Harcèlement scolaire : 4 mangas pour dire stop

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Publié le 16/12/2015 par TRD_import_BaptisteLegout ,
Insultes, moqueries et solitude : tel est le triste quotidien de nombreux collegiens et lyceens. Qu'on soit victime ou bourreau, proche ou simple temoin silencieux, le harcelement scolaire nous concerne tous. Trendy vous propose quatre mangas qui parlent avec justesse de ce fleau.

« A Silent Voice » : handicap et harcèlement

« A Silent Voice », tome 1, Yoshitoki Oima, 6,60 €, série en cours aux éditions Ki-oon (cinq tomes parus), série terminée au Japon en 7 tomes.

Sourde de naissance, la petite Shoko est une cible de choix pour ses camarades. Peinant à entendre et à comprendre le monde qui l’entoure malgré son appareil auditif, elle s’attire très facilement l’inimitié des jeunes de son âge. Pour Shoya, un gamin cherchant toujours à se faire remarquer et bien voir de ses amis, tout est bon pour s’en prendre à Shoko. Elle n’entend rien, s’excuse toujours, se comporte bizarrement, chante et parle avec difficultés…

Les moqueries se transforment peu à peu en insultes et les insultes en un harcèlement physique violent et cruel. Seule une plainte de la famille de la jeune fille permet de mettre fin aux brimades qu’elle subit. Pour Shoya, c’est le moment où tout bascule. Désigné comme unique responsable par ses camarades qui, pourtant, s’accommodaient parfaitement de la situation, le pré-ado découvre à son tour la douleur d’être rejeté. Du jour au lendemain, il se retrouve seul avec ses regrets et ses idées suicidaires. Le destin, pourtant, lui fera recroiser la route de Shoko quelques années plus tard. Réussira-t-il à se racheter ?

Puissant et touchant à tous les niveaux, « A Silent Voice » aborde deux thèmes particulièrement durs – le handicap et le harcèlement – avec une sincérité parfois cruelle. Sans faux-semblant, Yoshitoki Oima dénonce à la fois la méchanceté gratuite, mais aussi le silence et l’hypocrisie d’une société à la recherche de boucs émissaires. Les mots sont justes. Le dessin, parfois volontairement tremblotant, est saisissant de vérité. Petit phénomène de l’année 2015, le titre prouve que le manga n’est pas qu’un média de divertissement mais aussi un outil de sensibilisation ayant sa place dans toutes les salles de classe.

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« GTO » : le Great Teacher Onizuka à la rescousse des élèves difficiles

« GTO », tome 1, Tôru Fujisawa, 10,90 €, série terminée aux éditions Pika

en 13 tomes (volumes doubles).

22 ans, puceau et pervers, ancien voyou teint en blond et célibataire. Tel est le profil d’Eikichi Onizuka, un grand ado un peu pommé ne sachant pas quoi faire de sa vie. Le hasard et une folle envie de voir des adolescentes en uniforme tomber amoureuses de lui l’entraînent dans une carrière de professeur d’éducation civique dans un collège privé.

À lui la belle vie ? Rien n’est moins sûr. Son passé turbulent et son manque criant de compétences lui attirent immédiatement l’hostilité de ses pairs. Isolé et conspué, il se retrouve à gérer la 3e4, la classe la plus difficile de son établissement. En froid avec l’autorité, les élèves se sont mis en tête de pousser à la démission chacun de leurs professeurs.

Classique du manga et perle d’humour, « GTO » mérite d’être lu par tous ! Les tentatives désespérées, violentes et grandiloquentes de notre Great Teacher au grand cœur de venir en aide à des adolescents en perdition captivent le lecteur. Sous couvert de l’amuser, « GTO » aborde des thèmes graves touchant la jeunesse, à commencer par le harcèlement. Tentatives de suicides, agressions et mensonges… Chaque sujet est traité avec justesse et intelligence. Bonne nouvelle pour ceux qui en redemandent, le titre propose deux suites tout aussi intéressantes : « GTO Shonan 14 Days », qui nous entraîne à la suite d’Onizuka dans un foyer d’orphelins, et « GTO Paradise Lost », qui voit notre professeur préféré prendre la charge d’une classe de jeunes chanteurs et acteurs en sérieux manque de repères.

« Life » : ijime et scarification

_ »Life », tome 1, Keiko Suenobu, 6,50 €, série terminée aux éditions Kurokawa en 20 tomes. _

Collégienne aux résultats moyens, Ayumu rêve de réussir le concours d’entrée d’un prestigieux lycée avec sa meilleure amie, Shino. Pour atteindre cet objectif, elle travaille dur, très dur… Jusqu’à obtenir un succès inespéré. Seul problème, le jour des résultats, Ayumu découvre qu’elle seule est acceptée, et que Shino a échoué.

Accompagnée d’insultes et de reproches, la séparation la plonge dans une profonde déprime. L’adolescente commence à se scarifier avec une lame de cutter pour se punir de cette situation dont elle se juge responsable. Heureusement, dès les premiers jours de classe, elle rencontrera Manami, une jeune fille dynamique qui l’aidera à voir le bout du tunnel… À moins que son sourire ne soit qu’une façade masquant son véritable visage ?

Shôjo en vingt tomes de Keiko Suenobu, « Life » s’attache à mettre en lumière deux phénomènes graves touchants la jeunesse : l a scarification et le harcèlement, connu sous le terme d’ijime (intimidation) au Japon. Véritable sujet de société, c’est une des causes principales du suicide et du repli sur soi dans la jeunesse nipponne. En cause ? Le manque de structure et l’inaction des adultes, préférant trop souvent fermer les yeux sur des incidents se passant en dehors de leurs salles de classes. En mettant directement en scène une victime en pleine perdition, « Life » sensibilise le lecteur à ce fléau.

« C.L.A.S.S. » : une dictature de l’apparence

“C.L.A.S.S.”, Natsumi Aida, 6,99 €, aux éditions Delcourt Manga.

Que diriez-vous d’intégrer une classe dont les relations sociales sont régies par un système à faire pâlir de jalousie la pire des dictatures ? Placés dans trois groupes selon leur popularité, leur apparence et leurs résultats , les élèves de la 3e2 sont tous sous la coupe d’un seul de leur camarade, Jin, trônant au sommet de cette étrange hiérarchie.

Nouvellement arrivée et choquée par l’injustice que cet environnement produit, Leila fera tout pour le faire voler en éclat. Malgré la justesse de son combat, il restera assez solitaire. Méprisés, rabaissés et exploités par les autres, les élèves du groupe le plus bas refusent de se révolter. Car même cet horrible système leur semble préférable au harcèlement moral et physique dont ils étaient auparavant les victimes.

Assez sympathique, C.L.A.S.S. utilise le procédé de l’exagération pour décrire comment les adolescents peuvent préférer s’enfermer dans une logique de groupe et accepter de se soumettre à la pression sociale plutôt que de se rebeller contre l’injustice.