé-Breit, psychologue et auteur de “l’Adolescent surdoué” (éditions De Boeck). La parade ? Miser sur les activités qui vous plaisent pour renouer avec l’envie. Amandine, 16 ans, en première ES au lycée Alphonse-Daudet, à Nîmes (30), se concentre sur les TPE (travaux personnalisés encadrés). « On a travaillé à trois, avec les mêmes centres d’intérêt, le cinéma et les problèmes liés au manque d’eau dans le monde. On lit, on réfléchit, on regarde des documentaires. C’est passionnant ! » s’enthousiasme la jeune fille.

Madeleine, du lycée Victor-Hugo, a remarqué que des thématiques l’ennuyaient moins que d’autres : comme l’étude de certaines œuvres théâtrales. Et quand l’ennui la guette de nouveau, elle a un plan B : « Je m’applique, j’écris très bien, je vais moins vite que d’habitude dans la prise de notes mais je me concentre sur l’écriture. Elle doit être jolie, régulière. Ça me remet dans l’histoire que raconte le prof. »