Harcèlement de rue : 5 conseils pour ne plus être désarmée

No thumbnail
Publié le 18/05/2015 par TRD_import_AudeLorriaux , Mis à jour le 28/09/2023 par TRD_import_AudeLorriaux
Un homme qui vous siffle, un groupe qui vous interpelle sur votre tenue en ajoutant des commentaires degradants, une personne qui vous suit en insistant pour vous parler... Selon une etude du HCEFH (Haut Conseil a l'egalite entre les femmes et les hommes) parue mi-avril, toutes les femmes ont deja ete victimes de harcelement dans les transports en commun. Mais savez-vous comment reagir ?

Bien identifier s’il y a danger… et se protéger le cas échéant

Premier réflexe : il faut identifier si vous êtes en situation de danger, ou non. S’agit-il de quelqu’un de visiblement agressif ou d’un « lourd » qui insiste mais n’est pas dangereux ? « Je ne vais pas avoir la même attitude dans les deux cas, estime Audrey, 23 ans, étudiante en médecine. La priorité quand on est isolé est de se mettre en sécurité. Dans l’autre cas, il faut selon moi dénoncer le comportement du harceleur. »

Rien ne sert de courir en revanche, selon Aminata, 19 ans, étudiante en licence de sciences politiques : « Je pense qu ‘il faut paraître calme. Quand on montre sa peur, c’est là qu’on peut avoir plus de problèmes. Mieux vaut marcher vite, mais normalement. » Pensez aussi à solliciter les personnes autour, en attirant leur attention. « C’est aussi à cause de l’absence de réaction des gens que l’on n’ose pas réagir soi-même », remarque Audrey.

Penser à l’avance à quelques répliques, avoir un scénario

Bien réagir au harcèlement de rue, cela commence par s’y être préparé. Par des lectures d’articles comme celui-ci, mais aussi en réfléchissant à ce que l’on pourrait répondre.

« Il faut avoir un scénario tout prêt dans la tête », affirme Audrey. Qui peut être différent selon chacun : « Pour moi il faut ignorer et continuer son chemin », estime Maleki, 22 ans, étudiante en chimie. « Répondre ? Parfois quand je ne réponds pas, ça se passe de la même manière que quand je réponds », juge cependant Aminata.

« On ne siffle pas » et pas « Toi, ne siffle pas »

Dans les répliques à « prévoir », pensez à ne pas interpeller directement la personne en face, qui pourrait mal réagir si elle se sent attaquée. Mieux vaut des répliques impersonnelles, selon Audrey, et qui décrivent ce qui est en train de se passer. « On ne siffle pas Monsieur, c’est du harcèlement » plutôt que « Arrêtez de siffler ». Idem, préférez dire : « C’est interdit de faire de tels gestes » plutôt que « Vous êtes dégoûtant ». Et évitez le tutoiement.

Dire des phrases absurdes, désarçonner

C’est une technique plus surprenante, mais qui a fait ses preuves, selon Audrey, qui s’inspire de lectures du « Projet Crocodiles », une bande dessinée dénonçant le harcèlement. Un « relou » vous demande de coucher avec lui ? Répondez-lui par exemple : « La nuit tous les chats sont gris. » Le temps qu’il comprenne et s’interroge, vous serez déjà partie ! Ou bien demandez-lui combien de victimes par jour il fait, en sortant un carnet et en faisant mine de noter. Évidemment, ce n’est pas le genre de répliques auxquelles il s’attend !

Feinter : faire semblant d’être au téléphone

C’est une technique plus classique mais qui a marché pour Audrey : faire semblant de recevoir un appel et prétendre que la personne qui vous appelle va arriver. « Ah, tu arrives, super on se retrouve dans deux minutes ». Et si vous êtes en danger manifeste, composez (vraiment) le numéro de la police (le 17), en disant bien fort : « Allô, la police ? »

Enfin, ne gardez pas pour vous-même ce qui vous est arrivé : parlez-en autour de vous. Aminata avait ainsi gardé secret un épisode où un homme l’avait suivi et où elle avait dû sortir deux stations de métro plus tôt pour le semer. Puis « tout est sorti » plusieurs semaines plus tard, créant une énorme émotion chez elle. Le harcèlement, par petites touches, peut vous fragiliser si vous n’en parlez pas. Et comme le dit Aminata : « Ce n’est pas anodin et c’est important de s’en rendre compte. »